
Après l’incendie qui a détruit la mosquée de Jargeau à trois jours du ramadan, les membres de l’association franco-turque qui gérait le lieu de culte sont encore sous le choc. Reportage de Pauline Migevant, journaliste à Politis.
La nuit du 25 au 26 février, il avait fallu plus de dix appels pour qu’Ali Karadas se réveille. Dans la soirée, le président de l’association culturelle franco-turque de Jargeau (Loiret), gérant la mosquée, était allé chercher sa femme tout juste rentrée de Turquie et s’était couché tôt. À deux heures quinze du matin, la sonnerie de son téléphone avait fini par l’extirper de son sommeil. C’est là qu’il avait appris que des flammes étaient en train de ravager le lieu de culte. Parmi les nombreux croyants alertés qui s’étaient rendus sur les lieux, Serdar Satgun est arrivé parmi les premiers.« Ça fait très mal quand vous ne pouvez rien faire à part regarder. J’ai poussé un cri de désespoir. L’incendie était tellement énorme, on était faibles face à ça. » Il a regardé, impuissant, les flammes s’échapper du bâtiment, attendant qu’une trentaine de pompiers arrivent. « Le plus douloureux, c’était pour nos anciens qui pleuraient. Certains avaient hypothéqué leur maison pour avoir un lieu de culte », explique l’homme de 37 ans, la voix douce et les yeux humides. Avant d’appartenir à l’association franco-turque, le terrain, environ 7000 m2, était une ancienne station essence à l’abandon. « La cour était comme une jungle », se souvient un ancien. En 2003, l’association a racheté les lieux. Et en 2009, les travaux de la salle de prière se sont achevés. Le portail et les portes n’étaient jamais fermés pour permettre à ceux qui le voudraient de prier à n’importe quelle heure. Le 25 février, les derniers membres de l’association avaient quitté les lieux vers 1h15. Pour le ramadan, qui allait débuter le 28 février, le Ditib, organisation musulmane émanant du gouvernement turc, avait envoyé à Jargeau un imam retraité venu de Turquie quelques semaines plus tôt, logé sur place. « Il était dans sa chambre sûrement dans son lit et comme il n’y a pas de volet à sa fenêtre, il a entendu d’abord comme des crépitements », avait rapporté à la gendarmerie le président de l’association, Ali Karadas lors du dépôt de plainte. « Il est sorti de son logement et c’est là qu’il a vu des flammes sortir du fond de la salle de prière. »
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Dix jours après l’incendie, il y a moins d’enfants que d’habitude dans la cour de la mosquée de Jargeau. La nuit est tombée. Ce soir, Ali Karadas n’est pas allé prier avec les autres croyants, préférant garder un œil sur les jeunes qui eux-mêmes surveillent au dehors au cas où il y aurait une personne étrange. Les voitures de la gendarmerie de Jargeau, elles aussi, passent régulièrement. Après la rupture du jeûne et la prière du soir, les adultes boivent du thé et mangent en discutant. Un homme, encore sidéré, préfère ne pas évoquer le sujet à sa fille de 8 ans, restée à la maison. « Comment lui expliquer que quelqu’un est venu ici pour brûler volontairement notre lieu de prière à trois jours du ramadan ? » Le toit s’est effondré sur la salle, les débris sont recouverts de suie. L’association a installé des barrières, de peur que l’un des pans du bâti ne puisse tomber sur un enfant qui s’y aventurerait. Difficile aujourd’hui d’imaginer la salle telle qu’elle était, couverte d’un tapis, avec des rangées pour les chaussures sur le côté, un « minbar » – l’escalier sur lequel se tient l’imam – au fond à droite où se tenait l’imam, à côté d’une petite bibliothèque. Il y avait aussi un écran affichant les horaires de prière. Il reste une légère odeur de brûlé, « une douleur au cœur » et « une sorte de dégoût ». Qu’un tel incendie soit arrivé à Jargeau, une commune qui les a vus grandir, où certains de leurs grands-parents sont arrivés de Turquie il y a 45 ans et où tout le monde se connaît, les croyants ne s’y attendaient pas. Un homme désigne d’un mouvement de bras les personnes réunies : « On est tous des enfants de la République ici ». Il présente son patron, un « véritable modèle d’intégration », chef d’une entreprise de transport, à qui l’un de ses clients, une multinationale, a décerné un prix pour la qualité de ses services.
Peur des récupérations
Dans la cour de la mosquée, certains restent amers face aux faibles réactions politiques et médiatiques malgré le soutien local. Ce mot revient : « Si ça avait été une synagogue ou une église on en aurait parlé’. Le lendemain de l’incendie, le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau avait posté un tweet pour « exprimer [son] soutien aux musulmans de Jargeau » après ce « drame pour les fidèles ». C’est tout. En déplacement à Orléans la semaine suivant l’incendie, il n’est pas venu à Jargeau, à trente minutes de voiture. Deux autres hommes qui discutent là se souviennent après l’incendie de Notre-Dame de Paris avoir récolté des fonds pour la reconstruction. « Un lieu de culte quel qu’il soit, c’est la maison de Dieu. Normalement c’est intouchable. »
Sitôt les premières photos et vidéos diffusées de la mosquée en feu, les partages et commentaires avaient fusé sur les réseaux sociaux : les uns exprimant de l’effroi face à la gravité de l’événement et le silence médiatique et politique, les autres, parmi lesquels des influenceurs d’extrême droite comme Mila, se réjouissant qu’une mosquée ait ainsi été brûlée. Sur l’ampleur de ces réactions, Ali Karadas avait précisé aux gendarmes : « Veuillez croire que nous n’y sommes pour rien, on ne contrôle plus rien ». Il avait également souligné la paisibilité des relations entre la vie de la mosquée et celle de la commune. Ali Karadas avait assuré : « On ne crée aucun trouble ». Aucun problème non plus avec les voisins, « ravis de venir » à la kermesse organisée par l’association.
D’après la maire, les moyens mis en place par la gendarmerie pour mener l’enquête sont particulièrement importants. Ali Karadas y place beaucoup d’espoir. Il n’a pas incité les adhérents à participer à la « mobilisation contre tous les racismes » organisée après l’incendie par une association orléanaise, craignant la moindre récupération et qu’on lui impute des discours politiques qu’il ne veut pas avoir. Même pour organiser une marche silencieuse au sein de Jargeau, qui serait une marche pacifique, il attend les résultats de l’enquête. Il craint d’accuser à tort et finalement d’être pointé du doigt si jamais il s’avérait que l’acte n’était pas raciste ou d’extrême droite.
« Pouvoir faire le ramadan en sécurité »
Pour Serkan Satgun, trésorier de l’association, voir le bâtiment détruit est toujours douloureux. « On est entrés dans notre intimité, c’est comme si on avait été violés. » « L’urgence était de pouvoir faire le ramadan en sécurité, sans avoir la peur de venir faire sa prière », explique Ali Karadas. La maire, Sophie Héron, lui avait proposé de mettre à disposition la salle des fêtes. Mais le bureau de l’association avait jugé qu’il valait mieux rester sur place et transformer en salle de prière l’espace d’habitude utilisé par les jeunes pour jouer à la playstation, regarder les matchs ou discuter. Très vite, il a reçu des appels et des messages de soutien. Grace à un appel du culte musulman des mosquées de France qui s’était enquis des besoins les plus importants, il avait eu le contact d’un fournisseur de tapis. Pour les livrer au plus vite, ce dernier avait vu avec un client pour annuler sa commande. Sous les tapis marron clair, des dalles de moquette, prêtées par la mairie. Sur un panneau à côté d’un distributeur de boissons chaudes, Ali Karadas a affiché deux mots de soutien écrits par une association locale et un couple de Jargeau.
Quand l’incendie a eu lieu, Sophie Héron, la maire divers gauche venue sur les lieux du drame après avoir été alertée par les pompiers, espérait que ce soit accidentel, lié à un problème électrique. Mais deux jours plus tard, la procureure d’Orléans supervisant l’enquête a confirmé « l’hypothèse d’un acte criminel » en se basant sur les premiers prélèvements. « J’en suis vraiment attristée, choquée. J’ose espérer que ce ne soit pas un Gergolien [habitant de Jargeau] que l’on croise tous les jours. Je suis peut-être naïve ou optimiste, mais je ne veux pas croire qu’on en arrive là, et pas ici », soupire la maire. « Vu les circonstances, j’ai été très étonné que la première qualification ne retienne pas le motif islamophobe », estime quant à lui Allan Cengiz-Pereira, avocat de l’association. « Cela aurait été fort en termes de message politique que les faits soient d’emblée qualifiés pour ce qu’ils sont : un crime anti-musulmans. On n’aurait jamais eu ce débat si une église ou une synagogue avait été incendiée à trois jours de Noël ou Yom Kippour. Je le regrette, car c’est la même liberté de culte qui est attaquée. »
« Il faut qu’on se protège mais contre quoi, contre qui ? » se demande Serkan Satgun, trésorier de l’association. Finies les portes ouvertes, l’association va se doter de caméras de vidéosurveillance, d’alarmes et les portes seront fermées la nuit. Il raconte que quelques jours après l’incendie, un vieux monsieur est entré dans la cour, et a pris des photos. Serkan Satgun a cru voir une forme de satisfaction sur son visage. « Est-ce que c’est un mec qui vient contrôler ce qu’il a fait ? » Lui qui écoute tous les matins les Grandes gueules sur RMC, constate qu’il n’est jamais question de ce que vivent les musulmans. « Si ça avait été une synagogue tout le monde se serait déplacé. La préfète a dit qu’elle allait venir mais elle n’est pas venue. Ça aurait été exemplaire, de nous montrer comme victime aussi au lieu de nous pointer du doigt toujours comme coupables. » Une semaine avant l’incendie, Bruno Retailleau avait déclaré que les actes antimusulmans avaient baissé de 30% en 2024. Pour Serkan Satgun, c’est surtout que les actes qui visent les musulmans ne sont pas comptabilisés comme tels. Dans les Vosges, où sa femme a grandi, une tête de porc avait été placée devant la mosquée lorsque celle-ci avait été inaugurée. Depuis, le climat s’est encore dégradé. « Clairement, avec la montée du RN, les langues se délient et les gens n’ont plus peur de dire les choses ouvertement : on n’est pas les bienvenus. Mais je ne vois pas de quelle bienvenue on parle car on a grandi ici. »
« On pensait que c’était de l’intimidation et que ça n’irait pas plus loin »
En décembre 2023, l’association culturelle franco-turque, avait trouvé dans la boîte aux lettres, une pochette en kraft adressée à l’imam. À l’intérieur, une feuille A4 pliée dans une enveloppe noire signée par l’association des loges gérant la mosquée marocaine de Saint-Denis-de-l’Hôtel, la commune voisine. Seul le bureau de l’association en avait su le contenu. On y lisait, écrit en majuscules rouge : « Dehors les turks ». Et un livre : Les schismes dans l’islam, de l’historien Henri Laoust. « On avait espéré que ce soit une plaisanterie mais on avait quand même déposé plainte. Ça n’avait rien donné », se souvient Haci Murat Satgun, alors président de l’association. « Par la suite, on a reçu un autre courrier en février 2024, qui disait ‘bonne année, restez chez vous’. On l’avait signalé à la gendarmerie. Pareil, il n’y avait pas eu de suite. J’ai trouvé ça laxiste un peu. » Haci Murat Satgun se souvient que le bureau de l’époque avait choisi de ne pas ébruiter l’information à leurs adhérents. « Mais vu la conjoncture politique mondiale et en France, on dormait pas forcément sur nos deux oreilles. Quand il y avait des gens qu’on ne connaissait pas à l’association, on était un peu méfiants, on observait. Ces derniers temps, les personnes qui pensent comme la droite ou l’extrême droite ont pris de l’assurance pour se manifester, se faire entendre dans le quotidien. »
19 jours avant l’incendie, les membres de l’association ont découvert un tag, réalisé dans la nuit sur les fenêtres de la mosquée. À la bombe de peinture blanche, c’était écrit « Félon ». « Ce n’était pas inscrit sur un mur ou à l’intérieur. On ne se sentait pas visés directement, raconte Ali Karadas. On voulait surtout l’effacer rapidement. » Au bout d’une petite heure à frotter au White Spirit – un produit détachant dérivé du pétrole –, ils avaient réussi à effacer l’inscription avant l’arrivée des fidèles pour la prière du vendredi. Ils avaient cherché sur Internet la signification du mot félon. Ça voulait dire traître. Ils n’y ont pas accordé plus d’importance que ça, pensant que c’était du vandalisme. « On a été négligents. On pensait que c’était de l’intimidation et que ça n’irait pas plus loin », ajoute Serkan Satgun, trésorier de l’association. Le même tag a été réalisé dans la nuit sur un fast-food du centre-ville. Or, le gérant de ce restaurant est aussi président de l’association musulmane des loges, gérant la mosquée de la commune voisine, et dont le nom se trouvait en haut de la lettre de décembre 2023.
« Il faudrait que les Français ouvrent les yeux »
Le Croustyfood est à 5 minutes à pied de la mosquée. A l’intérieur, les tables sont recouvertes de suie. Pour s’y appuyer, Saïd El Fakiri doit sortir une serviette. Le restaurant qu’il a fait de « A à Z » et ouvert il y a 8 ans, est fermé depuis un incendie, le 7 octobre dernier. Il a fallu deux ou trois jours aux pompiers pour traquer le feu dans les combles. Deux enfants habitant au-dessus avaient été hospitalisés en prévention, à cause des fumées toxiques. Au début, Saïd El Fakiri, dont le restaurant avait déjà été visé par un vol de stocks de nourriture et de boissons, a pensé que les cambrioleurs avaient mis le feu pour effacer les traces après avoir piqué les 200 euros qui restaient dans le fond de caisse. « Comme s’ils étaient dans un film. » Mais avec les tags et l’incendie de la mosquée, le doute se renforce sur le caractère raciste de l’incendie. « Ça fait beaucoup de similitudes. » Comme à la mosquée, l’incendie a eu lieu une trentaine de minutes après que son cuistot ait quitté les lieux.
La montée de l’extrême droite et du racisme l’inquiète. « Où ça va s’arrêter ? Je sais pas… Mais ça monte crescendo, on le voit, on le sent. » Il ne veut pas céder à la désolation : « En fait, il faudrait que les Français ouvrent les yeux. C’est pas les musulmans le problème, c’est les politiques, c’est les services publics qui ferment ». Saïd El Fakiri est venu du Maroc en France dans les années 80 « quand c’était pas la même ambiance ». Son père était ouvrier dans une usine de Saint-Denis-de-l’Hôtel, réparant des wagons de fret. Il l’a rejoint à l’âge de sept ans, a eu des « professeurs merveilleux » qui lui ont « fait aimer la France ».
Sur le comptoir du bar, la machine à carte bleue a craché ses derniers tickets à côté d’un tas de télécommandes. Le faux plafond a disparu, des fils pendent de partout. Le 7 octobre 2024, l’incendie est parti de l’arrière-boutique. Tout a brûlé sauf quelques packs de sodas et des seaux de sauce blanche. Il reste les « cadavres » des parasols qu’il installait dehors quand il faisait beau, le tableau électrique étudié par la gendarmerie pour exclure la piste accidentelle, et une « henny penny », sa friteuse à pression valant « une blinde » pour faire lui-même le poulet frit. La nouvelle chambre froide qu’il venait d’avoir l’autorisation de construire n’a pas eu le temps de servir. Les experts sont passés début mars, mais l’assurance était bancale et Saïd El Fakiri ne sait pas quand il pourra rouvrir.
« Un kebab et des frites ! » lance, blagueur, Sébastien, un pote de Saïd, gérant d’un commerce voisin, en rentrant dans le restaurant. Il parle de politique, avec pas mal de dépit. « Je sais pas où on va, mais on y est. La preuve », dit-il en montrant le resto. Il n’est pas au courant de l’incendie de la mosquée. C’est bien simple : pour lui, « la France devrait être gérée comme le Puy du Fou ». Saïd El Fakiri précise qu’il n’est pas d’accord « À droite de de Villiers, et bien… il n’y a plus grand chose. »
« Ça devient un pays dangereux pour les musulmans »
Sur un lampadaire près du Auchan, un autocollant de Génération Identitaire, groupuscule d’extrême droite dissous en 2021, a été à moitié arraché. Les affiches des Patriotes, parti d’extrême droite de Florian Philippot, recouvrant un panneau d’affichage, elles, sont intactes. Il faut traverser la Loire pour arriver à Saint-Denis-de-l’Hôtel. La salle de prière se confond avec les habitations bordant l’église. « On peut juste dire qu’on est sous le choc, complètement », lâche rapidement un jeune qui sort de la salle après la prière de 16h08. Un monsieur, qui souhaite qu’on ne mentionne ni son nom ni son métier, est résigné : « On n’a plus d’avenir en France. Ça devient un pays dangereux pour les musulmans. Regardez, dans un village comme Jargeau, on brûle une mosquée. » Quand il va prier, il n’est pas tranquille. Il a en mémoire l’attentat de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, lorsqu’en 2019 un suprémaciste blanc australien avait tué 51 personnes dans deux mosquées avec une arme automatique. La porte de la mosquée de Saint-Denis-de-l’Hôtel reste ouverte pour les retardataires mais quand il l’entend claquer il se dit : « Quelqu’un peut arriver, il peut tirer ». Il mime un individu portant une arme et visant en rafale « brrr-brrrrr-brrrrrrr. On va faire quoi ? On est morts, on est morts, on peut rien faire. » Il ne croit pas que l’enquête concernant la mosquée de Jargeau puisse aboutir à quoi que ce soit. Il parle du racisme quotidien, des vieux assis sur les bancs qui restent muets quand il les salue, des collaborateurs du maire qui eux-aussi lui disent à peine bonjour, ou de ses clients toujours prêts à le surprendre à mal faire son travail comme s’il ne pouvait pas être honnête. Il en est certain : « Ça va se dégrader encore plus. Aujourd’hui, un musulman fait peur. Ils ont sali l’islam. Quand ils voient une barbe, dans leur tête, c’est un terroriste. » Avant, il écoutait BFM en buvant son café le matin. Mais ça fait déjà un moment qu’il a arrêté d’écouter les infos, France Info compris. Il évoque ses collègues discutant tranquillement de l’actualité et qui lâchent des phrases du type : « C’est encore un Mohamed qui a fait ça ». Après 30 ans ici, il constate que la France est devenue « une prison à ciel ouvert. Où est notre liberté ? » Il travaillera encore 8 ans, jusqu’à la retraite, puis retournera au Maroc.
Si Ali Karadas se veut rassurant avec les adhérents de l’association – « Garder le sourire pour qu’ils l’aient aussi » –, il admet, un soir, une fois que tout le monde était couché, avoir été abattu. Mais comme d’autres, il s’accroche aux soutiens et a un espoir : « On construira une mosquée plus grande et plus belle ». La crainte de se retrouver sans lieu de culte a été balayée lorsque la cagnotte dédiée à la reconstruction a dépassé « un montant qu’on espérait même pas », atteignant aujourd’hui les 220 000 euros. Certains membres de l’association travaillent dans le bâtiment, les travaux pourraient commencer d’ici un an. Serdar Satgun le pense : la nouvelle salle de prière sera « un symbole contre l’islamophobie. Et leur acte n’aura fait qu’agrandir la mosquée ».