PSA, le jour le plus long
Comité central d’entreprise ce matin, réunion tripartite au ministère du Redressement productif ce soir… La journée s’annonce chargée pour les salariés de PSA qui espèrent le concours de l’État pour faire reculer la direction sur les 8000 licenciements annoncés. Trois questions à Michel Ducret, CGT métallurgie.
Regards.fr. Qu’attendez-vous de cette journée ?
Michel Ducret. Il faut que la direction revienne sur les 8000 licenciements. Et pour tout vous dire je suis inquiet. La direction a inscrit un point supplémentaire à l’ordre du jour du comité central d’entreprise. Initialement, nous devions débattre de l’alliance entre General Motors et PSA et de l’organisation du travail. Et finalement, nous devrons aussi décider d’autoriser ou pas les mutations et les mobilités entre les sites d’Aulnay, de Poissy et de Rennes. Ce qui revient à décider de la mise en place du plan social. Tous les syndicats ont réclamé que ce point soit retiré de l’ordre du jour, mais en vain. La direction joue la montre.En juillet dernier, nous avons mandaté des experts pour la production d’un rapport portant sur la stratégie financière du groupe, la stratégie avec la filière automobile, et celle du groupe en général. Ce rapport sera remis le 29 novembre, et la loi prévoit que le Plan social de l’entreprise (PSE) n’entre pas en vigueur avant la publication du rapport d’expertise… Sauf en cas d’accord avec les syndicats. Ce qui explique ce nouveau point à l’ordre du jour. Il y a beaucoup de pression et il est possible que cet accord soit voté.
Quelles conséquences sur la réunion tripartite de ce soir avec Arnaud Montebourg ?
Si les mutations et la mobilité des salariés sont entérinées, il va être plus difficile d’instaurer un rapport de force avec la direction. D’autant que l’État ne semble pas très ferme sur les garanties demandées à PSA en contrepartie des 7 milliards d’euros publics accordés à la banque du groupe. Alors que le ministre s’est montré très assuré en parlant de « zéro salarié à pôle emploi », Philippe Varin est resté très flou sur ses engagements. Nous serons intransigeants sur ce point : l’argent public ne peut pas être investi sans garantie de sauvegarde des emplois. Nous attendons d’Arnaud Montebourg qu’il soit ferme sur ce sujet. En l’état actuel des négociations, j’ai bien peur que Varin ne bouge pas d’un iota son plan social.
Vous avez peu confiance dans la détermination du ministre ?
J’ai l’habitude de le côtoyer, je l’ai rencontré lors du comité stratégique des filières automobiles. Je trouve que le gouvernement actuel mène davantage une politique d’accompagnement des entreprises qu’une politique offensive pour la défense des emplois. Lors de la dernière commission paritaire extraordinaire avec le patronat de l’automobile, nous avons présenté un document recensant des propositions pour améliorer la situation de la filière automobile. Aucune de nos propositions n’ont été prises en compte mais en revanche le ministre semble à l’écoute des PDG. De la même manière nous avons fait des propositions visant à démontrer qu’on pouvait sauver le site d’Aulnay à condition de remettre en cause la stratégie de PSA. En vain. Pourtant, derrière tout ça il y a 8000 familles qui attendent de savoir quel sera leur sort, qui espèrent beaucoup de cette journée.