Borne au pays des Bisounours
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« L’heure est grave ». De quoi parle-t-on ? De l’été qui sera chaud ? De la biodiversité qui meurt ? De l’eau qui manque ? Des civils qui meurent en Ukraine et au Yémen ? De ces millions de Français qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ? Des mal logés ? De ceux qui reviennent chaque jour, chaque semaine chercher leur colis alimentaire ? L’heure est grave. C’est la Première ministre qui le dit. Mais la raison de la gravité du moment n’est pas celle que vous croyez. La Première ministre voit dans l’expression des parlementaires, ceux de l’opposition, la gravité du moment. Elle est fâchée la Première ministre. L’heure est grave parce que ses plans tombent à l’eau. Le doux rêve d’une majorité de projet a été mis en échec hier soir. Le monde fantasmé d’Elisabeth Borne, celui de la raison et du bon sens, a pris l’eau. Obligée de redescendre de son petit nuage. Celui des Bisounours où l’on se fait des bisous partout. Des gentils, des tout doux, des géants, des tout fous. Finis les bisous. Borne découvre la politique. Et la vie parlementaire. La vraie.
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Hier, mardi 12 juillet, les parlementaires ont adopté un amendement sur le pass sanitaire contre l’avis du gouvernement qui voulait le rétablir pour les voyageurs extra-hexagonaux de plus de 12 ans. Avec les voix de la NUPES, des Républicains et du Rassemblement national, le seuil a été relevé à 18 ans. L’heure est grave, donc. Non, l’heure est au débat parlementaire. La Macronie n’a pas manqué de relever que la gauche et l’extrême droite avaient uni leurs voix pour adopter cet amendement qui vise à « empêcher tout contrôle aux frontières face au virus », justifie l’hôte de Matignon. Elle dit à présent vouloir compter sur « l’esprit de responsabilité du Sénat », lorsque le texte y sera présenté. Le Sénat, vous savez, ce joli monde où l’on se fait des bisous partout. Des gentils, des tout doux, des géants, des tout fous. Le Sénat est à droite. Et la droite a voté pour cet amendement à l’Assemblée nationale. Madame rêve.
Et en attendant, Borne continue son travail de sape d’une gauche unie en la mettant dos à dos avec l’extrême droite feignant d’oublier que ce sont ses députés – les siens – qui ont permis d’élire deux vice-présidents de l’Assemblée nationale membre du Rassemblement national. Que c’est donc à elle et ses amis que l’on doit cette image glaçante, une première dans l’histoire de la République, celle d’un fasciste assis sur le perchoir.
Donc l’heure est grave, oui. Mais pas pour les raisons exprimées hier soir par la Première ministre. Parce que l’extrême droite est aux portes du pouvoir. Parce que plus d’un million d’espèces végétales et animales sur huit est menacé d’extinction. Enfin, parce que la France compte près de 10 millions de pauvres. Un de plus depuis la crise sanitaire. Donc l’heure est grave, oui mais Borne regarde ailleurs. Voilà. L’heure est pour moi de vous laisser avec ça, en vous faisant des bisous gentils, des bisous tout doux, des géants, des tout fous.