Alliance LR-RN : un projet raciste, de droite, mais surtout raciste

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Le parti de Marine Le Pen a toujours été de droite. L’alliance avec certains LR le rappelle. Mais cette clarification notamment sur la question des retraites sera-t-elle de nature à déstabiliser son électorat populaire ?

Ultime symptôme de la crise politique initiée par Emmanuel Macron en 2017 qui a fini de mettre par terre le clivage gauche-droite, le président des Républicains Eric Ciotti a décidé de pactiser avec l’extrême droite. Cela a provoqué de profondes querelles internes (avec des rebondissements dignes de la série Dallas) sur fond de débats statutaires du parti. 

Dans le même temps, Marion Maréchal et quelques uns de ses camarades de Reconquête ont aussi annoncé se rapprocher du Rassemblement national mais en laissant sur le carreau la personnalité centrale de leur parti, Eric Zemmour jugé trop infréquentable et diabolisé : il fallait le faire !

Cette recomposition des droites extrêmes permet au reste du champ politique, notamment la gauche, de pointer du doigt l’incohérence sur certains points, à l’instar d’une question qui a été centrale depuis deux ans, celle de la retraite. En 2023, le RN s’était opposé à la contre-réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron et le gouvernement d’Elisabeth Borne. A l’époque déjà, on n’avait pas très bien compris s’ils étaient pour un âge de départ à 60 ou 62 ans, mais ils avaient exclu une augmentation de celui-ci. Cette semaine, dans la foulée de son accord avec le représentant des LR, Jordan Bardella annonce qu’il ne reviendra pas sur cette réforme, entérinant les deux années supplémentaires de travail voulues par les macronistes. On rappelle qu’Eric Ciotti avait pesé de tout son poids pour que les députés LR ne s’oppose pas à la réforme macroniste et ne votent pas la motion de censure du groupe LIOT . Cohérent avec le faite que pour LR, la bonne réforme serait que l’on parte en retraite à 65 voire 67 ans.

On en va pas manquer d’exploiter cette clarification, et la gauche va pilonner. Les électeurs RN sont-ils susceptibles de revoir leur vote ? Sans doute pas, hélas. L’extrême droite a un programme de droite que ses électeurs ont parfaitement intégré : l’augmentation des salaires envisagée par le RN se ferait par la baisse des cotisations des entreprises. Il s’agit en fait de diminuer le salaire indirect pour valoriser le salaire direct. Affaiblir les protections sociales de tous et toutes au bénéfice de protections de chacun doit donc se construire. Assurance-chômage, maladie, retraite seront gravement affaiblis. Le problème est que l’idée du commun et de la solidarité est attaquée par l’idéologie d’extrême droite. Et ceux qui votent RN le partagent souvent pour avoir expérimenté leur solitude ou la médiocrité des réponses apportées (peu de protection face au chômage, petites retraites…).

Le problème du vote à l’extrême droite est profond : il articule les peurs civilisationnelles (souvent fantasmées) et le rejet d’une mondialisation capitaliste à un projet de fermeture et d’ordre. Au fond, personne ne sait trop citer une mesure en particulier ou une mesure-symbole de l’extrême droite. Mais tout le monde entrevoit très bien son dessein pour la France. Il faut s’y attaquer. Le Front populaire nouvellement constitué doit rendre désirable, concret, pertinent et efficace son projet d’égalité, de justice et de liberté.

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