Dans le 93, l’Éducation nationale, c’est ferme-la et baisse les yeux

Sans-titre-1

Quand douze maires demandent à l’État de tenir son rôle vis-à-vis des écoles, on les convoque au tribunal.

Mercredi 24 avril, douze maires de Seine-Saint-Denis étaient convoqués au Tribunal administratif de Montreuil. Leur faute ? Avoir pris des arrêtés demandant à l’État de débloquer un plan d’urgence pour les écoles. C’en était trop pour le préfet du département qui a demandé l’annulation de ces arrêtés. Motif ? Cela ne relève pas des compétences municipales.

L’engagement des municipalités pour l’éducation fait écho à la mobilisation des enseignants et des parents dans le département depuis le 26 février 2024, jour de rentrée des vacances de février, et qui avait vu près de 30% des enseignants être en grève : principale revendication, un plan d’urgence pour le 93. 

Depuis des années, études, rapports parlementaires montrent que, loin de dépenser « un pognon de dingue » pour les élèves du 93 (département le plus pauvre de France métropolitaine), l’État y investit en fait beaucoup moins d’argent qu’ailleurs. La FCPE 93 estime ainsi qu’un enfant scolarisé en Seine-Saint-Denis perd, en moyenne, l’équivalent d’une année de cours tout au long de sa scolarité, en raison de l’absence de remplaçants voire de postes vacants dès la rentrée de septembre. Après des semaines, parfois des mois sans un professeur de telle ou telle discipline et même sans professeur des écoles dans l’enseignement primaire, l’inspection académique trouve parfois un vacataire sans expérience et sans formation. La situation est notoirement calamiteuse dans des disciplines comme les mathématiques, par exemple, déficitaires au niveau national alors dans le 93…

Malgré une mobilisation réelle, voire impressionnante dans certains établissements, force est de constater que la lutte faiblit et n’a pas été en mesure d’imposer ses revendications à la ministre Nicole Belloubet. D’une certaine manière, la seule mesure énergique prise par le gouvernement aura été de poursuivre les maires qui ont affichés leur solidarité avec la mobilisation, la grande classe !

Interrogé par Libération, l’un des avocats des maires réaffirme pourtant : « On est entièrement d’accord, ce n’est pas au maire de décider du nombre de postes. On n’est pas sur une décision de ressources humaines, il faut juste respecter vos obligations constitutionnelles et législatives ». Le droit à l’éducation est effectivement un droit constitutionnel mis à mal par la politique du gouvernement (et des précédents pour être juste), des maires peuvent-ils enjoindre l’État à respecter ses obligations ? La réponse du Tribunal Administratif est attendue pour vendredi.

Partager cet article

Actus récentes

Abonnez-vous
à notre NEWSLETTER
quotidienne et gratuite

Laissez un commentaire