Ras-le-bol général : trouble dans l’ordre des choses

Budget, Lecornu, Macron : la journée de mobilisation révèle un pays à bout de nerf.
À l’appel de toute l’intersyndicale, ce jeudi 18 septembre, la France vit une nouvelle journée de grèves et de mobilisations. Mais ce serait tromper le réel que de croire qu’il s’agit seulement d’un rendez-vous syndical. Toute la gauche, dans sa diversité, se donne rendez-vous dans la rue.
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La séquence s’accélère. Après la crise institutionnelle générée par le défi des députés – un gouvernement introuvable, un premier ministre sans autorité, un pouvoir à bout de souffle – puis la mobilisation spontanée du 10 septembre, voici le nouveau wagon de la contestation. Cette fois, les syndicats prennent le relais mais sans pour autant fixer de cap précis.
Officiellement, la journée est dirigée contre le projet de budget. Mais quel budget au juste ? Celui d’un ministre déjà discrédité, celui d’un exécutif qui n’exerce plus vraiment le pouvoir ? Tout indique que, dans les cortèges, le rejet ira bien au-delà des colonnes de chiffres. C’est le pays qui est à bout de nerfs.
Rarement, les syndicats de travailleurs ont appelé à la mobilisation sans mot d’ordre, sans slogan unificateur, sans plateforme revendicative. Ce fait est révélateur de l’état du moment : permettre l’expression d’un ras-le-bol général.
L’ambiance s’annonce électrique. La colère est diffuse et tenace depuis deux ans et l’imposition au forceps de la réforme des retraites. Défiante aussi. On ne sait pas à quelle sauce le pays va être mangé mais chacun perçoit que cela ne peut pas continuer ainsi. Les gens veulent que ça s’arrête. Pas seulement les prix qui flambent, pas seulement les inégalités qui s’aggravent : ils veulent que s’arrête la vacance de la politique, la fuite en avant, l’impression de dérive permanente.
Il n’y a pas d’interlocuteur. Il n’y aura pas de compromis possible. Tout peut arriver et c’est peut-être cela le plus nouveau : l’incertitude n’est plus seulement dans les institutions, elle est dans la rue.
Le 18 septembre est un test grandeur nature. S’il confirme la lame de fond entrevue le 10 septembre alors la séquence s’ouvrira vers l’inconnu. Une chose est certaine : cette journée ne sera pas un épilogue. Elle sera, au mieux, un commencement. À la gauche de lui offrir un horizon.