Un gouvernement fantôme, une société en colère

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Lecornu n’a pas de gouvernement, Macron plus de majorité et la France plus d’illusions. L’attente creuse alimente une exaspération sociale profonde. La censure n’est plus une hypothèse : seulement une question de calendrier.

Jeudi 2 octobre. Voilà trois semaines que Sébastien Lecornu a été nommé Premier ministre. Et toujours pas de gouvernement. Le plus surprenant, c’est que cette vacance du pouvoir n’émeut personne. Comme si, au total, l’absence d’exécutif valait mieux que sa présence. Comme si la politique officielle avait perdu jusqu’à sa capacité à intéresser.


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Car qu’aurait-on à attendre de ce gouvernement fantôme ? Que Lecornu annonce à la va-vite quelques mesures symboliques ? Il l’a déjà fait dans des interviews : une attaque contre l’Aide médicale d’État pour satisfaire l’obsession xénophobe, un mini rattrapage accordé aux femmes pour corriger les inégalités face à la retraite… mais qui ne rééquilibre nullement les effets de la réforme Touraine puis Borne. Rien qui ne puisse faire oublier la réalité : la France vit dans une attente creuse, tandis que la colère sociale s’accumule.

Dans ce climat, selon les sondages, une majorité de Français poussent à la censure. À gauche, des socialistes aux insoumis, la ligne est claire : il faut renverser ce pouvoir usé, illégitime, incapable de gouverner. À l’extrême droite, l’hésitation est plus grande. Le Rassemblement national craint toujours qu’un vote de censure ne vienne écorner sa stratégie de « respectabilité ». Stratégie hier encore conforté par le retour de deux députés RN au bureau de l’Assemblée nationale, élus grâce aux voix du bloc central. Pourtant, dans les rangs frontistes, la pression monte. Eux aussi veulent en finir avec l’ère Macron et ses premiers ministres, pour mieux préparer la suite : leur rêve de gros gains de députés, leur réforme des conditions d’inéligibilité permettant à Marine Le Pen d’être candidate à la présidentielle… 

La question n’est donc pas « si » la censure tombera, mais « quand » ?

Pendant que la mascarade institutionnelle se poursuit, le front syndical, lui, tient bon. En ce jour de mobilisation, probablement en dessous de la précédente, ce n’est pas la jauge d’un cortège qui dira la profondeur de l’exaspération. La sourde oreille du pouvoir depuis des années aux demandes syndicales, aux mobilisations de la rue rend difficile les mobilisations à répétitions qui coutent chères à la fin du mois. Mais casser le thermomètre, ne pas tenir compte de la démocratie sociale a aussi un prix. Politique, on le sait. Sur le moral aussi. On ne peut pas imaginer mobiliser les énergies et les intelligences par le mépris. Faire avec les forces sociales devient un enjeu immédiat pour qu’un nouveau souffle relance notre pays. 

À cette heure, le vrai vide n’est pas dans la rue. Il est à Matignon.

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1 commentaire

  1. Lucien Matron le 3 octobre 2025 à 13:11

    Lecornu va battre le record de durée pour la constitution de son gouvernement…Mais honnêtement, il n’y a rien à attendre du prochain gouvernement. Les «  poids lourds » du gouvernement Bayrou seront reconduits, la politique antisociale de Macron sera poursuivie. Les grandes magouilles avec le Rassemblement National vont s’amplifier. Pendant ce temps, la colère des salariés se poursuit, les désillusions persistent, Le Pen et Bardella se préparent…La solution n’est donc ni au centre, ni à droite , ni à l’extrême droite. Le gouvernement Lecornu terminera au rebus comme ceux de Barnier et de Bayrou. Les milliardaires, le Medef, la FNSEA, les médias Bollorê, les macronistes, les souverainistes et quelques socio démocrates nous expliqueront que la seule alternative possible est le RN. Il ne s’agit pas de se résigner mais de se mobiliser et d’agir pour une vraie rupture sociale, environnementale et démocratique. La lutte doit se poursuivre.

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