Sondages : on attend toujours l’embellie pour la gauche

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Au fil des jours et des semaines, les sondages se suivent… et se ressemblent à peu près.

Le sondage Ipsos publié lundi 29 avril dans Le Monde ne déroge pas à la règle. Il n’est pas plus prédictif du résultat que ne le sont les autres enquêtes. Mais, comme elles, il laisse entrevoir une participation sensiblement au-dessous des 50% et, comme en 2019, une droite majoritaire aux deux tiers des suffrages exprimés.

Ce qui change est le rapport des forces interne à la gauche et à la droite. À droite, le RN écrase le match et profite du discrédit de la Macronie comme du désarroi des Républicains. À gauche, la bascule se fait entre les socialistes et les écologistes, au détriment des seconds. Pour l’instant, l’omniprésence de Mélenchon et de Rima Hassan (qui éclipsent la tête de liste officielle) ne semblent faire décoller la FI, pas plus que la jeunesse de Léon Deffontaines ne paraît booster le PC.

L’intérêt du sondage Ipsos est moins dans ses résultats globaux que dans l’ampleur de son échantillon (10 500 personnes inscrites sur les listes électorales), qui permet de pousser plus loin l’analyse de détail.

Par exemple, on constate que si la pyramide des âges est inversée pour la droite et la gauche (on vote d’autant plus à gauche qu’on est jeune et à droite qu’on est vieux), l’attraction des tranches d’âge en faveur du RN est globalement homogène. En tout cas, 32% des moins de 25 ans se portent sur le RN (contre seulement 14% pour LFI). En revanche, les pyramides sociales sont toujours inversées : on vote d’autant plus à gauche que l’on se situe vers le haut de la hiérarchie sociale, d’autant plus en faveur du RN que l’on est placé vers le bas (40% des cadres qui votent vont vers la gauche et 60% des ouvriers vers l’extrême droite).

Aux élections européennes, avec leur forte abstention, la capacité à mobiliser son électorat est, pour chaque force, une clé majeure clé du résultat. De ce point de vue, l’avantage est nettement en faveur de Bardella : il retrouverait 88% des voix de Le Pen en 2022, alors que les Républicains et les macronistes en garderaient moins des deux tiers et la liste Aubry un petit tiers. Mais, alors que le RN récupèrerait la moitié des électeurs de Zemmour et un cinquième de ceux de Pécresse, Manon Aubry ne capitaliserait pas en dehors de l’espace insoumis. Glucksmann, lui, mordrait un peu plus largement sur les autres électorats de gauche et, dans une moindre mesure, sur les votes Macron de 2022.

Dans une droite qui domine le jeu, la porosité se fait plus à l’avantage de la droite extrême qu’à celle de la gauche. Dans une France toujours mécontente, mais moins « en colère », où les déterminations nationales du vote l’emportent sur les questions européennes, où le pouvoir d’achat, l’immigration et la santé motivent fortement le vote, la fonction « attrape-tout » ne se trouve plus du côté du centre (gauche ou droit), mais de l’extrême droite. Il est vrai que son projet , pour être détestable, n’en a pas moins de l’allant. On ne peut malheureusement pas en dire autant de la gauche dispersée…

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