Noël Mamère : « Taubira ne peut pas rassembler donc je soutiens Jadot »

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Lendemain de primaire populaire qu’il avait soutenue, Noël Mamère, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2002 et auteur de Le Cas Zemmour. Comment en est-on arrivé là ? aux Editions Les Petits Matins, est l’invité de #LaMidinale.

UNE MIDINALE À VOIR…

 

ET À LIRE…

Sur la primaire populaire
« Je maintiens mon soutien à Yannick Jadot. »
« La transformation de la société se fera autour des questions que pose l’écologie. »
« L’écologie fait partie des priorités des Français, et pas l’identité, l’immigration ou la sécurité. »
« Je ne vois pas au nom de quoi, en 2022, il n’y aurait pas d’écologiste pour défendre ce projet de société [l’écologie]. »
« L’initiative de la primaire populaire a été lancée il y a un an dans le silence et le mépris le plus total. Elle méritait qu’on y accorde plus d’importance. »
« Je regrette que les écologistes et Yannick Jadot aient tardé à reconnaître que les organisateurs de la primaire étaient respectables. »
« Le système du vote de la primaire populaire au jugement majoritaire mérite est un système qu’il faut regarder de plus près. »

Sur Christiane Taubira
« D’une certaine manière, Christiane Taubira est une candidate de plus. »
« Christiane Taubira ne parviendra pas à rassembler. »
« Malgré ses qualités et son talent, elle n’a pas le projet assez solide pour rassembler. Les autres candidats ont un vrai projet construit et chiffré. »
« À moins de 70 jours de l’élection présidentielle, il est utile que les Français sachent où on veut les conduire. »

Sur Anne Hidalgo et la social-démocratie
« Anne Hidalgo n’est que le révélateur d’une social-démocratie qui n’a pas su comprendre son temps – en tout cas pour ce qui concerne la France. »
« L’échec de la social-démocratie a commencé il y a longtemps, dans les années 80 quand la gauche a fait son tournant libéral et n’a pas vu les évolutions de la société : les effets de la mondialisation, la crise climatique qui était déjà à l’oeuvre, la financiarisation de l’économie française, le creusement des inégalités, la précarisation des catégories les plus populaires et un éloignement progressif de l’électorat classique de la social-démocratie vers l’abstention plus que vers l’extrême droite. »
« Je ne suis pas sûr qu’Anne Hidalgo puisse aller jusqu’au bout. »

Sur l’extrême droite et le rassemblement de la gauche
« Ça n’est pas simplement le poids de l’extrême droite qui devrait justifier le rassemblement de la gauche et des écologistes. C’est la volonté de rendre la vie meilleure, moins dure, moins brutale. »
« L’effacement politique de la gauche a conduit à l’émergence de la pensée d’extrême droite. »
« Il faut bien qu’il y ait une gauche, une coalition, qui résiste et soit l’antidote du bloc national-populiste. »
« Il y a un décalage entre le temps politique et la société. »

Sur le débat médiatique
« Il est très difficile, dans une société où on présente le monde comme binaire, d’introduire de la complexité. La pensée écologiste n’est pas une pensée binaire, c’est une pensée complexe. »
« Il n’y a plus de débat. La culture, c’est celle du clash. »
« On invite les gens à la télévision pour qu’ils se tapent dessus et non pas pour qu’ils y ait des explications. »
« On est dans un monde où les politiques jouent cyniquement sur les peurs. »
« L’instrumentalisation de la peur n’est rien d’autre que la métaphore d’une société de plus en plus faible et d’une démocratie très affaiblie et malade. »

Sur la responsabilité de la gauche
« La responsabilité n’est pas simplement celle de la droite : la gauche a joué un rôle important dans la prospérité de Zemmour et de l’extrême droite. Je pense en particulier à la période Hollande-Valls. »
« Les reculs de la gauche ont conduit au fait que la gauche n’a plus été le rempart contre les idées pernicieuses. »
« La vague d’immigration est une vaguelette. Ça n’est pas crédible. Mais les Français le croient parce qu’on ne leur dit pas autre chose. »
« Sur les sujets migratoires, la gauche a été un encéphalogramme plat. Elle n’a rien dit. Face à la droite et à l’extrême droite, la gauche n’a pas osé affirmer ses valeurs. »

Sur le quinquennat de Macron
« Emmanuel Macron joue un rôle détestable. »
« Le « en même temps » n’est rien d’autre qu’exalter le mérite. »
« Macron a mené une politique sécuritaire. »
« Il y a eu des reculs très importants dans le quinquennat de Macron. »
« En expliquant lors des vœux aux Français qu’on a des devoirs avant des droits, il inverse la pyramide républicaine et c’est extrêmement dangereux. »
« Tous les outils sont là pour ceux qui demain pourraient arriver au pouvoir. Ils n’auraient pas besoin de changer grand chose. »

Sur l’opposition faite par Zemmour entre quartiers populaires et ruralité
« C’est un retour à la théorie pétainiste de « la terre qui ne ment pas ». Il veut nous réinventer un monde qui a disparu, d’une France des années 50 qui était à 90% agricole – et qui ne l’est plus. Il disparaît à peu près 100.000 agriculteurs par an dans ce pays, notamment depuis la révolution verte initiée par de Gaulle. »
« Les écologistes ne proposent pas de revenir à une France qui peut réapparaître, mais à réinventer l’agriculture dans un sens qui soit plus respectueux des paysans, de l’environnement et de la santé. C’est quand même un autre projet qui, lui, permettrait de faire revenir des paysans à la terre. »

Sur le problème de Zemmour avec les femmes
« Ça relève du psy. Sa détestation des femmes est une interrogation. Comment peut-on à ce point-là avoir un regard sur les femmes qui soit aussi violent, méprisant ? On a l’impression qu’il voudrait effacer les femmes. »
« Zemmour a une relation très ambiguë aux femmes. »
« Vouloir les reléguer à une place de subalternes, de soumissions, de domination, c’est pas nouveau dans la pensée réactionnaire. »
« Dans sa conception viriliste de la société, il faut associer sa vision des femmes à sa vision des homosexuels. Les deux sont un facteur de dévirilisation de la société. »

Comment qualifier le « zemmourisme » ?
« Je n’aime pas beaucoup cette expression. Le zemmourisme n’existe pas. Zemmour arrive à un moment donné où la pensée politique de la droite et de la gauche ont permis, dans un premier temps, l’avènement de Macron. Zemmour n’est que l’incarnation de la résurgence de la prospérité de la pensée de droite et d’extrême droite. »
« Marine Le Pen a tout fait pour essayer de dédiaboliser l’image de l’extrême droite. Zemmour revient à une extrême droite classique, avec des mots d’une violence inouïe, des infamies qui deviennent banales. C’est très inquiétant. Il y a 20 ans, pour ce qu’il raconte, on serait descendu dans la rue. »
« Les médias vont là où il y a de la lumière. C’est l’effet réverbère. Pour aller au-delà de la lumière, il faut prendre son temps, ça coûte cher, il y a une économie de l’information. »

Sur l’union des droites
« Zemmour n’a qu’une obsession en tête : le jour d’après. Son projet, c’est celui de l’union des droites. Ça peut fonctionner : Marine Le Pen ne sera pas candidate une 4ème fois. Sa nièce, Marion Maréchal – qui incarne cette extrême droite qui ne s’est pas dépouillée de ses oripeaux – se prononce déjà pour Zemmour. Une partie de la droite est en train de la rejoindre. »
« On verra ce que font Wauquiez et Ciotti. Ciotti a dit qu’en cas de second tour Zemmour-Macron, il voterait pour Zemmour. »
« Les digues tombent petit à petit. »
« Contrairement à ce que l’on dit, Zemmour n’est pas l’ennemi de Le Pen. Ils sont complémentaires. Elle a un électorat plus populaire alors que lui a un électorat bourgeois. »

Sur la proposition de rendre inéligible toute personne condamnée pour incitation à la haine raciale
« Ce n’est pas sur le terrain judiciaire qu’il faut aller, c’est sur le terrain politique. »
« Quand on va sur le terrain judiciaire, c’est qu’on n’est plus capable de lutter politiquement. C’est l’expression d’une faiblesse. »

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