Municipales : la gauche incapable de faire comme Mamdani ?

Image

C’est bien beau d’applaudir à l’unisson l’élection du maire de New-York. Ce serait encore mieux de s’en inspirer pour ne pas faire des élections de 2026 une énième Bérézina.

Le 1er janvier, Zohran Mamdani va prendre ses fonctions de maire de New-York. Toute la gauche française a applaudi à l’élection de celui qui affirme dans des politiques concrètes une autre façon de faire ville commune. Dans la ville-monde, cœur du capitalisme, Zohran Mamdani a gagné en parlant logement, transport, pouvoir d’achat, petite enfance. Il a fait des propositions qui ne sont, certes, pas toutes révolutionnaires mais qui apportent des débuts de solutions aux New-Yorkais. Il a indiqué qu’une autre politique est possible. Il a su faire entendre une voix de gauche plus forte que celle de Donald Trump, plus mobilisatrice et attirante que le filet d’eau tiède du Parti démocrate.

Cohérentes comme toujours, les gauches françaises s’en inspirent-elles ? Labourent-elles le pays avec des propositions de gauche, concrètes ? Se mobilisent-elles dans les villes et les villages, en faveur des cantines gratuites, bio ? Disent-elles comment aider la construction de logements sociaux et l’isolation des maisons ? Annoncent-elles des plans pour rendre accessibles tous les équipements publics (rampes, ascenseurs et horaires) et un autre pour que l’espace public soit partagé et planté, qu’ils soient des lieux de rencontre et de rafraîchissement des villes ? Vantent-elles les mérites des régies publiques de l’eau pour assurer une eau de qualité, sans PFAS ? Parlent-elles de démocratie, de paix, de solidarité, de vie associative, de culture et de sport… ? Partagent-elles ses bilans, ses expériences et ses projets nouveaux ?

Ah !? Vous n’en avez pas encore entendu parler ? En vérité, en dehors des premières réunions publiques tenues localement par les courageux candidats, personne n’en a entendu parler. Les candidats de gauche qui pourtant défendent ces projets progressistes… ne sont pas vraiment aidés dans leur campagne. Ils rament seuls. Les partis de gauche préfèrent continuer de s’écharper sur les alliances de premier et de second tour.

Nul ne considère secondaire la traduction cohérente et politique d’un projet. Les compositions de listes et les alliances politiques, ça compte. Aussi, nous nous réjouissons que communistes et insoumis, par exemple, aient enfin trouvé un accord pour que Saint-Denis la rouge redevienne une ville pour le peuple de Saint-Denis. C’est le cas dans beaucoup d’autres villes populaires où l’accord se fait aussi avec les écologistes et même souvent avec les socialistes. Mais que penser de la multiplication incohérente de listes avec des alliances tantôt comme ci, tantôt comme ça ? Qui ne voit les risques qui pèsent sur les plus grandes villes française comme sur une myriade de petites villes que convoitent le RN ?

Ces divisions ne s’enracinent que marginalement dans les désaccords sur les politiques locales. Quelle cohérence dans des listes insoumises face à Patrice Leclerc à Gennevilliers ou Patrice Bessac à Montreuil ? À l’évidence, il n’y a pas de quoi se pâmer devant le bilan de Delanoë-Hidalgo : Paris n’a jamais été aussi bourgeoise et ségréguée. Mais est-ce raisonnable de prétendre que quatre listes à gauche vont améliorer la question ? Est-ce tolérable que le PS annonce ne pas vouloir fusionner au second tour avec les insoumis ou que Sophia Chikirou ne veuille pas qu’un socialiste soit maire de Paris ? Laisser les clés à Rachida Dati, est-ce une bonne idée ? Et on peut allonger la liste : Jean-Michel Aulas à Lyon, le RN à Marseille…

Évidemment, c’est l’ombre portée des dissensions nationales et des compétitions futures qui pèsent dans ce désolant éclatement. Les directions des partis, les candidats pour la présidentielle, pourraient aussi voir que 2027 se passera très mal si les débats qui polarisent sont ceux portés par la droite et l’extrême droite, sur les impôts et la sécurité. 2027 s’annonce comme un cauchemar si le RN sort en force des municipales, si la gauche perd de grandes villes.

Avec les élections municipales, on pourrait ramener les confrontations politiques sur des bases qui oxygènent nos têtes, nos vies et la politique. On pourrait travailler à construire des ponts entre toutes les gauches, politiques, associatives, sociales, citoyennes. Et on va laisser passer cette opportunité !? C’est vraiment dur à avaler.

Partager cet article

Actus récentes

Abonnez-vous
à notre NEWSLETTER
quotidienne et gratuite

Laissez un commentaire