Quand l’exécutif s’entête, le législatif et le peuple finissent par l’emporter

La lettre du 28 août 📨
Louis XVI, Charles X, MacMahon : tous ont cru pouvoir régner contre l’Assemblée et sans le peuple, tous ont fini balayés. Emmanuel Macron s’imagine différent. Mais en s’entêtant à gouverner sans majorité, en méprisant le parlement et la société, il répète la même erreur. Et comme ses prédécesseurs, il a déjà perdu.
L’histoire française n’est pas linéaire, mais elle est riche d’enseignements : la plupart du temps, lorsque l’exécutif s’entête face à la représentation nationale, ce sont le parlement et le peuple qui, ensemble, finissent par l’emporter. Mais cette victoire n’est jamais acquise d’avance, ni l’œuvre du seul parlement : elle se joue toujours dans l’articulation avec la société, la rue, les foules. De Louis XVI à MacMahon, en passant par Charles X, l’exécutif s’est brisé sur le roc de la souveraineté populaire. Emmanuel Macron, qui s’obstine à gouverner sans majorité et contre l’opinion, n’échappera sans doute pas à cette règle. À vrai dire, il a déjà perdu – et depuis longtemps.
En 1789, Louis XVI croit encore incarner l’autorité suprême. Il convoque les États généraux en espérant les contrôler, mais se retrouve débordé. L’Assemblée nationale se proclame détentrice de la souveraineté et ne pliera plus. En 1830, Charles X, incapable de domestiquer la Chambre par la dissolution, choisit de la contourner par les ordonnances de Juillet. Mais la rue se soulève : trois jours de révolution suffisent à l’envoyer en exil. En 1877, le royaliste MacMahon dissout à son tour la Chambre républicaine pour reprendre la main. Mais la manœuvre échoue : aux urnes, les électeurs reconduisent massivement les députés hostiles, et, dans la rue, l’agitation populaire, les manifestations et les mobilisations républicaines font pression sur le pouvoir. Acculé, le maréchal-président doit capituler.
Il existe une contre-épreuve : le 2 décembre 1851. Louis-Napoléon Bonaparte, incapable d’obtenir de l’Assemblée le droit de se représenter, choisit le coup d’État. L’Assemblée est dissoute, la République enterrée – et la rue, cette fois, écrasée dans le sang. La leçon est sévère : quand le législatif ne peut s’appuyer sur la foule, l’exécutif peut encore l’emporter, par excès d’autoritarisme.
Or voilà qu’aujourd’hui, François Bayrou, nommé à Matignon par Emmanuel Macron, demande un vote de confiance le 8 septembre prochain. Et il risque fort de le perdre. Car contrairement à ce que rabâche la propagande présidentielle, l’Assemblée nationale n’est pas paralysée. L’automne dernier en a donné la preuve éclatante : que n’a-t-on entendu sur les « blocages », les « divisions » supposées entre groupes politiques ? Et pourtant, les députés étaient parvenus à se mettre d’accord sur un budget. Ce budget aurait dû passer. La seule raison pour laquelle il n’a pas été adopté, c’est que Michel Barnier – et donc Emmanuel Macron – a choisi de le saborder. Non pas parce que l’Assemblée n’était pas capable de travailler, mais parce que le président refusait de lui reconnaître ce pouvoir. Cette obstination est un aveuglement. Comme ses prédécesseurs malheureux, Emmanuel Macron s’accroche à une verticalité illusoire, persuadé qu’elle suffira à gouverner. Mais un président sans majorité, qui refuse d’admettre que le parlement peut et doit exercer sa fonction, et qui gouverne contre l’opinion, n’est déjà plus qu’un président désarmé.
🔴 CONCERT DU JOUR
Un Wembley pour la Palestine

40 ans après le concert « Live Aid », immense moment de l’histoire du rock au stade Wembley de Londres dont l’objectif était de lever des fonds pour aider l’Éthiopie à lutter contre la famine, après celui en faveur de la lutte contre le VIH et celui contre l’apartheid en Afrique du Sud pour les 70 ans de Nelson Mandela, voilà que cette arène va de nouveau vibrer pour une noble cause. Le 17 septembre prochain, des artistes britanniques et palestiniens donneront un concert pour la Palestine. À l’affiche, de beaux noms comme ceux de James Blake, Jamie XX, Damon Albarn, Hot Chip ou encore Bastille. L’événement est organisé par le musicien et producteur britannique Brian Eno (ex-membre de Roxy Music, producteur de U2, Talking Heads, Coldplay…). Ce dernier entend bien « envoyer un message d’amour et de solidarité au peuple palestinien – leur montrer qu’ils ne sont pas oubliés ». En espérant que le monde de la culture inspire celui de la politique. Et que nos artistes français s’inspirent de l’engagement de leurs équivalents outre-Manche.
L.L.C.
ON VOUS RECOMMANDE…

« From Gaza, With Love », de l’artiste palestinien Saint Levant. Une chanson qui parle d’amour et d’exil, du mal du pays et du déracinement. Une chanson pour ne pas oublier que les Palestiniens ne sont pas que des victimes, des statistiques et encore moins des terroristes, mais un peuple, une culture.
C’EST CADEAU 🎁🎁🎁
Essayez donc de regarder cet extrait des Simpsons sans penser à l’expression macroniste « en même temps »…
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