LA LETTRE DE REGARDS #7

lettre7

La 5ème République jusque dans les européennes

En prônant la « présidentialisation » des élections de juin prochain, les insoumis ne prennent-ils pas le risque que le « champion de la gauche » finisse par être… Raphaël Glucksmann ?

En écrivant, début 2024, à Raphaël Glucksmann, François Ruffin avait il conscience qu’il lançait une nouvelle mode ? Lundi, c’est Manon Aubry, tête de liste de LFI pour les européennes, qui se fendait à son tour d’une missive, au parallélisme des formes déconcertant.

À chaque fois, l’objectif est le même : mettre en scène, sous des faux-airs de camaraderie, de sérieux désaccords. Ukraine, politique économique, vision de l’Europe… Tout y passe ! La liste est sérieuse et mérite d’être débattue – même si ces exercices répondent davantage à des questions tactiques de positionnement qu’à une vraie proposition de dialogue. Quoi de plus normal en période de campagne ?

Pourtant, en construisant cet échange de façade, les figures insoumises contribuent moins au débat de fond qu’à consolider la position centrale du candidat socialiste qui, caracolant en tête de la gauche dans les sondages, peut se rendre incontournable dans la perspective du rassemblement de la gauche. Cette possibilité est renforcée par la velléité des insoumis de faire de cette élection le « premier tour de la présidentielle ». Dès lors, le candidat qui sortira en tête sera-t-il fondé à se prévaloir d’un privilège particulier pour conduire son camp en 2027 ? C’est en tout cas le risque auquel conduit la présidentialisation de cette élection que d’offrir ce genre d’opportunités.

LOI DU JOUR

Ça vote sur les PFAS

Ce jeudi, les écologistes ont choisi de mettre à l’ordre du jour l’interdiction des polluants éternels dangereux pour la santé qu’on retrouve dans les poêles, les cosmétiques, le Gore-Tex, bref un peu partout. Les États-Unis, après quelques scandales retentissants, ont amorcé leur bifurcation rapide. Et la France ? Les industriels, Seb en tête, s’organisent pour mettre à mal la proposition de loi en mettant en avant le nombre d’emplois risquant d’être détruits. Tout est maintenant dans les mains des députés.

Pablo Pillaud-Vivien

ON VOUS RECOMMANDE

  • Le docu-fiction de Camille Étienne et Solal Moisan « Toxic Bodies », pour tout savoir des PFAS : 
  • #LaMidinale avec Nicolas Thierry, député écologiste qui porte la proposition de loi d’interdiction des PFAS :

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1 commentaire

  1. Magnus le 4 avril 2024 à 13:08

    LFI est simplement réaliste : ces européennes vont décider à quel point la « gauche » sera divisée 2027.

    D’ailleurs Glicksmann le dit lui-même : il fait cette campagne avec une recomposition de la « gauche » en tête.

    Il suffit de regarder le nouveau dirigeant de Syriza (ça ne m’étonnerait pas s’il a des liens avec la CIA) en Grèce pour voir ce que cela va donner.

    Pour info : la « gauche » est quasiment inexistante en Grèce.

    Bref, il est vrai que si LFI n’arrive pas premier à « gauche » dans ces élections européennes à la con de l’abstention, cela ouvre la voie à des conneries supplémentaires, notamment de la part de Glucksmann, PS et EELV.

    Je suis certain que LFI fera voter un peu plus de monde avec sa stratégie, du coup Regards aurait peut-être préféré qu’un peu moins de personnes votent, histoire que ce soit des « pures » élections européennes ?

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