L’hypothèse Beaudet risque de faire long feu

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C’est l’histoire d’un mec qui aurait pu être Premier ministre (bis repetita).

Pour Emmanuel Macron (précision importante parce que c’est peut-être seulement pour lui), Thierry Beaudet a tout pour être l’oiseau rare pour Matignon. D’abord parce qu’il est le président du Conseil Économique Social et Environnemental (CESE). Même si ça ne dit pas grand chose à grand monde, la troisième assemblée constituante de la France est un lieu important de la démocratie sociale où se croisent et délibèrent des représentants des syndicats de salariés et des entreprises, des territoires et de la nature. Or, on se souvient que c’est précisément ce dialogue social qu’Emmanuel Macron est accusé de mettre à mal depuis qu’il est au pouvoir. Une façon pour lui de se racheter en la matière ?

Mieux : Thierry Beaudet a aussi le président de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN), souvent plébiscitée par les professeurs et surtout digne représentante du courant mutualiste, à mi-chemin entre le monde de l’entreprise et celui des syndicats. Au fond, c’était malin de penser à un profil comme celui de Beaudet pour tenter d’empêcher les censures a priori des socialistes ou des communistes.

Seulement, c’est faire peu de cas des dynamiques politiques à l’œuvre : comme le répètent à l’envi les membres du Nouveau Front populaire (de La France insoumise jusqu’aux éléments les moins unionistes du Parti socialiste), il ne peut être envisagé de chef de gouvernement qui ne soit pas en « rupture avec le macronisme ». Autrement dit qui annonce clairement sa volonté de revenir sur la réforme des retraites, dans des modalités qui diffèrent selon les interlocuteurs mais qui ne peut souffrir d’ambiguïté dans sa finalité.

C’est sûrement ce que sous-estime le président de la République : cette réforme non-votée au Parlement est devenue l’emblème de son pouvoir et le puissant mouvement social qu’elle a suscité à son endroit continue de produire des effets politiques. Or, Emmanuel Macron ne semble pas disposer à nommer à Matignon une personnalité qui reviendrait dessus. La cohabitation, comme il l’appelle de ses vœux, oui, mais dans les règles qu’il dicte lui-même… bref, l’impasse dans tous les cas.

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6 commentaires

  1. Capelle le 3 septembre 2024 à 12:49

    Vu de Belgique, cette crispation autour de la retraite à 64 ans paraît vraiment ridicule : depuis très longtemps, la retraite était à 65 ans et elle est passée à 67 ans (66 ans à partir de 2025 et 67 ans en 2030). Cela n’a pas été sans mal, mais ça s’est fait démocratiquement et plus personne ne songe sérieusement à la contester, tant l’évolution des retraites – liée à l’allongement de la durée de vie, la pyramide des âges et la disponibilité des forces vives – l’impose. Mais en France, la moindre réforme suscite des cris d’orfraie, comme si c’était la fin du monde. Pays ingouvernable…

    • Simon le 3 septembre 2024 à 16:51

      Eh ben super pour vous.

    • Frédéric Normand le 3 septembre 2024 à 19:32

      Pays ingouvernable, enfin presque. La France est toujours en retard d’une réforme et en avance d’une révolution.

    • HLB le 4 septembre 2024 à 19:21

      Et ? Conclusion ? La prochaine étape de votre beau récit ? La retraite à70 ans ? Puis à 80 ?Rien d’autre en magasin, pour faire rêver ? Vous présentez comme un progrès, et incontournable, comme tout ce que les libéraux mondialistes imposent aux Peuples, ce qui n’est qu’un nième méfait de leur projet général : « emmerder les Peuples », comme le revendique d’ailleurs Macron. Et vous parlez au nom de toute la Belgique, alors que je suis persuadé que, là bas comme ailleurs, (« ça n’a pas été sans mal », dites vous: quel aveu d’abus de pouvoir, qui ne semble pas vous choquer) les gens, dans leur grande majorité, aspirent à partir plus tôt vers une nouvelle vie, où le seul horizon ne se résume pas au travail.
      Bien triste, limitée et banale, comme le capitalisme libéral et décomplexé, votre vision de ce que peut être l’existence….
      Quant à la fable de « l’allongement de la vie », vous faites la confusion habituelle (volontaire ?) entre « espérance de vie » qui augmente (sous perf’, on peut maintenir éternellement quelqu’un « en vie »), et espérance de vie EN BONNE SANTE qui régresse, depuis déjà un certain nombre d’années.
      Et seule cette dernière est à prendre en compte !

    • Carlos_H le 4 septembre 2024 à 22:30

      … Je dirai plutôt « vue de droite » que de Belgique…

  2. Lucien Matron le 4 septembre 2024 à 16:02

    Macron doit tirer les leçons de ses multiples échecs : échec aux européennes, échec aux législatives, échec, échec dans la crise politique qu’il a lui même provoquée, dégradation alarmante des comptes publics…Une des solutions, dans ce cas de figure, comme dans d’autres secteurs est de remettre son mandat présidentiel et d’appeler à de nouvelles élections.

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