Procès Mazan : les hommes à la barre

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Samedi, une soixantaine de mobilisations contre les violences faites aux femmes seront organisés en France. Avec, en toile de fond, le procès des viols de Mazan qui continue d’ébranler le pays et nos consciences.

Depuis quand un procès n’a-t-il pas interpellé, secoué notre pays comme celui qui se termine à Mazan ? En France et à l’étranger, les articles sur ce procès sont parmi les plus lus. D’où vient cet intérêt soutenu ? Sûrement du caractère insensé du crime jugé : un homme qui fait violer sa femme 200 fois en 10 ans. Comment cela a-t-il pu advenir ? Quel monstre est-il ?


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Ensuite, il y a Gisele Pélicot. Elle est devenue une icône par son élégance et sa force. Celle d’avoir imposée la levée du huis-clos ; celle d’écouter, stoïque, les hommes qui l’ont violée et, calmement, de ne pas leur pardonner. Chaque jour, elle est accueillie au palais de justice par des banderoles et une haie d’honneur assurée par d’autres femmes qui la remercient pour son courage. Elle a dit : « La honte doit changer de camp ». Et elle a conservé son nom, Pélicot, pour que ses enfants et ses petits-enfants puissent le porter dignement. Elle a mené ce combat pour sa dignité à tous les moments.

Et puis, semaine après semaine, le procès Mazan a dépassé le fait divers, même exceptionnel. C’est toute la société qui s’est interrogée sur ce défilé d’hommes tellement ordinaires. Des monstres ? Peut-on le dire devant un tel échantillon de tout âge, de toute profession, si souvent pères ? Aucun n’a sonné l’alarme, même parmi ceux qui ont ressenti un malaise et fait demi-tour. Ceux qui sont restés – et parfois revenus – ont joui du corps d’une femme inerte : la chosification à son apogée qui fait bander ! De quoi sont faits les fantasmes ?

Tous les hommes de potentiels violeurs ? Non. Mais tous sont devenus des adultes dans une culture qui rend possible le viol. Il est clair que s’extirper de cette histoire demande d’y travailler avec vaillance. Se déconstruire. Repenser ses relations avec les femmes, dans l’intimité et au quotidien. Prendre la mesure de l’imprégnation de ces rapports inégaux fait de puissance et de domination. 

Et c’est sans doute cela qui est nouveau. Il est vrai que ce sont surtout les femmes qui ont été mobilisées. Toutes savent et comprennent. Et bien sûr, tous les hommes n’ont pas à se sentir « coupables ». Mais, pour la première fois, des hommes ont pris part à l’émotion, la réflexion, la lutte féministe : c’est le but ultime. Le combat féministe est celui de l’égalité. Il se joue dans l’intime et le social, dans les inconscients et dans les représentations. En ce sens, il concerne autant les femmes que les hommes. Il libère aussi les hommes de leur aliénation. 

Et bientôt les hommes politiques, aujourd’hui prostrés dans le silence, y prendront leur place. C’est inévitable. Mais quand ?

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