Réforme des retraites : que les politiques fassent de la politique

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Les députés votent sur la réforme des retraites. Quelle stratégie à l’Assemblée nationale pour s’y opposer? La question n’est pas tactique, elle est politique.

Face au projet de réforme des retraites, un rapport de force, solide et ancré, est en cours de construction. Les syndicats, unis, se mettent à son service. Le rythme et l’ampleur de la mobilisation sont donnés par les manifestations et les débrayages. Des millions de personnes agissent d’ores et déjà et l’élargissement du mouvement reste plus que jamais la clé. Toute idée d’avant-garde est vaine. Dès décembre, la secrétaire confédérale CGT, Catherine Perret, affirmait que son syndicat soutiendrait toute forme de lutte, quelle qu’en soit l’origine. Mais aucune ne doit être tenue pour plus légitime que d’autres : c’est leur conjonction qui permettra au mouvement de s’amplifier dans la durée.

 

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Cette adéquation de forme et d’actions avec le mouvement social est aussi recherchée par les partis de gauche. À l’Assemblée nationale, leurs députés se veulent à l’image du mouvement. Que représenter ? Une France en colère, « au bord de l’insurrection » ? Une France pleine d’une colère froide ? La résignation tant redoutée recule et le climat des manifestations est marqué par la détermination tranquille. Mais la radicalité ne se mesure pas à l’aune de la violence des actes et des mots. Les charges violentes contre un « adversaire politique » qui se meut en « ennemi » est loin de l’état d’esprit des foules manifestantes.

Le sujet n’est pas seulement là. Les députés ne sauraient se substituer aux syndicats, aux AG d’entreprises – pas plus qu’à celles des étudiants. C’est avec eux et c’est là que se construit la mobilisation, facteur décisif de toute victoire. La fonction des députés est de donner à voir ces mobilisations. Mais surtout de faire la loi, de proposer une logique politique alternative à celle qui conduit à l’iniquité de réformes successives, dont la réforme des retraites est un sommet.

Le mouvement social a besoin que les peines du travail s’entendent dans l’Assemblée, que des arguments solides soient énoncés, que des solutions soient proposés. Que chacun soit placé devant ses responsabilités : que les députés votent devant le peuple. Le mouvement a besoin que chacun joue son rôle, que les partis fassent de la politique et que les débats soient menés.

C’est d’autant plus nécessaire que le Rassemblement national est en embuscade, dans une France dont on sait depuis 2017 qu’elle est politiquement éclatée. Ce serait un comble de laisser le parti de Marine Le Pen se présenter comme l’expression du plus grand nombre, le garant de la protection des démunis, voire le champion de l’ordre et du bon sens républicain. Si la gauche ne parvient pas à incarner, non pas une partie du « peuple » la plus déterminée à s’opposer, mais la plus large pour bâtir un autre avenir, c’est au RN que la voie est ouverte. Il n’y a pas de fatalité à cette éventualité.

 

La rédaction

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