La France n’a plus les moyens de ses riches

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La lettre du 9 juillet 📨

par Pablo Pillaud-Vivien

211 milliards d’euros versés aux entreprises sans contrôle : et si le vrai gouffre budgétaire, c’était les actionnaires ?

C’est un chiffre qui fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le ciel de la rationalité économique : 211 milliards d’euros d’aides publiques versées aux entreprises en 2023. Un chiffre avancé par un rapport sénatorial porté par le communiste Fabien Gay et son homologue LR Olivier Rietmann. C’est un tiers du budget de l’État et trois fois le budget de l’Éducation nationale. Un chiffre inédit, colossal, bien supérieur aux estimations précédentes – entre 30 et 150 milliards. L’argent public coule à flots.

Aussi stupéfiante est l’absence de contrôle, de conditionnalité, de suivi démocratique. Ces aides, comme l’écrit le rapport, sont distribuées « en saupoudrage », sans véritable évaluation de leur efficacité, sans exigence de création d’emplois, d’investissements ou de transition écologique, et souvent sans même qu’on sache à qui elles profitent exactement. Une politique de la carotte, sans bâton, au service d’un capitalisme assisté – mais discrètement. La politique pro-business d’Emmanuel Macron depuis 10 ans a été faite au nom de la lutte contre le chômage, des investissements d’avenir et la réindustrialisation. Bilan : l’industrie n’a jamais été aussi faible dans notre pays et on n’a jamais vu autant de travailleurs pauvres.

Pendant ce temps, François Bayrou déclare que les finances publiques de la France sont « en danger mortel ». Mais qui met en danger la République ? Les hôpitaux ? Les chômeurs ? Les 15% de Français officiellement pauvres, selon l’Insee ? Ou bien ce système où l’État verse sans contrôle la richesse du pays, tout en restreignant les services publics ? Il faut le dire clairement : la France n’a plus les moyens de ses riches. Ce sont eux qui coûtent, qui captent, qui échappent. L’aide sociale la plus massive aujourd’hui, c’est l’aide aux grandes entreprises et aux actionnaires. Et contrairement au RSA, elle n’est soumise à aucune obligation. On soumet les précaires à 15 heures hebdomadaires de petits boulots au nom de la responsabilisation mais on gave les puissants sans la moindre contrepartie.

Pourtant, nous sommes confrontés à un mur d’investissements indispensables. Pour faire face aux dérèglements climatiques et conduire la transition écologique, pour rebâtir l’école, pour la santé, les transports, la justice… On lutte contre les incendies qui ravagent Marseille et l’arc méditerranéen avec des moyens dégradés. Pourquoi ? Parce que le gouvernement Attal, par décret, a annulé les crédits qui devaient servir à commander des avions supplémentaires pour la lutte contre les feux de forêt. Une décision prise au nom du « redressement des finances publiques » alors que les incendies ont coûté deux milliards au pays l’an passé.

Ce que révèle le rapport de Fabien Gay, ce n’est pas une défaillance administrative, c’est un choix de classe, habillé en politique économique. Dans la sixième puissance économique mondiale, on organise la précarité d’en bas pour mieux garantir la prospérité d’en haut. Au détriment du futur et même de notre présent immédiat. Il est temps de renverser cette logique. Et de rappeler que l’État n’est pas une caisse enregistreuse au service du CAC 40 mais un outil censé défendre l’intérêt général, la cohésion du pays et préparer l’avenir.

Pablo Pillaud-Vivien

🔴 ÉPIPHANIE DU JOUR

La Macronie vous informe : l’islamo-gauchisme à l’université n’existe pas

Emmanuel Macron, en huit ans de règne, a brandi plusieurs « grandes causes », d’une manière plus ou moins volontaire. L’égalité homme/femme, l’accessibilité à l’espace public aux personnes handicapées, la lutte contre les SDF… Tant et tant de réussites (non). Parmi ces causes, il y eut la lutte contre l’islamo-gauchisme qui « gangrène » l’université, belle bataille entamée en 2021 par la ministre de l’enseignement supérieur de l’époque, Frédérique Vidal. Bien sûr, la ministre n’a jamais lancé la moindre enquête à ce propos. Le max de son action fut de faire la Une du JDD et quelques plateaux sur CNews – elle ira jusqu’à se féliciter d’avoir fait reculer le fléau rien qu’en en parlant ! Brasser du vent pour diffuser la haine. Quatre ans plus tard, l’actuel ministre de l’enseignement supérieur, Philippe Baptiste, sort son t-shirt du Che et monte au front : « L’islamo-gauchisme n’existe pas ». Mieux, il s’en prend à la nouvelle lubie d’Emmanuel Macron : il n’y a pas non plus d’« entrisme des Frères musulmans ». Bref, la Macronie est pire qu’une horloge cassée. Elle, au moins, indique l’heure exacte deux fois par jour.

L.L.C.

ON VOUS RECOMMANDE…


« Réveiller la France ! Avec Dominique de Villepin ». Un entretien mené par Pascal Boniface. L’ancien ministre des affaires étrangères de Chirac fustige les inflexions de la politique internationale et diplomatique de la France, depuis Sarkozy, rangée derrière la vision militariste de l’Otan et des États-Unis. Villepin déplore une Union européenne divisée par la peur de se mettre Donald Trump à dos. Fidèle à lui-même, il défend la position de cette France qui donne la primauté aux principes, aux valeurs et à la diplomatie, à l’heure où le monde s’est rangé sur un deux poids deux mesures délétère. À voir parce que des mecs de droite comme lui, ça court pas les rues.

C’EST CADEAU 🎁🎁🎁

@geronimosaurus

Y a du Sigmund Freud Partenaria avec Kurokawa, « Centuria » le nouveau dark fantasy est dans les back dans toute les librairies

♬ son original – Geronimo

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