LA LETTRE DU 19 FÉVRIER

2027 : la division de la gauche ouvre des perspectives à droite
Plus le NFP se fracture, plus la droite peut se permettre des divisions stratégiques en toute sérénité.
Jean-Luc Mélenchon l’affirme : il y aura une candidature insoumise à la prochaine présidentielle. Il est alors hautement probable qu’au moins une autre candidature de gauche lui sera opposée. Cette perspective désole beaucoup de partisans du NFP et rouvre des appétits à droite. Si du fait de sa division, le score le plus élevé d’un candidat de gauche reste sous les 20% pour la présidentielle, la possibilité pour la droite (LR + macroniste) d’accéder au second tour face à l’extrême droite est facilitée. Cet ensemble de droite pourrait même se permettre le luxe de la division, elle aussi. Et c’est tout l’enjeu des débats qui se mènent à droite en ce moment.
Gérald Darmanin s’est prononcé pour une primaire de toute la droite pour dégager un candidat unique. Édouard Philippe, chouchou des sondages, partage l’idée qu’il faut un candidat unique de tout cet arc, mais il n’entend pas se soumettre à une primaire. À l’image de Jean-Luc Mélenchon qui récuse ce mode de sélection, il pense que le premier tour de l’élection sert à déterminer le champion de chaque camp.
Mais au-delà de la question des primaires, Philippe comme Darmanin font la même analyse : ils redoutent que LR seul soit trop faible et que la Macronie soit trop décrédibilisée et agonisante. La seule chance pour leur camp de passer le premier tour serait de s’allier. Sinon, comme dans leurs pires cauchemars, la gauche voire « l’extrême gauche », comme ils appellent LFI, pourrait en 2027 être face au RN. Et potentiellement gagner. Le positionnement de ces anciens ministres de premier plan passés à la Macronie (ils ne sont pas les seuls) les situent à l’intersection de LR et des macronistes : ils pensent donc pouvoir incarner cette alliance.
Laurent Wauquiez fait lui aussi le diagnostic de la fin de la Macronie. Il entend bien récupérer sa politique pro-business et l’insérer dans une vision autoritaire de droite. Il ne croit pas à la dynamique d’une alliance avec la Macronie. D’ores et déjà, il surligne sa différence avec elle. Les députés LR le manifesteront en votant contre la candidature proposée par Macron pour présider le Conseil constitutionnel.
Bruno Retailleau pense lui aussi que la Macronie est un astre mort mais, à la différence de Wauquiez, il estime qu’une candidature LR bien campée à droite est en capacité d’absorber les décombres de la Macronie et de récupérer une large partie de ses électeurs ainsi que ceux d’Éric Zemmour et de bloquer l’ascension de Marine Le Pen. Il croit dans la possibilité, avec une telle candidature au barycentre de toutes ces droites, d’accéder au second tour. Il tire argument de sa popularité parmi le peuple de droite et d’extrême droite.
Macronistes et LR ensemble ou pas : la réflexion stratégique à droite est possible parce que la gauche est divisée. Quoiqu’il en soit, il leur restera à élaborer une proposition politique qui aille au-delà du slogan pécressien « L’ordre dans la rue et les comptes publics » et qui cesse d’aller récupérer tous les relents xénophobes du RN. Aujourd’hui, l’hypothèse d’un second tour droite-RN deviendrait un danger pour notre démocratie pour une raison simple : Retailleau, Darmanin et consorts formulent un projet inacceptable pour le pays et la République et entérinent, de facto, la victoire de Marine Le Pen.
Pablo Pillaud-Vivien
CENSURE DU JOUR
Les socialistes déposent leur motion
La saison des motions de censure n’est pas terminée. Après celle de décembre, qui a fait tomber Michel Barnier venant de passer son budget en 49.3, puis celles de janvier (il y en a eu 5), déposées pour les mêmes raisons, qui ont échoué à faire tomber François Bayrou, voici donc la motion spontanée des socialistes. Ceux-ci n’ont pas voté les précédentes contre le premier ministre, alors il leur faut rééquilibrer un peu la balance. Ce n’est pas tant sur la question du budget que le PS attaque Bayrou, mais sur le fait que « l’extrême droite inspire les lois ou pire encore les dicte ». Les socialistes déplorent un gouvernement qui « a cédé aux passions tristes de l’extrême droite, offrant des victoires culturelles inédites au Rassemblement national qu’il est censé combattre ». Avec ça, on s’assure que le RN ne votera pas cette motion et on se rachète une image d’opposition. Ça ne mange pas de pain, mais c’est tout de même un minimum syndical.
L.L.C.
ON VOUS RECOMMANDE
« L’Allemagne face aux élections », sur Arte. À quelques jours des élections en Allemagne, un documentaire pour tout comprendre de la crise politique que traverse l’un des pays moteurs de l’Europe. Toute ressemblance avec la situation française n’est bien sûr pas fortuite…
ÇA SE PASSE SUR REGARDS.FR
Pour recevoir cette newsletter quotidiennement (et gratuitement) dans votre boîte mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !
Comment LLC peut parler de minimum syndical à propos de la fausse motion de censure du parti prétendument socialiste. Votre propension à renvoyer dos à dos le PS et LFI à propos de l’éclatement du NFP est insupportable.