Retailleau, l’extrême provocateur
Il est ministre de l’intérieur depuis le 21 septembre dernier. En six semaines, il se démultiplie contre les députés LFI, les supporters du PSG, les étudiants de Lyon III. À chaque fois, il dégaine une menace de plainte ou de signalement.
Trois jours après son entrée en fonction en tant que ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau dépose une plainte contre le député Raphaël Arnault pour avoir, dans un tweet, mis en cause l’action policière en Nouvelle Calédonie ainsi que le couvre-feu en Martinique. Le député antifa y relevait une continuité avec le soutien au gouvernement israélien : « Tu m’étonnes que ça soutienne aussi fort la politique d’Israël ».
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La seconde plainte est déposée le 21 octobre pour « injure publique » contre le collaborateur d’une députée LFI, Ritchy Thibault. Il écrivait sur X : « La collaboration entre les enfants de Pétain de la police nationale et les torchons de Bolloré est logique. Rien d’étonnant dans le fait d’être fiché par un régime en cours de fascisation ».
La troisième action vise la députée Marie Mesmeur, députée LFI d’Ille-et-Vilaine à la suite d’un tweet où elle polémiquait avec Fabien Roussel. Le secrétaire national du PCF écrivait : « Hier soir à Amsterdam, des supporters ont été chassés, menacés et lynchés, dans la rue d’une ville européenne, car ils sont juifs ». La députée lui répond : « Ces gens-là n’ont pas été lynchés parce qu’ils étaient juifs, mais bien parce qu’ils étaient racistes et qu’ils soutenaient un génocide ». Le ministre de l’intérieur a annoncé qu’il avait signalé à la procureure de Paris les propos de Marie Mesmeur « au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale, pour apologie de crime ».
LFI est dans le viseur. Mais ce ne sont pas les seuls ! Les supporters du PSG ont osé déployer une banderole « Free Palestine » dans le stade. Il faut dire qu’elle était spectaculaire ! Retailleau en appelle aux sanctions. L’UEFA ne le suit pas.
Retailleau n’est pas seul dans sa guerre. Il a reçu le renfort du ministre de l’enseignement supérieur qui annonce effectuer un signalement à la justice après la tenue d’une manifestation propalestinienne contre la venue, vendredi, de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, à l’université Lyon-III. Scandale : « Free Palestine » et « Free Gaza » avaient ainsi été tagués. Lors de la manifestation réunissant 200 étudiants, on a même entendu des slogans hostiles tels que « Yaël casse-toi », « génocidaires hors de nos facs ». Oh my god !
Les initiatives du ministre de l’intérieur visent à chaque fois des tweets, des banderoles, des manifestations… Tout ceci fait partie d’une chaine d’actes cohérents de la part d’un ministre qui considère que l’État de droit n’est « ni intangible ni sacré ». Retailleau est un provocateur.
Comment faire face à ces surenchères ? On ne peut que s’offenser et s’inquiéter des actions d’un ministre idéologue en guerre contre les libertés.
En même temps, on ne peut que condamner ce qui s’est passé à Amsterdam. On ne peut pas présumer qu’il n’y avait pas d’attaques indiscriminées et antisémites visant des supporters d’un club israélien. Le soutien aux Palestiniens ne sort pas renforcé des scènes de violence et de lynchage qui ont eu lieu à Amsterdam. Et Retailleau en tire parti.
Par principe comme par intelligence politique, même sur les racistes, on ne tape pas. Point. L’engrenage de la violence conduit au pire. Tout comme la judiciarisation des opinions politiques.