Les risques du pari des insoumis

LFI

JLM tout feu tout flamme, Hassan sur la photo, Aubry guerroyant contre les concurrents potentiels… LFI tente le tout pour le tout afin de décoller, dans un scrutin toujours plein d’incertitudes.

En l’espace de quelques jours, Rima Hassan a ostensiblement rendu visite au recteur de la Grande mosquée de Paris et Jean-Luc Mélenchon a fustigé le pouvoir français au nom de la « Nouvelle-Calédonie-Kanaky ». La plus visible des candidates de La France insoumise s’écarte d’une tradition laïque républicaine qui répugne à solliciter l’onction d’une autorité religieuse, surtout au moment d’une élection.

De retour du Sénégal où il vanta sa liberté d’expression mieux assurée là, et à Casablanca, qu’à Paris, le moteur véritable de la liste insoumise met en avant un des camps en présence, au moment où Paris décide de tourner le dos au consensus néo-calédonien qui, le 5 mai 1998, avait défini heureusement les bases d’un retour pérenne à la paix civile. Il soutient le droit légitime du peuple kanak à la reconnaissance. Mais il omet de souligner la nécessité impérieuse d’un compromis qui, à Nouméa comme à Pretoria il y a un peu plus de trente ans, est la seule voie pour éviter la victoire coûteuse d’un camp sur l’autre camp.

Tout cela renvoie à un « campisme » (« Choisis ton camp, camarade ! ») qui tente depuis longtemps l’entourage de Mélenchon, devenu le noyau du mouvement de La France insoumise. À court terme, cela répond à une tactique électorale. Dans un scrutin à faible participation, comme les élections européennes, un surcroît de mobilisation peut modifier sensiblement le pourcentage en suffrages exprimés.

Pour l’instant, LFI semble mobiliser une partie de son électorat, mais ne mord pas sur les autres familles politiques ou sur les abstentionnistes déclarés, ses intentions de vote oscillant entre 6 et 8%. Pour aller au-delà du score de 2019 (6,3%), elle compte donc sur une surmobilisation en sa faveur d’un électorat présumé sensible à l’appel du recteur de la mosquée de Paris et sur celui des outremers qui avaient contribué au bon score de Mélenchon en 2022.

Cette tactique sera-t-elle payante ? Elle peut l’être le 9 juin. Mais il est douteux qu’elle soit en état de freiner la dynamique d’extrême droite qui s’annonce. Et il est plus douteux encore qu’elle puisse servir de base à l’indispensable mobilisation de la gauche en vue des redoutables échéances de 2027.

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9 commentaires

  1. Berthelot Jacques le 29 mai 2024 à 13:59

    Refrain connu , LFI c’est mal , pas bien. Cela tourne à la rengaine, à l’obsession.
    Avec un beau titre anxiogène : « les risques du pari des Insoumis ».
    Sa tactique est mauvaise  » Et il est plus douteux encore qu’elle puisse servir de base à l’indispensable mobilisation de la gauche en vue des redoutables échéances de 2027. »
    On croit rêver, depuis plusieurs semaines le PS , le PC , EELV nous expliquent être TROP DIFFERENTS pour s’unir à LFI et dans cet article on nous explique que ce serait LFI qui rend impossible la mobilisation de la gauche pour 2027 , qui elle bien sûr se fera avec Hollande et Cazeneuve de vrais démocrates eux.
    Pour celles et ceux qui en ont assez de ce consensus médiatique unanime pour démolir en toute occasion LFI , comme le font nos chers éditocrates je conseille la lecture de cet article éclairant :
    Convocations policières pour « apologie du terrorisme » : les médias façon Orwell
    https://www.acrimed.org/Convocations-policieres-pour-apologie-du

    • Spengler le 29 mai 2024 à 20:16

      je partage cette analyse, Jacques. J’ajouterai : Plus vous tapez sur la France insoumise, plus vous donnez envie de voter pour sa liste. Au lieu de vous prétendre au dessus de la mêlée de la gauche, en distribuant les mauvais points à la seule France insoumise, vous gagneriez à être plus constructif, en repérant et dénonçant les erreurs des uns et des autres, pour œuvrer à l’union si elle est encore possible.

    • Davesnes le 29 mai 2024 à 22:43

      Il ne faut pas s’étonner. Pablo Pillaud Vivien et Catherine Tricot, les têtes pensantes de Regard, ont leur rond de serviette dans les médias mainstream comme BFM. Ils ne doivent pas trop s’éloigner de la doxa dominante, sinon ils ne seront plus invités. Les autres collaborateurs de Regard suivent bien sûr la même ligne anti-LFI.

  2. Cyrano 78 le 29 mai 2024 à 14:09

    Une des forces principales du RN sont les merdias mainstream.
    Une des faiblesses de LFI est le LFI-bashing systématique des mêmes. Regards est là pour nous le rappeler!!
    Mais, il y a un changement de ton (sur l’info pas sur le fond) chez Regards
    « Dans un scrutin à faible participation, comme les élections européennes, un surcroît de mobilisation peut modifier sensiblement le pourcentage en suffrages exprimés. »
    En gros et l’article vient APRES le succès de la mobilisation sur un GENOCIDE, si LFI fait un score correct ou bon cela ne changera rien à l’attitude de Regards sur LFI
    Au fait les journaleux vous avez un devoir d’information( pas uniquement des subventions)
    Est-ce que vos amis
    du PS
    du PCF
    d’EELV
    dénoncent ou pas un GENOCIDE en Palestine ?
    Sont-ils ou pas pour la reconnaissance immédiate de la Palestine comme la majorité du monde ?

    Merci de poser ces questions à vos amis qui sont beaucoup plus mieux que LFI !!!

  3. Cyrano 78 le 29 mai 2024 à 14:14

    Vous, vous êtes trompés de photo !! La preuve, vous en avez choisi une bonne à la différence d’un média respectueux de ses subventions.

    Je dis média respectueux en souvenir d’une pièce de Sartres….

  4. Lucien Matron le 29 mai 2024 à 23:38

    Vivement la fin de cette campagne pour les élections européennes dont les dérives sectaires, les punch-line stériles et souvent débiles, qui visent les forces progressistes et empêchent leur rassemblement populaire, ne servent en réalité que les intérêts de l’extrême-droite et de la macronie.
    A force de se tirer des balles dans le pied et de plus en plus souvent dans le dos, le paysage politique qui permettrait une alternative à la politique désastreuse de la macronie s’obscurcit de jour en jour : les communistes, les socialistes, les insoumis et les écologistes auront beaucoup de travail pour expliquer après leur défaite globale aux européennes qu’il faut du changement.

  5. Frédéric Normand le 30 mai 2024 à 11:07

    Mélenchon a bien compris que la Nupes avait fait long feu. Depuis il joue la surenchère pour que l’extrême-gauche, où il campe, prenne le dessus sur la gauche de Glucksmann. Les rapports s’inverseront-ils, comme cela s’est passé à droite ? Pour le moment non, la dynamique est du côté de Glucksmann. La social-démocratie résiste plutôt bien.

  6. Berthelot Jacques le 30 mai 2024 à 12:17

    Bonne nouvelle la gauche Hollande-Cazeneuve résiste plutôt bien !
    Celles et ceux qui ont participé à la mobilisation contre la loi El Khomri , si le sujet n’était pas sérieux auraient envie d’éclater de rire.
    Cette « gauche » qui voulait casser le code du travail , les droits des salariés , satisfaire le cher patronat , elle nous mène à de nos nouveaux désastres.
    les matraqués , les mutilés , les éborgnés victimes du trio  » social démocrate » Hollande, Cazeneuve, Valls apprécieront.
    saluons la mémoire de Rémi Fraisse.
    Ce site fait le choix de promouvoir cette  » gauche » qui nous a mené au désastre.
    Démolir LFI c’est dans l’air du temps pour avoir sa place dans le cercle fermé des éditocrates.

  7. Lucien Matron le 30 mai 2024 à 19:41

    Il n’y aura aucun changement politique en France sans rassemblement des communistes, des insoumis, des socialistes et des écologistes. Prétendre le contraire est une imposture. Ni les communistes, ni les insoumis, ni les socialistes, ni les écologistes ne peuvent obtenir la majorité seuls. Il ne s’agit pas de promouvoir l’idée des uns contre les autres, c’est stupide. Il s’agit au contraire de valoriser le rassemblement des forces sur un programme de changement. C’est comme dans un sport collectif, il ne s’agit pas de marquer des buts contre son camp.
    Il y a suffisamment de forces opposées à ce rassemblement à l’extérieur pour ne pas avoir à jouer les uns contre les autres.

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