Bayrou-PS : un tête-à-tête qui pourrait virer au drame

Avant la déclaration de politique générale du premier ministre, les regards se tournent vers les socialistes : se retrouveront-ils seuls à gauche à sauver François Bayrou ?

par Pablo Pillaud-Vivien

Les jeux sont presque faits, rien ne va déjà plus depuis longtemps. François Bayrou doit prononcer sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale à 15h ce mardi. Il a d’ores et déjà annoncé qu’il ne lacherait pas le mot-fétiche de « suspension » de la réforme des retraites. C’était pourtant ce qu’attendait, a minima, une partie de la gauche communiste, écologiste mais surtout socialiste pour ne pas censurer le gouvernement. Reste à savoir si le premier ministre trouvera une voie pour les contenter…

Les discussions entre Matignon et le PS vont encore bon train ce matin et une question nous taraude : de quel artifice diabolique, dilatoire ou lexical, pourrait user le premier ministre pour permettre aux socialistes de revendiquer une victoire, le tout sans remettre en question cette réforme des retraites qu’Emmanuel Macron pense être un chef d’œuvre qu’il laisse à la postérité ? La mission paraît impossible : le flou, souvent gênant à écouter, des macronistes de sortie dans les médias ces derniers jours, dit bien l’impasse dans laquelle ils se sont mis. D’autant que l’on ne connaît toujours pas l’étendue des marges de manœuvre du têtu berrichon si le résident de l’Élysée brandissait un veto… ou si les députés du « socle commun », obsédés par le jugement des agences de notation – nouvel alibi sur lequel se défausser – décidaient qu’il n’y avait pas d’alternative à leur loi de 2022.

La cristallisation autour de la réforme des retraites est logique tant elle structure les dynamiques politiques depuis deux ans. Mais elle ne saurait faire oublier les autres points sur lesquels achoppent les discussions, comme les 7 milliards de crédits supplémentaires pour la transition écologique (plan vélo, rénovation thermique, biodiversité) ou l’augmentation du SMIC et celle du point d’indice des fonctionnaires… éléments-clefs pour obtenir la non-censure du PCF et de EELV. Leur choix sera décisif pour la lecture politique du vote de jeudi. Si les trois alliés portent la même appréciation, alors les insoumis seront vus comme maximalistes et intéressés par les seuls enjeux politiques, et notamment une éventuelle élection présidentielle anticipée. Pour obtenir sa non-censure jeudi, c’est-à-dire un sursis, François Bayrou doit payer le prix dès aujourd’hui, et contenter socialistes, écologistes et communistes. Sans flou et sans loup. À défaut, François Bayrou choisira les Républicains, l’un des plus petits groupes à l’Assemblée, et se mettra dans les mains du Rassemblement national… comme Michel Barnier avant lui.

Mais si les socialistes décidaient, seuls, de ne pas voter la censure pour des promesses vagues et imprécises de l’exécutif, cela les reléguerait à la situation pré-2022 : lorsque le PS n’est pas considéré comme de gauche, il perd sa capacité à avoir une existence politique. Pour rappel : Anne Hidalgo avait fait 1,7% à la dernière présidentielle.

Pablo Pillaud-Vivien

DÉMISSION DU JOUR

Même le conseiller diplomatique de l’Elysée ne peut plus supporter la politique internationale du Président

Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron, a présenté sa démission au chef de l’Etat. Ce représentant de la tradition arabophile française, ancien ambassadeur au Liban, était en butte avec la cellule militaire de l’Elysee. Les errements du président en matière de politique étrangère – qui deviennent de plus en plus souvent des problèmes de politiques intérieures – auront eu raison de son poste.

P.P.-V.

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