Rugby : en équipe de France, être condamné pour agression raciste, c’est pas si grave

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Ce vendredi 8 septembre, au Stade de France, les Bleus reçoivent la Nouvelle-Zélande en ouverture du mondial. Un timing terrible pour s’offrir une polémique sur les « bougnoules ».

Mise à jour le 5 septembre : ajout de la rencontre Macron/Galthié et de la conférence de presse de Bastien Chalureau.

Au départ, c’est l’histoire assez banale d’un remplacement. Le rugbyman Paul Willemse étant forfait pour blessure, il a fallu que l’équipe de France de rugby appelle un renfort à quelques jours de la coupe du monde. Et c’est Bastien Chalureau, 31 ans, deuxième ligne de Montpellier, qui a été choisi.

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Or, le bougre a été condamné à six mois de prison avec sursis en 2020 pour « agression raciste » – condamnation pour laquelle le joueur a fait appel.

Voilà comment Yannick Larguet, un autre rugbyman, victime de cette agression, racontait à l’époque l’histoire à La Dépêche du Midi : « On allait descendre dans le parking Jean-Jaurès. J’ai entendu une personne qui criait : ‘‘Ça va les bougnoules ?’ Je me suis retourné et j’ai aperçu un gars costaud qui traversait les allées Jean-Jaurès avec un copain. J’ai demandé s’il s’adressait à moi. Il continuait sans cesse ses insultes racistes. J’ai voulu me retourner et il m’a décroché un coup de poing de toutes ses forces dans la mâchoire. J’ai reculé, j’étais dans le brouillard. Pendant ce temps-là, il a frappé mon copain. Il était hystérique, enragé. Je ne savais pas qui m’avait agressé mais ses amis l’appelaient Chalu. Je l’ai reconnu sur le site internet du Stade Toulousain. »

La sélection de Bastien Chalureau n’est, bien évidemment, pas passée inaperçue.

Côté vestiaire et entourage des Bleus, les réactions sont partagées. Si l’entraîneur de l’équipe nationale Fabien Galthié assure que « le racisme n’a pas sa place dans l’équipe », il « nuance » son propos de la sorte : « Bastien nous a informés de cette affaire, il nie fermement les faits. Ça fait maintenant un an qu’il vient avec nous, et avant de sélectionner un joueur, on le rencontre, on partage avec lui notre façon de vivre, de jouer au rugby », ajoutant in fine qu’« une coupe du monde, ce n’est pas pour les mauviettes. »

Le capitaine des Bleus, Antoine Dupont, considéré par chacun comme le meilleur joueur de l’équipe – si ce n’est du monde –, fait lui aussi bloc derrière son coéquipier : « On était déjà au courant de cette affaire […]. Avec Bastien, ça se passe très bien. Depuis qu’il est arrivé avec nous, il a toujours eu une attitude exemplaire. Que ce soit sur le terrain ou en dehors. Et pour nous c’est ça le principal aujourd’hui. »

Pour leurs parts, la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, tout comme le président de la fédération, se sont contentés d’un sobre « Chacun doit laisser la justice faire sereinement son travail ».

Finalement, une des seules voix discordantes vient d’un ancien capitaine de l’équipe de France, Thierry Dusautoir, qui s’explique clairement : « Je suis un peu gêné parce que je suis ami avec la victime et j’ai un avis assez arrêté sur la question. J’ai toujours eu un problème avec lui en équipe de France. Maintenant je ne suis pas objectif. Si j’essaye d’être objectif, il y eu appel de la décision de justice, donc on va attendre l’issue de cet appel-là. Bastien Chalureau a été sélectionné en 2022. Les faits précèdent cette sélection. Je suis surpris par le timing de cette polémique, sachant qu’on a eu toute une année pour se rendre compte que ce joueur avait ces soucis-là. D’autant plus que ce sont des choses publiques, dont on a déjà parlé il y a deux ou trois ans. »

Outre le « timing », qui peut en effet interroger, il y a un autre élément de cette affaire qui interpelle : avant que le nom de Bastien Chalureau ne soit annoncé, c’est celui de Mohamed Haouas qui circulait. Un choix finalement écarté car ce dernier a été… condamné pour violences conjugales. Comme quoi le « deux poids, deux mesures » n’existe pas qu’en politique.

Une dernière manœuvre-qui-arrange-bien pour la route ?

Pas sûr que le choix de sélectionner Bastien Chalureau soit très intelligent, l’équipe ayant autre chose à faire que de s’encombrer l’esprit avec une vaine polémique – d’autant plus s’ils mettent les uns après les autres les pieds dans le plat !

Quoi qu’il en soit, on ne saurait dire qu’en Ovalie, mieux vaut donc insulter les « bougnoules » que frapper sa femme… Mais de toute évidence, pour éviter un débat national et d’énormes pressions politiques, mieux vaut être un rugbyman accusé de racisme qu’un footballeur ne chantant pas la Marseillaise, ou un chanteur accusé d’antisémitisme (à noter que cette dernière vaut uniquement pour les rappeurs, pas pour les écrivains).

Larmes de crocodile

Lundi 4 septembre, Emmanuel Macron est venu à la rencontre de l’équipe de France. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la séquence médiatique n’a pas été une réussite. Dans un premier temps, on entend le Président tenter de consoler l’entraîneur avec un « Il ne faut pas se laisser aller aux polémiques » – c’est qu’il s’y connaît en la matière ! Puis Fabien Galthié confie au Président que « Bastien va parler. Il doit dire les choses. S’il doit pleurer, il doit pleurer ».

Un échange qui hôte toute la spontanéité de la conférence de presse donner plus tard par Bastien Chalureau qui, en larmes, assure qu’il n’est pas raciste mais, bien au contraire, qu’il est « un fédérateur ». Il semblerait même que le rugbyman ait arrêté de suivre et de liker des publication d’extrême droite sur les réseaux sociaux !

9 commentaires

  1. J4ck le 5 septembre 2023 à 07:01

    Ovalie, mieux vaut donc insulter les « bougnoules » que frapper sa femme…

    Sauf que vous avez tendance à oublier qu’en France, on applique la présemption d’innocence. En effet, on a des images accablantes d’Haouas qui le condamne fermement. Chalureau, quant à lui, n’a été qu’accusé de racisme.

    Vous n’avez pas honte de salir le nom de quelqu’un parce que deux pauvres gars veulent aggraver la peine de leur agresseur ?
    Il a déjà été condamné par la justice pour l’agression et il en a payé le prix.

    Quand vous aurez des billes sur cette histoire de racisme, revenez faire votre beurre sur cette histoire.

    J’ai tendance à ne plus rien croire de ce que disent les médias en ce moment, on ne peut plus vous faire confiance.

  2. fousseini thiam le 5 septembre 2023 à 10:13

    pour ta gouverne benzema a été privé d’équipe de france le premier ministre a l’époque était intervenu la presemption d’innocence elle est ou? et pour finir en première instance il a été condamné pour agression raciste .j’ai tendance à croire que chez vous il y a deux justice devinez les quelles

    • Frédéric Essertel, éducateur spécialisé le 5 septembre 2023 à 21:44

      Heureusement que le rugby à 13 existe !!!😉😉😁😁

  3. AAA le 5 septembre 2023 à 14:30

    Encore une fois, deux poids deux mesures : les deux intéressés ont interjeté appel et sont donc présumés innocents, autant l’un que l’autre.

  4. Stein le 5 septembre 2023 à 18:24

    « un échange qui hôte toute la spontanéité.. « .. Ouh… Ça c’est du journalisme !!

  5. sacuto le 6 septembre 2023 à 11:04

    c’est une bagarre entre rugbymen et les deux qui se sont faits corriger portent plainte. Il sont passés où le courage et l’honneur? Quand tu te prends une branl… ,tu digères. Porter plainte après une bagarre à la loyale, j’ai du mal à comprendre. Et puis pour se venger un peu plus on l’accuse de racisme? Vous vous êtes déjà battus? Dans ces moments là on ne contrôle pas ce qu’on dit, et même on a tendance à en rajouter pour exciter les autres.
    Maintenant on veut quoi ? Il y a quelqu’un dans sa tête pour juger s’il est raciste? On veut des gens à la moralité parfaite? Les donneurs de leçons actuelles ne sont pas si regardants sur les journalistes menteurs, les politiques escrocs ou pédophiles…

    • Jess le 11 septembre 2023 à 09:13

      Sauf que ct pas une bagarre à la loyale où on lache dea mots comme ça. Le gars l’a appelé au loin. Il a voulu tabasser de l’arabe.

  6. Sulpsar le 8 septembre 2023 à 01:32

    Mais non mais non vaut mieux cogner sa femme … du coup tu restes à l’assemblée nationale avec la bénédiction du grand calife

  7. Justice4ALL le 9 septembre 2023 à 11:12

    C’est grave d’accorder pour un « Chalureau » ,de lui pardonner des « faits reprochables » et, anti républicaines et, condamner un autre « HAOUAS » pour violences conjugales pour satisfaire un « électorat féministe » !Ce « deux poids ,deux mesures » est une véritable honte # _pour la FRANCE !On voit bien de quel coté ce gouvernement « penche » !Un jour ,on se lèveras la veille après avoir mal digérer la défaite et, la prise de tout les pouvoirs étatiques par la « lie » nationaliste ,raciste et, antisémite que représente l’extrême droite de MARINE LE PEN , R-HAINE et, autres acolytes « zemouriens » !!!Dans le cas du « révisionnisme pétainiste » de ZEMMour ?IL faut aussi lui pardonner ces « écarts » ???!_J’ai HONTE pour ceux qui laisse entrer la _bête !-

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