Sans confiance, Borne prend la défiance

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La NUPES présente ce lundi 11 juillet une motion de censure contre le gouvernement. Une motion de défiance plus exactement, insiste-t-on du côté des parlementaires de gauche et des écologistes. « Une manière de se compter », affirment-ils. La Première ministre n’ayant pas sollicité la confiance par un vote à l’issue de son discours de politique générale mercredi dernier, la NUPES fait bloc pour obliger chacun des groupes de l’opposition à se positionner vis-à-vis du gouvernement.

 

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Trois arguments jouent en la faveur de cette motion de défiance. Le premier, c’est l’opportunité d’un débat politique post-discours de politique générale. Une manière de dire au gouvernement : vous n’avez pas de majorité et surtout vous n’êtes pas totalement maîtres du calendrier puisqu’on est suffisamment nombreux pour vous imposer cette mise en danger – même si en réalité le danger que constituerait un renversement du gouvernement sera a priori largement écarté. Le second argument, c’est que cette motion oblige l’ensemble des groupes parlementaires à se positionner politiquement. Le RN et la droite des LR et de l’UDI ayant d’ores et déjà annoncé qu’ils ne voteraient pas le texte de la NUPES, laissant ainsi le gouvernement en état de marche, la place de premier opposant au gouvernement ne pourra plus être contestée par le RN et c’est bien la NUPES qui en prendra le leadership, dans toute la diversité des sensibilités que composent l’alliance des insoumis aux communistes en passant par les écologistes et les socialistes. Enfin, le troisième intérêt de cette motion de défiance, c’est la démonstration d’un collectif uni. Tout le monde imaginait la NUPES morte-née dès le lendemain des élections législatives. Qu’une fois élus, chacun retournerait dans ses chapelles. Il n’en est rien… La NUPES a réussi son pari.

Reste sans doute le plus dur. Au-delà de l’opposition, saura-elle incarner une alternative tout au long de ce quinquennat ? Parce que le risque de cette stratégie que le porte-parole du gouvernement qualifie de « motion de posture », c’est précisément de n’apparaître aux yeux de l’opinion que comme une force d’opposition et de contestation. Un sondage d’Odoxa pour Public Sénat et LCP montre que le RN bénéficie de 40% d’opinions favorables contre 36% pour la NUPES. Le RN défendrait bien les classes populaires pour 47% d’entre eux et 53% pour la NUPES. 57% d’entre eux pensent que le RN au pouvoir amènerait le désordre dans le pays. C’est un peu plus pour la NUPES : 59% d’entre eux pensent que si la NUPES gouvernait, ça conduirait au désordre.

Enfin, et c’est sans doute l’une des leçons principales pour la NUPES : si le RN reste encore un parti d’extrême droite pour 64% des sondés, 58% classe la NUPES à l’extrême gauche. Et on a beau chercher Olivier Besancenot, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, on ne les trouve pas. Preuve que la NUPES a du pain sur la planche. Et si la NUPES est aussi distinctement classée à la gauche de la gauche de la gauche de l’échiquier politique, c’est peut-être que l’on peine à distinguer les sensibilités qui s’y retrouvent. Ou que les courants minoritaires de la NUPES peinent à s’imposer face à une France insoumise qui domine largement par la quantité de ses députés mais aussi sans doute par leur radicalité. Que d’aucuns qualifieraient d’extrême gauche.

 

Pierre Jacquemain

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