Au PS, toujours cette envie d’y croire encore…

La lettre du 17 octobre 📨
En retombant dans le piège tendu par le pouvoir, le PS fragilise l’unité de la gauche. Au risque d’apparaître comme l’alibi de la Macronie…
C’est un scénario déjà vu. Et pourtant, le Parti socialiste veut y croire. Pour la deuxième fois en dix mois, la direction du PS accorde sa confiance aux promesses du premier ministre. Après François Bayrou, qui leur avait promis le retour devant le Parlement de la réforme des retraites, les socialistes créditent Sébastien Lecornu de les avoir entendus. On ne sait si hier il y eut duperie ou blocage. Et qu’en sera-t-il demain ?
Manifestement, le PS croit encore aux paroles d’un pouvoir revenu à la raison démocratique quand depuis huit ans il n’a cessé de mépriser le Parlement, d’ignorer la démocratie sociale et de détruire les partis. On oublie trop souvent que ceux qui se veulent le centre ont besoin pour exister de la zizanie. Après le refus de la confiance au gouvernement Bayrou, la nomination du même gouvernement piloté par Lecornu I qui Lecornu II pouvait constituer un motif de censure. Une gifle démocratique.
Mais le plus pervers est ailleurs. Le pouvoir inclurait la suspension de la réforme des retraites dans le PLFSS, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Redoutable : pour faire reculer le gouvernement sur les retraites, les députés socialistes devront voter un texte qu’ils jugent eux-mêmes « plein d’horreurs ».
Pour peser, le PS devrait avaler ce qu’il entend combattre. Dans ce vote du budget, qui sépare la majorité de l’opposition, le PS risque de se retrouver, de facto, dans la majorité présidentielle. Pour quelle justification ? Une idée aussi naïve que vaniteuse : selon la direction du PS, les débats budgétaires permettraient de « révéler le vrai visage du RN » par le jeu des amendements et des prises de parole. Comme si les électeurs votaient RN à l’insu de leur plein gré. Le « pédagogisme parlementaire » ne fera pas barrage à l’extrême droite.
Le seul barrage, c’est l’alternative de gauche, crédible. Et en politique, la crédibilité, c’est la force de rassembler sur un projet global ancré dans les luttes sociales et écologiques. L’alternative au macronisme ne se reconstruira pas sur le dialogue… avec le macronisme.
🔴 BELLIQUEUX DU JOUR
L’Europe se prépare à la guerre…

Sous couvert de « souveraineté stratégique », Bruxelles accélère son virage militariste. Cinq ans : c’est le délai que l’Union européenne se donne pour « réarmer », c’est-à-dire pour faire de la guerre une hypothèse non plus à éviter, mais à organiser. Derrière les mots de « capacité » et de « coopération industrielle » se profile un saut idéologique : celui d’un continent qui, au lieu de s’arracher à la logique des blocs, choisit d’y plonger. En intégrant l’Ukraine à son appareil productif, en coordonnant les budgets militaires, en plaçant l’industrie d’armement au cœur de son projet politique, l’UE acte que la paix n’est plus son horizon mais son alibi. Car on ne se prépare pas à la guerre pour l’empêcher, mais pour la rendre possible.
P.P.-V.
ON VOUS RECOMMANDE…

Le « Portail des médias indépendants » de nos confrères de Basta ! Le site, fondé en 2015, fait peau neuve et s’offre une nouvelle vie plus riche et plus dense. Pensé pour contrer les entraves des algorithmes des GAFAM, ce portail agrège les contenus de 250 médias indépendants français et étrangers (dont Regards !) pour offrir aux lecteurs une information engagée en accès libre. On s’y précipite !
C’EST CADEAU 🎁🎁🎁
ÇA SE PASSE SUR REGARDS.FR
Pour recevoir cette newsletter quotidiennement (et gratuitement) dans votre boîte mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !