LA LETTRE DU 11 SEPTEMBRE

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Queen Kamala VS Angry Donald : les États-Désunis d’Amérique

Les deux candidats à l’élection présidentielle américaine se sont affrontés hier soir dans un premier (et peut-être unique) débat. Les experts donnent la démocrate grande gagnante. Mais est-ce pertinent ?

La presse démocrate américaine et les grands titres occidentaux sont unanimes : Kamala Harris a largement dominé le débat télévisé qui l’opposait à Donald Trump ce mardi 10 septembre. Même Fox News et Elon Musk, pourtant fervents soutiens du candidat républicain, sont obligés de l’admettre à mi-mots. Mais qu’a appris le peuple américain des grands axes du projet des deux débateurs ? Pas grand chose car il n’a pas – ou peu – été question de politique et c’est sûrement là que le bât blesse le plus.

Mesurée et prudente (c’est peut-être ce dont les Américains ont besoin en ce moment à la Maison Blanche), c’est Harris qui a donné le tempo du débat en s’attaquant de manière frontale à ce qui est sûrement l’un des talons d’Achille les plus évidents de Trump : son égo surdimensionné. Et il est bien sûr tombé dans le piège à pieds joints : s’il a été particulièrement vif et instinctif, il est aussi souvent sorti de ses gonds. Bref, la stratégie de Harris a fait mouche.

Mais le plus saisissant lors de ce débat, ça a été le tourbillon de mimiques de Kamala Harris qui réagissait de façon appuyée à toutes les sorties de Donald Trump. Et que je te donne de la moue, de l’étonnement, de l’éclat de rire moqueur… tout semblait scénarisé. Sûrement dans le but de devenir des « mèmes » TikTok. Et il en allait de même des saillies et colères de l’ancien Président. Au fond, les deux candidats avaient un même objectif : générer des commentaires laudativo-humoristiques pour leurs communautés respectives.

Sauf que l’enjeu hier soir, aujourd’hui et durant les semaines à venir, c’est de réussir à faire basculer les fameux États-pivots, c’est-à-dire ceux où le vote pour l’un ou l’autre candidate. Cela n’est garanti ni par les traditions ni par les sondages. Dans ces États (moins d’une dizaine sur 51), il faut réussir à convaincre les indécis (quelques pourcentages peuvent suffire à faire basculer l’élection)… Ces électeurs hésitants sont scrutés par les médias américains, au cœur de stratégies de campagne… et sont à ce stade loin d’être lisibles.

La seule chose que l’on peut affirmer, c’est que ces électeurs ne semblent pas forcément raccord avec les experts qui ne voient que la supériorité de la Californienne. On se souvient du débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella : les commentateurs avaient acté la domination du premier quand les sondages avaient montré que les Français avaient conclu le contraire. La route est encore longue pour la Veep et l’ancien POTUS. Espérons bien sûr que la première l’emporte mais elle aura de toutes les façons fort à faire car l’irrespect mutuel de Kamala Harris et de Donald Trump est parfois drôle à voir mais il est d’abord le symptôme d’un pays coupé en deux et qui n’arrive plus à se parler.

Pablo Pillaud-Vivien

PIEGE DU JOUR

Marine Le Pen et les retraites : oulala

Par deux fois lors de son discours de rentrée Marine Le Pen l’a martelé : le RN n’est ni de droite ni de gauche. Cette affirmation est lourdement contredite par son opposition à la gauche et par son indulgence vis-à-vis du Premier ministre LR Michel Barnier. Son alliance avec Éric Ciotti accentue le brouillage pour celle qui se veut la force populaire et qui ne peut se voir accoler l’étiquette libérale et conservatrice. Aussi, contre certains de ses lieutenants, elle réaffirme des dimensions sociales de son programme. Et entend utiliser la niche parlementaire du RN pour proposer l’abrogation de la réforme des retraites – et même revenir sur la réforme Touraine qui a augmenté le nombre de trimestres exigibles pour une retraite à taux plein. En tant que premier groupe politique à l’Assemblée, le RN aura l’avantage du calendrier et sera le premier à pouvoir user de cette niche accordée aux groupes de députés pour des initiatives parlementaires. Que fera la gauche ? La question est redoutable. Si la gauche vote avec le RN, elle crée un précèdent et rompt le barrage républicain. Si elle ne vote pas, elle sera accusée d’avoir empêché la fin de cette réforme honnie. Et le piège continue. Si la gauche propose l’abrogation de la réforme (pas forcément la remise en cause de la réforme Touraine, du nom de la ministre socialiste de François Hollande) et que le RN le vote, alors Marine Le Pen apparaitra comme moins politicienne et plus en phase avec les attentes populaires que la gauche. Oulala.

C.T.

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