Le PS n’a rien appris, LFI en embuscade

8009580

La lettre du 9 septembre 📨

par Pablo Pillaud-Vivien

Conjuguée à la défiance sociale, la chute de François Bayrou ouvre une crise politique majeure. Pour Jean-Luc Mélenchon, elle représente un « triomphe du peuple », conséquence immédiate de la mobilisation sociale. Au Parti socialiste, l’heure est à la recherche d’une solution institutionnelle.

Hier, Olivier Faure s’est à nouveau déclaré prêt à devenir premier ministre. Ce matin sur France Inter, il réservait sa réponse sur la censure d’un nouveau gouvernement macroniste. Les socialistes sont pris entre la volonté de gouverner et leur refus du saut dans le vide. Le PS paye de n’avoir pas fait son aggiornamento et semble comme empêché intellectuellement. Ils continuent de valider les présupposés des années Hollande-Macron et n’osent toujours pas penser en dehors du cadre.

Certes, les socialistes veulent davantage de justice fiscale mais valident le cap des 3% de déficit au détriment d’une réflexion sur les investissements nécessaires pour les services publics, la transition écologique et l’égalité des territoires. Ils lient augmentation des salaires au « poids du coût du travail » en proposant la baisse de la CSG. Ils alimentent le discours ambiant sur l’État obèse. Hier, sur France Info, Romain Eskenazi, porte-parole du PS, assumait la non-censure du budget Bayrou au nom des « deux pages de mesures » arrachées. La disproportion dit tout de la faiblesse de l’analyse sur ces neuf derniers mois. 

Olivier Faure mesure le danger qu’il résulterait d’un nouvel échec de la gauche au pouvoir. Il redoute également toute idée d’alliance avec la Macronie, voyant que cette confusion, tournant à la collusion, ouvrirait un boulevard au RN. Mais il ne sait résoudre le terrible paradoxe, faute d’un parti uni et d’une alliance solide avec ses partenaires sur un projet à la hauteur de l’époque.

Jean-Luc Mélenchon a prévenu : pas question de soutenir une « grande coalition » avec les macronistes, pas question d’accompagner un programme d’austérité, fût-il en solde. Le PS se projette à Matignon sans les insoumis. Mais il se heurte à un mur politique : La France insoumise est aujourd’hui la force la plus dynamique à gauche. Aucun gouvernement progressiste ne peut se permettre de l’avoir contre lui, sauf à se déporter franchement à droite et à décevoir. Si Olivier Faure choisit cette voie, il trouvera face à lui l’opposition frontale des insoumis et de bien de ceux qui vont « tout bloquer » demain, avec deux conséquences certaines : un affaiblissement de la gauche dans son ensemble et, plus encore, un affaiblissement du PS lui-même.

Les insoumis font le pari de s’appuyer sur le peuple et de provoquer un retour aux urnes qu’ils espèrent gagnant. Ils se disent prêts, avec un programme foisonnant et un candidat aguerri : Jean-Luc Mélenchon. Mais ils peinent à convaincre d’être la perspective : la gauche affaiblie, divisée, perd son crédit. Nul ne croit qu’un candidat insoumis seul peut réunir 50% des Français. Marine Le Pen le dit avec davantage de force et ça fait peur.

Chaque ambiguïté socialiste, chaque isolement insoumis, chaque incapacité collective de la gauche à proposer une alternative fait mécaniquement le jeu du pire.

Pablo Pillaud-Vivien

🔴 FUSION DU JOUR

L’union à toutes les échelles

Ce jeudi 4 septembre, Ensemble et l’Après tenaient conférence de presse commune pour annoncer leur fusion. Cela ravissait les initiateurs de l’Après, Clémentine Autain, Danielle Simonnet et Hendrik Davi, qui depuis leur exclusion de LFI plaident pour la convergence aussi loin que possible des multiples organisations qui partagent une vision radicale de la politique… mais démocratique et unitaire. Ils ont convaincu les militants d’Ensemble, largement issus des Alternatifs rouge et vert mais aussi des communistes unitaires.

C.T.

ON VOUS RECOMMANDE…


La chronique de Charline Vanhoenacker « CRS et carte de preSS ». Vous ne le savez peut-être pas mais, cet été, en toute discrétion, le ministre de l’intérieur a donné ordre à ses troupes « de ne pas tenir compte du statut de journaliste en cas de ‘violences urbaines’. Ça veut dire que les policiers ont reçu pour instruction de ne pas garantir la présence des journalistes si une manif dégénère. Et de ne pas les protéger non plus donc. » Bruno Retailleau ne veut pas d’images de coups de matraque, quitte à ce que ces coups tombent sur des journalistes. Encore une belle démonstration de l’engagement macronien en matière de liberté de la presse !

C’EST CADEAU 🎁🎁🎁

Jacques Brel : « Jaurès »@olivierbesancenot.bsky.social revient avec de nouveaux « Chants de bataille » !En cette rentrée sociale bien agitée et à quelques jours de la fête de l'Huma, Olivier nous raconte « Pourquoi ont-il tué Jaurès ? », un hommage à la classe ouvrière. la-bas.org/la-bas-magaz…

Là-bas si j'y suis (@labassijysuis.bsky.social) 2025-09-09T08:27:26.749Z

ÇA SE PASSE SUR REGARDS.FR

Tu l’as voulu, tu l’as eu

Notre dernier numéro est dans la boutique !

Ce que la France lui devra — par tOad

Pour recevoir cette newsletter quotidiennement (et gratuitement) dans votre boîte mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !

Partager cet article

Actus récentes

Abonnez-vous
à notre NEWSLETTER
quotidienne et gratuite

Laissez un commentaire