Marine Tondelier, la synthèse écolo

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Si le congrès du parti tranche la stratégie électorale, les Écologistes restent flous sur la ligne politique.

Les écologistes entrent dans la dernière ligne droite de leur congrès. Le week-end prochain il désigneront le dernier tiers du conseil national et leur porte-parole. Éric Piolle aimerait bien être ce porte-parole… mais il est maire de Grenoble pour encore un an et les écolos ne plaisantent pas avec le non-cumul des mandats. Le dernier suspens est de savoir si Marine Tondelier et son équipe auront la majorité qualifiée au sein de ce conseil – ils doivent réunir 60% des votes et 50% des inscrits.


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Pour le reste, le texte d’orientation est adopté après un processus complexe mais intéressant, à savoir : un texte commun où les variantes sont relevées et soumises au vote. L’équipe de Marine Tondelier a emporté tous les arbitrages et le texte ainsi défini a rassemblé 85% des voix. Les Écologistes auraient donc un cap et une secrétaire nationale. Regardons ce qu’il y a sous le capot.

Il y a une secrétaire nationale identifiée. Marine Tondelier est une des rares cheffe de parti et elle est même la seule à gauche – gauche qui n’a pourtant que le féminisme en bouche. Bref. Elle porte une veste verte et a le verbe haut. Mais ce qui l’identifie est certainement sa volonté d’être un trait d’union entre le PS et LFI : « On continuera de jouer le rôle de facilitateur ». Un vote interne a tranché : les écologistes sont pour « une candidature commune à la gauche et aux écologistes, construite non seulement pour se qualifier au deuxième tour mais pour l’emporter et faire reculer l’extrême droite. Cette candidature devra émerger d’un processus associant les citoyen.nes et nos partenaires. » Pour cela, Marine Tondelier a l’habileté rhétorique qui convient : elle peut dans un même mouvement s’opposer aux droits de douane, en appeler à l’Europe et défendre le souverainisme. Tondelier est la synthèse. Cette agilité permet d’envisager toutes les configurations aux prochaines élections municipales. Les écologistes pourraient avoir des alliances parfois avec le PS, parfois avec LFI. Chez les écologistes où la décision est décentralisée, les variations sont infinies. Ainsi dans les villes socialistes comme Rennes ou Nantes (où ils font partie des majorités sortantes), ou Montpellier (où ils sont dans l’opposition), l’alliance pourrait être avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. En revanche, dans les villes dirigées par les écologistes comme Strasbourg, Bordeaux ou Lyon, le ticket avec le PS serait renouvelé.

Marine Tondelier a l’habileté rhétorique qui convient : elle peut dans un même mouvement s’opposer aux droits de douane, en appeler à l’Europe et défendre le souverainisme. Cette agilité permet d’envisager toutes les configurations aux prochaines élections municipales. Les écologistes pourraient avoir des alliances parfois avec le PS, parfois avec LFI.

Cette souplesse tactique l’est aussi sur le fond. Ainsi, rompant avec l’affirmation alternative de l’écologie, Marine Tondelier élude dans l’interview qu’elle donne à L’Humanité et botte en touche sur le capitalisme : « Il faudra m’expliquer ce qu’on met à la place ». Dans cette réponse cash, on entend sa volonté de se dégager ce qu’elle perçoit comme un carcan dogmatique. Et celle d’élargir son cercle de soutiens. Harmonie Lecerf Meunier, proche de Sandrine Rousseau, lui reproche cette trop grande propension : « Il ne suffit pas d’être populaire, sinon c’est Jean-Jacques Goldman qui serait président de la République […] Ce n’est pas ça la politique. »  

L’intuition qui guide Marine Tondelier depuis son accession à la direction du mouvement est que celui-ci doit opérer un tournant et ancrer l’écologie dans le monde populaire. Leur texte de congrès le proclame : « Les premières victimes du chaos climatique sont les plus vulnérables, en particulier dans les territoires ultramarins, les ruralités et les banlieues […] Pour une écologie populaire, écoutons les oublié·es, délaissé·es ou les révolté·es ». Pour les écologistes, les élections municipale sont une étape importante : « En 2026, renforçons notre ancrage avec une écologie du quotidien, qui protège et crée les conditions d’un mieux-vivre partout en France ».

Modestes, les écologistes avouent que « la multiplication des guerres et catastrophes climatiques, l’établissement de régimes autoritaires – comme celui de Donald Trump – bouleversent l’ordre mondial, nous obligeant à repenser notre politique internationale ». Celle-ci est défini de manière concise : multilatéralisme à refonder en faisant place aux pays du Sud, projets communs, affirmation de l’ambition européenne. Il est notable qu’aucun amendement n’a modifié ou enrichi cette partie du texte… Les écologistes réservent leur énergie et leurs disputes au fonctionnement de leur parti.

Vu de l’extérieur, on reste sur sa faim à la lecture de ce texte d’orientation. Ce congrès ne s’annonce pas comme celui de la résolution des lourds paradoxes : luttes et consciences écolos essoufflées alors que la planète étouffe ; mésentente avec le monde rural et paysan ; écologie implantée dans les centres urbains les plus bourgeois alors que l’écologie se veut sociale et populaire. L’identité unitaire du parti s’affirme… moins son apport au pot commun de la gauche.

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