L’Église catholique, un acteur mondial pas comme les autres

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Le pape François est mort, vive le pape ? Et au fait, vive quoi ?

La puissance du Vatican ne s’évalue pas au nombre d’hommes que composent son armée – aujourd’hui, ils ne sont plus que 135 dans la garde suisse, pas de quoi mener des guerres. Pourtant, le pape occupe aujourd’hui une place-clef sur la scène mondiale, aiguillon spirituel des catholiques – et même au-delà. Un rôle que François avait décidé d’assumer pleinement.


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Premier pape non-européen, Jorge Mario Bergoglio est né en Argentine et avait fait des pays du Sud l’un des objets premiers de ses attentions. D’abord parce que c’est là que l’Église est aujourd’hui en progression. Ce basculement est aussi le témoin de la prise en considération du monde dans son entièreté et dans sa pluralité, un monde qui n’a plus comme centre l’Occident. Mettre l’Église en phase avec cette réalité : c’est ce à quoi a travaillé François. D’ailleurs, ses nominations de cardinaux ont été largement tournées vers ces sociétés trop longtemps négligées : les électeurs européens ne seront, pour la première fois de l’histoire, pas majoritaires lors du conclave à venir. Plus fondamentalement, l’action et le verbe de Bergoglio démontrent une évolution culturelle importante : le Vatican version François n’a pas été le temple du conservatisme mais celui de la mise en perspective de la liturgie avec les réalités concrètes. Ainsi des souffrances des personnes migrantes ou de la question de la paix, notamment à Gaza, qui furent des combats importants du pape qui vient de décéder.

Dans cet esprit de rapport au monde contemporain, son encyclique historique, Laudato si, prononcée en 2015, a inscrit l’écologie au cœur du message de François. De même, il n’hésitait pas à interroger voire à s’opposer aux prises de positions de différents chefs d’État. Un pape au présent donc, qui assume un rôle de leader qu’il conçoit comme celui d’un influenceur de premier plan. Très présent sur les réseaux sociaux (des centaines de millions d’abonnés, toutes plateformes confondues), la moindre de ses paroles est analysée, interprétée, diffusée et suscite à la fois enthousiasme et débats. François avait compris cela : il avait saisi l’opportunité d’être une des rares boussoles morales de ce monde en feu.

Les corpus sur lesquels sont assis la foi catholique nécessiteraient des exégèses d’une libéralité à laquelle l’Église n’est pas encore prête, pour être véritablement progressistes.

François était un homme d’Église. Le placer sur un échiquier politique traditionnel, dire qu’il serait de gauche ou même révolutionnaire, est une erreur. Le placer sur un échiquier politique traditionnel est une erreur. Il cherchait à conforter sa communauté de croyants et s’est inscrit dans les dynamiques qu’il a tenté de comprendre. Tout en assurant la continuité historique du dogme : le caractère « sacré » de la vie fait partie de l’ADN du catholicisme, y déroger ne peut être mis à l’agenda du Vatican. Son opposition à l’avortement fut intraitable. En revanche, il assouplit le discours de l’Église sur les questions liées au genre ou à la sexualité, pour les prêtres comme pour l’humanité. Mais les corpus sur lesquels sont assis la foi catholique nécessiteraient des exégèses d’une libéralité à laquelle l’Église n’est pas encore prête, pour être véritablement progressistes.

Par sa force d’inertie à ce jour jamais démentie, l’Église catholique est un monolithe. Ces évolutions sont très lentes : elle se pense comme le lieu de la stabilité – voire de l’immuabilité. Pour ne pas disparaître, elle doit quand même prendre en considération le présent. C’est l’équilibre qu’a cherché à incarner le pape François. Le suivant, aura-t-il les mêmes ambitions ? C’est l’enjeu du conclave qui va s’ouvrir.

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1 commentaire

  1. Berthelot Jacques le 23 avril 2025 à 19:09

    Ce qui est dommage dans ce texte c’est que sur un sujet essentiel vous ignorez délibérément les actions et positions du pape sur la question du désarmement nucléaire.
    Le pape a toujours agit pour le désarmement nucléaire. le Vatican est un des premiers états à avoir ratifié le traité d’Interdiction des armes nucléaires.
    Il est vraiment surprenant de voir que la plupart des formations de gauche sont aux abonnés absents sur ce sujet.
    Tout en se réclamant du droit international ils « oublient » que le TIAN est entré dans le droit international en 2021, ils « oublient  » le contenu de l’article 6 du Traité de non Prolifération, ils « oublient » que le droit international dit que les armes nucléaires sont des armes d’exterminations et de destructions massives au même titre que les armes chimiques et non des armes conventionnelles.
    Comment peut-on quand on se dit de gauche et que l’on se réclame du droit des peuples dire que l’arme nucléaire nous protège et nous permet d’être en paix , sachant que seuls 9 pays sont dotés de l’arme nucléaire , quel mépris à la face des peuples du monde non dotés de cette arme , les peuples d’Afrique apprécient !
    Il faut plutôt comprendre : nous pouvons intervenir militairement contre des peuples non dotés , ne craignant pas de représailles nucléaires.
    On peut reprocher énormément de choses à ce pape mais sur cette question il a toujours fait preuve de lucidité. ne pas le dire est injuste.
    je conseille à toutes et tous la lecture du communiqué du mouvement de la Paix qui salue l’engagement constant du Pape François en faveur de la paix et du désarmement nucléaire.
    Si la plupart des formations de gauche sont inexistantes sur ce sujet , saluons l’action du Mouvement de la paix , d’initiative pour le désarmement nucléaire, du Mouvement pour une alternative non violente, signalons également que le PCF et la CGT agissent pour que la France ratifie le TIAN.

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