Louis Sarkozy est le chouchou des algorithmes

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Il est donc officiellement autorisé à raconter n’importe quoi.

Dans sa chronique hebdomadaire sur RMC le 3 décembre, Louis Sarkozy lâchait cette dinguerie : « Ce qui tue les automobilistes, c’est l’assistanat », plaidant pour « supprimer les feux rouges, les lignes blanches, les panneaux de signalisation » au nom d’une plus grande liberté sur la route. Il présente les naked roads, ces « routes nues » sans signalisation, comme une solution miracle censée responsabiliser les usagers, réduire les vitesses et faire baisser les accidents. En quelques minutes, la formule est parfaite pour notre ère algorithmique : simple, emblématique, clivante, donc taillée pour être reprise, commentée, outrageusement partagée.

Les rédactions le savent désormais : Louis Sarkozy est un excellent client pour les algorithmes, ses déclarations garantissent de bonnes audiences et sont mises en avant par les systèmes de recommandation, à commencer par Google Discover et Google News. La tentation est forte de publier très vite, sans vérifier la solidité de ses chiffres ni la réalité scientifique des exemples brandis. Le Parisien, 20 Minutes ou encore la presse régionale ont rapidement dégainé, la polémique s’est emballée sur les réseaux sociaux.

Bingo ! À gauche, par exemple, on a cliqué en se moquant du caractère délirant et ridicule de la proposition. Au bout du compte, cela participe à faire de Louis Sarkozy un « bon client » des algorithmes, officieusement autorisé à dire à peu près n’importe quoi sans que beaucoup de journalistes prennent encore le temps de vérifier sérieusement ses propos.

Ironie du sort, seul Le Figaro a sérieusement effectué son travail, montrant que ces naked streets peuvent exister, mais en s’appliquant seulement à « des contextes très spécifiques et limités » : il n’est pas question de supprimer tous les feux rouges, tous les panneaux, ça n’a évidemment aucun sens. En plus, ces rues ne démontrent pas sérieusement leur efficacité et discriminent les usagers vulnérables sur la route.

Alors comment éviter que Louis Sarkozy et ses bêtises envahissent nos esprits ? Cette semaine, Emmanuel Macron a proposé une labellisation des médias, pour connaître le degré de sérieux déontologique d’une source de presse consultée. C’est sûrement imparfait, ça ne sauvera pas le monde, mais c’est une brèche dans laquelle il faut s’engouffrer.

Il faut forcer les algorithmes de diffusion de l’information, Google en tête, à prioriser le sérieux et la déontologie des sources. Il faut mettre à contribution les sociétés de journalistes sur le sujet, elles savent : grâce à leur lutte quotidienne pour la qualité de l’information, souvent contre leur hiérarchie et donc leur actionnaire. Un conseil de déontologie journalistique et de médiation existe en France : c’est une association de journalistes professionnels. Elle peut être saisie pour vérifier si un article respecte les règles déontologiques fixées historiquement par la profession elle-même.

Il faut que cette association devienne une autorité administrative indépendante, pour que les journalistes puissent se doter de puissantes capacités d’autorégulation, comme savent très bien le faire les scientifiques. D’ici là, Louis Sarkozy continuera son bonhomme de chemin médiatique, porté par la bêtise.

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