LA LETTRE DU 9 SEPTEMBRE

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Barnier, soutenu par personne, sous pression de Le Pen

La désignation de Michel Barnier reconfigure le paysage politique. La France est divisée en trois blocs mais celui de gauche est désormais le seul opposant à la coalition Macronie-LR qui se prépare et que le RN ne va pas censurer.

Après avoir refusé de nommer un Premier ministre sur proposition du Nouveau Front populaire – malgré son arrivée en tête lors du scrutin législatif –, Emmanuel Macron a décidé de donner sa chance à un cadre Les Républicains. Chacun sait désormais que Michel Barnier n’est à Matignon que grâce à la bienveillance de Marine Le Pen qui a donné son aval au Président. La patronne de l’extrême droite dément un deal mais pas l’échange avec Emmanuel Macron. Ce faisant, la Macronie s’ancre définitivement à droite et choisit de se mettre sous la pression du Rassemblement national.

À droite et à l’extrême droite, tout le monde est dans la même difficulté : soutenir Michel Barnier sans se rendre comptable de son action et de son gouvernement. Outre Marine Le Pen qui évite la compromission comme la peste (c’est le monde à l’envers, non ?), Gabriel Attal affirme qu’il ne donnera pas un blanc-seing ; Édouard Philippe se tiendra à distance ; Laurent Wauquiez, lui, a dû céder aux députés pressés de retrouver le pouvoir mais il veillera à conserver une distance personnelle.

Et la gauche ? Pour le moment, elle doit faire face à un pilonnage d’ampleur. La charge contre le NFP – et notamment la direction socialiste – est d’ampleur sur toutes les antennes, sur le thème de « Si Michel Barnier a été nommé, c’est que la gauche n’a pas soutenu Bernard Cazeneuve ». Outre le fait que le gauche n’a pas le pouvoir de nommer le Premier ministre, le blocage est en réalité venu de l’Élysée quand Bernard Cazeneuve a déclaré « ne pas vouloir être un homme de gauche appliquant une politique de droite » et vouloir revenir sur la réforme des retraites. L’enjeu de cette bataille politique est d’affaiblir Olivier Faure, de faire exploser le Parti socialiste et de marginaliser La France insoumise.

En réalité, ce qui se joue dès à présent, c’est la présidentielle. Qu’elle ait lieu en 2027 ou avant… seule Marine Le Pen en connait l’échéance. Lorsqu’elle sera prête, ses troupes nettoyées, son programme remis au carré, lorsque le moment lui paraîtra propice, elle baissera le pouce qu’elle a levé pour Michel Barnier. On entrera à nouveau dans une période de troubles institutionnels qui pourrait déboucher sur la démission d’Emmanuel Macron.

Jean-Luc Mélenchon se prépare depuis 2022. Il est désigné par le RN comme son adversaire probable, à la fois parce que Marine Le Pen enregistre une réalité et parce qu’elle choisit son adversaire. Jean-Luc Mélenchon est le plus puissant à gauche mais aussi le plus fragile. Sa capacité de rassemblement s’est étiolée et aujourd’hui, lui et autant que LFI en général repoussent trop largement. Le discours de Mélenchon ce samedi à la manif était un mélange du pire et du meilleur : celui qu’on aime quand il puise dans l’histoire les forces d’une démonstration et du courage mais aussi celui qu’on déplore quand il engueule et insulte tous ceux qui ne sont pas venus ou qui ne croient pas à la destitution. Sur ce chemin de clivage à gauche, Jean-Luc Mélenchon ne peut pas gagner. Au risque d’ouvrir un espace du côté de la social-démocratie. Et François Hollande y pense en se rasant…

Catherine Tricot

HOMOPHOBE D’HIER

Barnier a bien voté contre l’abrogation du délit d’homosexualité

Cafouillage autour du vote de Michel Barnier en tant que député, en 1982, sur la dépénalisation de l’homosexualité. Les éléments de langage de la droite sont les suivants : certes, l’actuel Premier ministre a voté contre la loi dite Forni, du nom du Président de la Commission des Lois, et rapportée par la députée Gisèle Halimi, qui abrogeait la majorité sexuelle discriminante héritée de Vichy (21 ans pour les homosexuels contre 13 ans pour les hétérosexuels). Mais ce n’était pas une « dépénalisation de l’homosexualité » à proprement parler. C’est pourtant ainsi qu’en parlait le Garde des Sceaux de l’époque, Robert Badinter, car au fond, qu’est-ce qui était pénalisé si ce n’est l’homosexualité, entre 13 et 21 ans, au nom d’une prétendue volonté de protection de l’enfance ? Jusqu’en 1982, c’est un fait, on pouvait être inquiété pour délit d’homosexualité. Michel Barnier a voté pour que cela puisse continuer. Pour autant, c’était il y a 43 ans. Et on peut changer. En 1998, en tant que sénateur, Michel Barnier avait aussi voté contre le PACS. Aurait-il voté le mariage pour tous en 2013 ? Il n’était plus élu national. Bref, il est important qu’il explique aujourd’hui s’il est toujours le conservateur d’hier ou non. Et qu’il donne des gages à cette évolution.

P.P.-V.

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Comme lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, les sifflets à l’encontre du président de la République lors de la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques qui disent beaucoup de la détestation de nombreux Français à l’égard d’Emmanuel Macron : ils ne peuvent, même en pareil moment, s’empêcher de manifester leur réprobation. Et on les comprend.

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