Médias et extrême droite: « Le travail critique sur le journalisme doit aussi venir de l’intérieur »

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Samedi 12 février, à la salle Olympe de Gouge dans le 11ème arrondissement de Paris, aura lieu un journée d’information et de débat organisée par l’observatoire des médias Acrimed et Visa : « Halte à la banalisation de l’extrême droite ». On en parle avec Pauline Perrenot, journaliste et co-animatrice d’Acrimed.

UNE MIDINALE À VOIR…

 

ET À LIRE…

Sur l’extrême-droitisation des médias
« Il faut éviter les théories de l’éclosion et se focaliser uniquement sur l’empire Bolloré – sans relativiser non plus le danger que cela représente. »
« Le but, c’est de voir comment, de quelles manières, par quelles pratiques ordinaires du journalisme, par quelles logiques structurelles, s’est produite la banalisation et la légitimation de l’extrême droite dans les médias. »
« La banalisation de l’extrême droite s’explique par plusieurs facteurs :
– la dépolitisation de la politique par le journalisme politique avec le commentaire des stratégies, des tambouilles et des sondages au pied levé ;
– la construction dans l’agenda médiatique des cibles de la peur avec notamment la mise à la une des thématiques fétiches de l’extrême droite : immigration, islam, insécurité, autorité. Avec des effets de cadrages, c’est-à-dire comment on en parle ;
– le règne du tout-opinion, le formatage de l’éditorialisation axée sur le clash viriliste ;
– la mutilation des débats en général, sans pluralisme. »
« Les médias dominants, parce qu’ils exercent tout un tas de pouvoir à sens unique, sont concernés. Par leurs pratiques ordinaires, balisent objectivement le terrain de l’extrême droite. Mais ça ne veut pas dire que les journalistes pris individuellement votent Éric Zemmour. »

Sur la responsabilité des médias dans la banalisation de l’extrême droite
« Les médias ne sont pas les principaux responsables de l’enracinement de l’extrême droite dans la société. Mais ça ne veut pas dire que les médias n’ont pas d’influence ou aucun rôle. »
« Les médias créent des effets de loupe et de cadrage : ce à quoi on pense et ce dont on débat – mais aussi ce dont on ne dépend pas, ça a une influence. »
« Le champ journalistique est extrêmement verticalisé : les chefferies médiatiques qui concentrent l’essentiel du pouvoir éditorial, sont très homogènes socialement. »
« Ce que l’on fait depuis septembre, c’est d’interpeler plus seulement les chefferies mais aussi les journalistes dont on reconnait les contraintes. »
« Dès novembre dernier, on a interpelé les sociétés de journalistes (SDJ) face à la bulle Zemmour que nous analysions en tant que telle. »
« Il faut que le travail critique sur le journalisme vienne aussi de l’intérieur. Mais pas juste un mea culpa pour demain, continuer à faire la même chose. »

Sur les constructions médiatiques qui amènent à la banalisation de l’extrême droite
« La question du temps de parole reste encore à la libre appréciation des journalistes. »
« Construire un agenda à partir de sondages est un problème : on devrait se rappeler la littérature critique des sondages. »
« Les agendas médiatiques sont des choix éditoriaux qui pourraient être autrement – surtout s’il y avait de l’autocritique. »
« Concernant Éric Zemmour, il va falloir que les journalistes réfléchissent à ce que veut dire la peoplisation. »

Sur les réseaux sociaux
« Une grande partie des journalistes utilisent Twitter et l’on voit à quel point Twitter peut avoir une place importante dans la construction d’un agenda médiatique. Cyril Hanouna a très bien expliqué qu’il construisait son émission en regardant les tendances sur Twitter et Facebook. »
« Il faut rappeler la proportion faible des Français qui utilisent Twitter. »
« Twitter exacerbe des faiblesses du journalisme qui étaient déjà présentes auparavant. »
« Twitter colle parfaitement aux contraintes de l’instantanéité mais, sur le fond, ça ne fait que déplacer des problèmes qui préexistaient avant les réseaux sociaux. »

Sur les menaces de mort dont est victime Ophélie Meunier
« On dénonce le harcèlement et les menaces de mort. »
« Ce qui laisse un goût amer, c’est que la cohésion et le soutien qu’il peut y avoir, n’entrainent pas de remise en cause profonde sur la manière dont on peut produire ce genre de magazine et des moult biais qui président à la fabrication de ce genre de reportage – confère la superbe enquête d’Arrêt sur image sur le sujet. »
« Comment est-ce possible qu’on ne puisse pas discuter de comment a été fait le reportage et l’impact sur les personnes concernées ? »

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