Vote syndical : plutôt à gauche, mais…

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Face à l’extrême droite, les organisations syndicales sont sur le pied de guerre, certaines appelant carrément à voter pour le NFP.

La CGT et la FSU viennent d’appeler franchement à voter pour le Nouveau Front populaire. Quant à la CFDT et aux structures de Sud-Solidaires, elles sont pleinement mobilisées dans le combat frontal contre l’extrême droite.

Les syndicats qui s’engagent ont raison de le faire. Comme en 2019, l’institut Harris-Toluna vient de mesurer le vote syndical aux européennes pour le groupe AEF-Info. Certes la gauche est en tête dans le monde syndical dans son ensemble et elle l’est plus forte en 2024 (41%) qu’en 2019 (43%). Mais une part de l’effondrement spectaculaire de la droite LREM-LR (-13% entre 2019 et 2024) profite à une extrême droite qui compte moins que dans le reste de la société (26%), mais qui progresse, même si c’est sensiblement moins qu’ailleurs.

L’engagement syndical continue donc de fonctionner comme une digue contre la poussée de l’extrême régression : si 26% des proches d’un syndicat ont choisi l’extrême droite il y a quelques jours, ce sont 43% de ceux qui s’en sentent éloignés qui ont voté pour elle. Mais le syndicalisme n’immunise pas totalement contre la tentation de l’exclusion. Le vote extrême a progressé sensiblement du côté des proches de la CFDT et même de Sud. Elle frôle les 40% dans la mouvance de FO et elle n’épargne ni la CGT (25%) ni la FSU (21%).

La droite paie lourdement l’addition des dernières années, et notamment la séquence de la réforme désastreuse des retraites. Sur cette base, il y a une réserve considérable pour conforter le vote en faveur du Nouveau Front Populaire. Mais une partie de la mouvance syndicale est poussée par le ressentiment vers le vote en faveur du Rassemblement national.

L’engagement des syndicats dans les jours à venir est donc décisive pour éviter le pire. Ils ne manqueront pas de montrer les carences sociales massives de Marine Le Pen et de ses proches. Mais la force du vote RN, jusque dans le monde syndical, nous rappelle que c’est la conjonction de la colère sociale, de l’inquiétude sécuritaire et de la tentation de l’exclusion face à la concurrence supposée des « assistés » qui porte vers la droite extrême, au détriment de l’esprit d’émancipation. Si c’est cette conjonction qui porte vers le pire, c’est une autre conjonction qu’il faut mettre en avant sans tarder.

Élections européennes : le vote par proximité syndicale (Harris-Toluna)
 Proche d’au moins un syndicatProche d’un syndicat de salariésCGTCFDTFOCFTC
 202420192024201920242019202420192024201920242019
GAUCHE514351456163464144383726
DROITE1730172986264710163445
EXT. DROITE262126222526251039382324
 CFE-CGCUNSASUD-SolidairesFSUProche d’un syndicat patronalProche d’aucun syndicat
 202420192024201920242019202420192024201920242019
GAUCHE351851426569677140232527
DROITE3655122631421220592735
EXT. DROITE22192527211021927134333

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5 commentaires

  1. Magnus le 20 juin 2024 à 15:13

    Perso je vais sans doute voter lutte ouvrière, sauf si le candidat ps investi par le nfp là où je vote peut gagner ET que le nfp a une possibilité d’obtenir une majorité.

    Car Hollande et le PS ne souhaitent pas une majorité nfp…

    Hollande et le PS préparent le terrain pour des législatives en 2025, avec comme but d’être première force « à gauche »…

    • Magnus le 20 juin 2024 à 15:47

      Enfin me rends compte qu’il faut voter nfp au premier tour, MÊME SI c’est un candidat ps. MAIS au deuxième tour je vote uniquement pour le candidat ps s’il peut gagner ET qu’il y a une chance de majorité nfp dans l’assemblée.

      • Magnus le 20 juin 2024 à 16:04

        enfin au deuxième tour il faut voter contre l’extrême-droite pour le candidat le plus à gauche

        • carlos_H le 21 juin 2024 à 10:41

          yep… je dirais que ces différents atermoiements résument bien le soucis…

  2. Frédéric Normand le 20 juin 2024 à 18:08

    Ces prises de positions politiques de la part des syndicats nous invitent à une réflexion sur la Charte d’Amiens.

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