LA LETTRE DU 30 AVRIL

Sondage Regards-Harris : la gauche peut gagner en 2027
Dans quelle configuration la gauche peut-elle atteindre le second tour de la présidentielle ?
En 2027, la gauche peut-elle être une alternative crédible au macronisme et à l’extrême droite ? Dans ce moment peu réjouissant de divisions et de tensions à gauche, alors que chaque jour nous tombent sur la tête des dingueries toujours plus à droite, on a voulu en avoir le cœur net.
Bien sûr, un sondage n’est pas prédictif d’un résultat, encore moins à deux ans d’une élection dans ce monde si bouleversé. Au-delà du cadre général, les acteurs ne sont pas connus. Nous avons donc pris le parti d’interroger des Français de gauche sur la base des étiquettes de parti. Nous en mesurons les limites : une campagne, c’est un projet, un programme, un rassemblement de forces et un.e candidat.e. Rien de tout cela n’est en place. Les sondés le savent aussi bien que nous tous : leurs réponses dessinent pourtant des attentes voire des exigences.
Nous avons voulu tester trois configurations à gauche, en excluant la plus folle, celle d’une totale atomisation des partis : autant de candidats que de chapelles. Nous avons donc fait trois hypothèses d’alliance à gauche avec en face une configuration précise : une candidature RN et les petits bateaux de l’extrême droite + un candidat LR qui rêve de croquer un peu de l’électorat RN libéré par l’absence de Marine Le Pen + une candidature des macronistes (sûrement Gabriel Attal ou Édouard Philippe). Cette configuration détermine le niveau de suffrages à rassembler pour atteindre le second tour : nous la croyons à ce jour hautement probable. Par ailleurs, nous avons conservé l’hypothèse d’une candidature d’extrême gauche (LO).
Sans surprise, c’est une candidature de la gauche rassemblée qui obtient le meilleur score : 26%. Elle est alors qualifiée au second tour.
Nous avons testé deux configurations d’alliance en plus de celle de l’unité : une qui rassemblerait PS-PCF-EELV, LFI faisant cavalier seul ; une autre rassemblant LFI-PCF-EELV, le PS faisant cavalier seul. Ces deux hypothèses ne sont pas sorties de nos cerveaux créatifs : elles sont bel et bien dans le débat du moment. Dans le premier cas, LFI seule ferait 8%, le reste de la gauche rassemblée atteindrait 20%. Dans le second, le PS seul ferait 13% et le reste de la gauche rassemblée 16%.
Quels enseignements en tirer ? La candidature unique n’est pas la seule hypothèse pour permettre à la gauche d’accéder au second tour. Si l’ensemble des forces de gauche hors LFI se met d’accord sur un candidat, un projet, un programme, elle peut être crédible et réussir la primaire sauvage que serait le premier tour de la présidentielle. La crédibilité politique de cette hypothèse est loin d’être établie : comment réunir dans une même proposition propulsive à la fois François Ruffin et Raphaël Glucksmann ? Autre bémol, le sondage teste LFI et pas Jean-Luc Mélenchon : nul n’ignore le potentiel d’entraînement électoral du triple candidat à la présidentielle.
Dans l’hypothèse d’une candidature socialiste autonome, les 13% qui leur sont crédités confirment que le PS n’a pas disparu mais reste limité par son bilan et son absence de projet alternatif. Les 16% crédités au rassemblement LFI-PCF-EELV est dans l’étiage de la gauche d’alternative depuis maintenant de nombreuses années.
Au-delà des hypothèses de vote, deux questions complétaient cette enquête qui mesuraient le désir d’union. C’est confirmé : il est extrêmement puissant à gauche, où 8 sympathisants sur 10 souhaitent cette union. Les dissensions politiques ne sont pas ignorées mais les sympathisants de gauche qu’elles soient surmontées ou relativisées. La volonté d’une gauche qui compte ne s’est pas érodée malgré les efforts répétés de nombreux acteurs politiques. La responsabilité de trouver un chemin pour l’accession au second tour et la victoire en 2027 est immense. Il faut travailler aux convergences, aux modes de désignation et… go !
NÉGATIONNISTE DU JOUR
Trump rend l’Amérique plus grande !

Donald Trump a interdit aux diplomates américains d’assister aux cérémonies anniversaires de la fin de la guerre au Vietnam, qui se tiennent à Hanoï. Le président américain a auparavant supprimé les aides contribuant à faire face aux conséquences de la guerre américaine. Des centaines de milliers de bombes non-explosées doivent encore être neutralisées – le Vietnam a reçu cinq fois plus de bombes que l’Allemagne nazie. Pire encore, 80 millions de litres d’herbicide hyper-puissant (la dioxine) ont été largués sur les forêts et les zones arables. Ce poison effrayant contamine durablement les sols et la chaîne alimentaire et provoque malformations à la naissance, cancers, maladies de la peau et du cerveau, cécités… On compte 100 000 enfants de la quatrième génération après la guerre souffrant d’anomalies congénitales graves.
P.M.
ON VOUS RECOMMANDE…

« Cent ans de Frantz Fanon : panser les plaies coloniales », sur France Culture. Un podcast en quatre épisodes (le deuxième a été diffusé ce mardi). Alors que l’on célèbre le centenaire de la naissance du psychiatre martiniquais – et qu’un biopic est actuellement dans toutes les salles de ciné –, la pensée de Fanon, révolutionnaire, décoloniale et poétique, paraît plus que jamais d’actualité.
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