Abad trip pour les femmes

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Qu’il est souriant. À en croire ses photos postées hier sur Twitter, le ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, Damien Abad, à l’air heureux. Heureux d’être là. Heureux d’être ministre. Heureux d’en être. Heureux d’inaugurer un nouveau centre hospitalier, Ehpad, dans l’Ain. Pour « offrir de meilleures conditions de vie des personnes âgées et des professionnels », assure-t-il. Qu’il est heureux Damien Abad. Au moins en apparence. Parce qu’au même moment hier, Mediapart annonçait qu’une plainte pour tentative de viol avait été déposée contre lui au parquet de Paris. Une plainte qui fait suite à deux autres plaintes pour viol, l’une en 2012, l’autre en 2017, qui ont été classées sans suite pour « carence de la plaignante » et « faute d’infraction suffisamment caractérisée », selon les termes de la justice.

 

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Trois femmes accusent. Trois femmes témoignent. Et pour au moins deux de ces accusations, l’Élysée savait. L’Élysée savait mais a quand même fait le choix de l’ex-Républicain pour entrer au gouvernement. Ça fait tâche. Un président qui a fait de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles une priorité de son quinquennat ne devrait pas faire ça. Ça fait tâche. Sa première ministre, Elisabeth Borne, avait voulu se démarquer de ses prédécesseurs sur ces questions de violences sexuelles. Découvrant les révélations de Mediapart elle avait conseillé aux femmes de porter plainte. Les arguments de langage avaient largement tourné et la Macronie n’a eu de cesse d’exiger de ces femmes qu’elles déposent plainte – sans jamais tenir compte de ce que cela implique.

Mais surtout, Élisabeth Borne l’avait assuré : « S’il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, on en tirera toutes les conséquences », avait-elle déclaré. C’est ainsi fait. L’une de ces femmes, une ex-élue centriste a finalement décidé de déposer plainte hier. Alors on aurait pu imaginer que les conséquences auraient été tirées sans attendre par la cheffe du gouvernement. Peut-être même par le principal intéressé. Une démission aurait pu changer la donne. Il n’en est rien et aucune donne n’a changé pour ces femmes. Pour les victimes plus largement. La seule réponse qui viendra au cours de la journée d’hier résonnera comme une provocation pour toutes les femmes victimes de violences sexuelles : Abad a demandé à ses avocats de déposer une plainte en dénonciation calomnieuse. Une tentative d’intimidation que n’a pas manqué de souligner l’avocate de la plaignante.

Élisabeth Borne, deuxième femme à Matignon en plus de trente ans, est à la tête d’un gouvernement dont trois de ses membres sont accusés de viol, agression et harcèlement sexuels. Il faut que tout change pour que rien ne change. À quoi bon avoir une femme à la tête du gouvernement ? Emmanuel Macron veut un gouvernement de coalition ? Il y a fort à parier qu’aux côtés de Darmanin, Abad et Zacharopoulou, DSK, Tron, Hulot, Baupin et Placé seraient ravis d’en être.

 

Pierre Jacquemain

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