Législatives : le grand-remplacement de LR par LREM, c’est maintenant !

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Entre les défections vers LREM et les députés sortants qui n’assument pas le logo du parti (merci Pécresse !), Les Républicains se lancent dans une campagne électorale qui sent bon la débâcle.

« Emmanuel Macron est la supercherie qui a permis de remettre Francois Hollande au pouvoir. » Voici ce que disait le député LR Robin Réda, le 19 avril 2017, sur l’antenne de France Bleu Paris. Cinq ans plus tard, on le retrouve investi par Renaissance (le doux nom de LREM pour ces élections) – alors qu’il tractait le matin même pour Les Républicains. Désormais, Robin Réda se dit honoré par la confiance du président de la République et entend mener le combat « face à la gauche fourvoyée par le mélenchonisme ».

 

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Après le ralliement d’Éric Woerth cet hiver, les députés Constance Le Grip et Marine Brenier ont également franchi la porte de la Macronie. Le JDD annonce que Damien Abad, Nicolas Forissier, Julien Dive ou encore Éric Diard pourraient s’ajouter à la liste. Il en faut plus pour que le patron de LR perde ses moyens. Christian Jacob l’assure : les défections seront moins nombreuses qu’en 2017. Et de se faire très ferme : « La règle est clair, il n’y a pas de double appartenance possible. À partir du moment où on est investi par la majorité présidentielle, on n’appartient plus aux Républicains ».

C’est que LR ne parvient plus à se démarquer du projet présidentiel. Ainsi, pour Gilles Richard, historien spécialiste des droites, la situation dans laquelle ils se trouvent n’est pas une surprise. C’est la suite d’un processus amorcé en 2017 : « Les juppéistes sont passés à l’époque chez Emmanuel Macron avec la nomination d’Édouard Philippe à Matignon, puis celle d’Alain Juppé au Conseil constitutionnel, nous confie-t-il. Et dès lors, Valérie Pécresse subit un problème d’identité car c’est aussi une juppéiste, elle pourrait très bien être Première ministre de Macron. »

Mais même parmi ceux qui restent, la situation devient intenable. Un collaborateur parlementaire nous confie que la plupart de son réseau se présente comme « divers droite » alors même qu’ils ont reçu l’investiture du parti. Localement, les députés sortants n’assument pas d’hériter du score de Valérie Pecresse à la présidentielle – 4,78% des suffrages, soit « le pire score de l’histoire de la droite de gouvernement à un scrutin national tous scrutins nationaux confondus et… toutes Républiques confondues », déplorait le JDD après le premier tour.

LR, grand-remplacé par LREM

À cette heure, les premiers sondages estiment entre 20 et 60 sièges de députés revenant à LR – un niveau historiquement bas. Ce qui n’est pas sans rappeler ce qu’a vécu la gauche en 2017. Pour comprendre cette crise, deux événements dans les années 2000 sont à regarder de près, rapporte Gilles Richard. D’abord, la fondation de l’UMP en 2002 : « Alain Juppé a mené la fusion du RPR, le parti de la droite gaulliste, avec l’UDF, le parti giscardien. L’UMP regroupait alors tous les libéraux. Et l’idée de Juppé – avant d’être déclaré inéligible en 2004 – était d’associer les socialistes strauss-kahniens dans le parti ». Puis, en 2005, Nicolas Sarkozy a décidé d’élargir le parti vers la droite nationaliste, pour aller chercher les voix de l’extrême droite : « Le parti est donc à ce moment-là scindé entre les libéraux et les nationalistes ».

Finalement, le projet juppéiste s’est dilué dans LREM et le projet sarkozyste peine dorénavant à structurer Les Républicains, dès lors que Nicolas Sarkozy lui-même ne cache plus son soutien à Emmanuel Macron.

Invité sur France Inter le 5 mai dernier, Christian Jacob sort la dernière carte qui lui reste en mains, l’ancrage territorial des Républicains : « 60% des exécutifs des collectivités territoriales sont détenus par notre parti. Personne ne peut revendiquer un tel ancrage ». Certes, mais selon Gilles Richard, l’objectif d’Emmanuel Macron est justement d’aspirer ce fameux ancrage territorial : « Le parti présidentiel aura probablement bientôt avec lui les grandes mairies de droite », affirme l’historien.

L’avenir de LR tient donc désormais entre les mains d’une charte moral pour la clarté. Cette dernière demande aux candidats investis de s’engager à ne pas porter le projet présidentiel et à siéger ensuite au sein du groupe LR à l’Assemblée nationale. Mais Christian Jacob assure que tout va bien !

 

Clément Gros

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