Les écolos vont-ils s’échouer sur la question européenne ?
Énergie, Ukraine, immigration, féminisme… et si les écologistes n’étaient plus à jour sur leur projet politique ?
Les écologistes sont à la peine. À deux mois des élections européennes, les sondages les créditent d’un petit 6 à 8%. L’écoute de deux émissions de Marie Toussaint, leur tête de liste, éclairent sur ces difficultés. Dans ses deux interventions (France Info le 5 avril et BFM le 7 en débat face à Marion Maréchal), Marie Toussaint a défendu avec pugnacité les orientations des écologistes mais s’est trouvé à plusieurs reprises en difficulté sur le cœur du projet écologique. Comme si le discours classique de son parti manquait d’une mise à jour du projet/programme pour convaincre pleinement.
Ainsi, sur les enjeux énergétiques, elle réaffirme son attachement au développement des énergies renouvelables mais est engoncée sur la question du nucléaire comme énergie décarbonée. Solidaire des écologistes allemands, Marie Toussaint relativise l’impact du charbon en Allemagne. Interrogée sur le soutien à l’Ukraine, elle réaffirme le soutien constant des écologistes aux Ukrainiens, y compris militaire, mais se trouve en porte-à-faux avec les positions traditionnellement opposées à l’industrie de l’armement et à l’arme nucléaire. Sur la question migratoire, elle s’en tient à la défense incontestable du droit d’asile, sans s’étendre sur les migrations qui ne relèvent pas du droit d’asile. Au plus, relève-t-elle qu’elles sont demandées par les patronats de France, d’Allemagne et d’Italie. Enfin, sur le sujet qui agitent les écologistes, celle de la gestion des accusations portées par l’ex-compagne de Julien Bayou, on a senti la juriste incertaine et plutôt désorientée. Sur ce sujet devenu majeur, l’avance des écologistes a fondu.
Ici, ce n’est pas Marie Toussaint qui est en cause. Elle est une écologiste engagée de longue date et sa sincérité est évidente. Elle souffre en revanche d’une formation qui depuis des années se dispute mais ne reconfigure pas ses propositions et ses arguments à l’aune des nouveaux enjeux et des évolutions de l’opinion. L’alerte est sérieuse. Il est vrai que les difficultés des écologistes ne sont pas que françaises. Marie Toussaint a raison de rappeler que les attaques contre l’écologie sont générales. Mais les écologistes reculent dans la capacité à transformer l’inquiétude écologique dominante en force politique propulsive.