LA LETTRE DU 13 JUIN

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Le Front populaire a besoin d’un·e Premier·ère ministre : le gros enjeu

Qui sera Premier ministre si la gauche l’emporte aux prochaines élections législatives ? Cette question risque d’empoisonner la campagne si elle n’est pas rapidement soldée.

Les journalistes, imaginant trouver dans cette question la cristallisation des désaccords à gauche, ne lâcheront pas tant qu’ils n’auront pas de réponse claire. Et cela pourrait obérer ce qui devrait pourtant faire la force de cette campagne : son unité, son collectif, son programme partagé, son ambition pour le pays.

Comme l’extrême droite a Marine Le Pen – et dans une moindre mesure Jordan Bardella –, la droite a Emmanuel Macron – et dans une moindre mesure Gabriel Attal –, la gauche ne peut pas se priver d’avoir sa locomotive, son incarnation. Le refus de répondre exprime bien un problème à ce jour non résolu qui porte un nom : où est le centre de gravité de la gauche ? Chacun s’accorde sur le fait que le Premier ministre sera issus du premier groupe de gauche. Comme un train peut en cacher un autre… cette question du nom du Premier ministre rebondit sur la répartition des circonscriptions gagnables. Les arguments pour contourner la difficulté ne manquent pas de consistance : « faire de la politique autrement », « la jouer collectif ». Seulement, peut-on se détourner des propositions qui intéressent nos concitoyens pour se perdre dans des débats absurdes sur le nom du Premier ministre : il reste à peine deux semaines.

La question qui se pose est donc la suivante : qui ? Pour les législatives de 1986 qui avaient vu advenir une cohabitation de la droite avec le président Mitterrand, Jacques Chirac, Jacques Chaban-Delmas et Valéry Giscard d’Estaing s’étaient départagés une fois les rapports de forces entre leurs partis établis par les urnes. Mais le Front populaire n’a pas le luxe de la droite, en forte dynamique en 1986. Il lui faut activer tous ses leviers pour arracher la victoire. Alors, si les Insoumis sont le premier groupe, qui ? Mélenchon le taulier, le plus connu, le plus clivant, même à gauche ? Ou Ruffin, plus consensuel, plus nouveau, moins aguerri aussi ? Et une femme ? Non, toujours pas ? Clémentine Autain est une confluence de toutes les gauches. 

Pour l’instant, Mélenchon et Ruffin se sont déclarés « capables ». Le premier inquiète. Le second rassemble davantage mais il doit encore gagner son élection dans une circonscription où l’extrême droite fait des scores faramineux. Ruffin, Autain, Mélenchon, tous trois sont issus de ce qui sera probablement le premier groupe de la gauche. On rappelle aussi qu’Emmanuel Macron désigne qui il veut, si celui-ci ou celle-ci est accepté·e par le groupe majoritaire. La gauche a des atouts pour rassembler, dynamiser sans cliver. Alors go, pas de chichi et c’est parti.

Pablo Pillaud-Viven

FORCENÉ DU JOUR

Attal prêt à tout pour assurer son chômage

Et non, le forcené du jour, ce n’est pas Éric Ciotti qui a pris en otage son parti, mais bien le Premier ministre. Après avoir difficilement encaissé le choc de l’annonce présidentielle d’une dissolution – bonne chance pour sa réélection ! –, voilà donc Gabriel Attal, ce jeudi 13 juin, au micro de France Inter, qui confirme une boule puante qui traînait sous le tapis depuis plusieurs jours : « Un décret sera pris d’ici au 1er juillet » pour faire passer une énième réforme de l’assurance-chômage. Pourquoi une telle obstination à vouloir détruire les droits des plus démunis jusqu’au bout ? D’autant plus en tirant une balle dans le pied du macronisme juste avant les législatives… La réponse ne peut être que médicale. 

L.L.C.

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3 commentaires

  1. Magnus le 13 juin 2024 à 14:25

    Regards commence à devenir fatiguant. Toujours mêmes éléments de langage…

    Hier c’était Catherine qui disait plus ou moins que LFI ne va pas au-delà des 10% dans des législatives (sur la base des européennes où LFI a pourtant progressé !) car trop intransigeante et idéaliste, pas suffisamment dans la corruption et l’adhésion à l’ordre mondial injuste et raciste qui nourrit l’extrême droite.

    Aujourd’hui on a Pablo qui tient absolument à ce qu’un premier ministre soit désigné aujourd’hui.

    Sincèrement : si Ruffin soit désigné premier ministre comme ça en avance, qui est suffisamment con pour croire que des gens qui ont voté pour LFI dans les européennes ne vont pas s’abstenir dans les législatives ?

    C’est vraiment sous-estimer les gens, voir certains gens. Pour rappel, Catherine dit que les intellectuels ne votent pas pour LFI. On voit bien l’approche élitiste de Regards…

    D’après ce que je vois Regards nous dit : « Go, on va se faire entuber par un nouveau Mitterand, Jospin ou Hollande », ce qui rappelle Marx : L’histoire se répète la première fois comme tragédie, la deuxième fois comme farce. Go pour la farce alors.

    Puis :

    L’Histoire nous dit le suivant : ça ne sert à rien pour moi de voter pour ce « nouveau front populaire » si on n’apprend pas de l’histoire. C’est à dire : il faut faire en sorte que des personnes comme Delga ont le moins d’influence possible. Cela ne peut passer que par un gouvernement qui créé des canaux avec le peuple, nous les gens. En faisant en sorte que le peuple soit consulté au maximum, en trouvant et élaborant ce genre de moyens, cela diminue considérablement l’espace pour de la corruption et des intrigues. Avec un gouvernement qui s’ouvre au maximum au peuple, des personnes dans des dynamiques négatives dans leur partis auront bien moins d’influence. Cela serait un cercle positif : ainsi, plus de personnes vont vouloir s’engager dans la politique et cette politique à l’ancienne avec ces intrigues et conneries que quasiment tout le monde déteste aurait de moins en moins de poids.

    Est-ce que j’ai l’impression que c’est cela qui va voir le jour ? Non. Pas en lisant Regards en tout cas. Après j’espère être positivement surpris les jours qui viennent.

    Mais soyons honnêtes : même si on parle de la nécessité de s’ouvrir au-delà des appareils, engager un maximum de personnes, ce qu’on voit en ce moment est des accords entre appareils politiques, et il ne paraît pas très probable que le genre de contre-poids que j’ai dessiné va pouvoir trouver son chemin.

    J’espère me tromper bien sûr. Mais si on reste avec ce genre d’alliance soutenu par Delga et autres personnes qui ont montré à quel point elles vivent dans une bulle politique destructrice à l’ancienne sans le contrepoids qui réduit au maximum l’influence des intrigues etc. que le paysage médiatique où une logique commerciale et capitaliste règne adore (contrairement au peuple) – ben dans ce cas ça va mal finir. Parce que c’est illusoire de croire qu’il suffit de mener la lutte dans la rue pour éviter les conneries de la vie politique que quasiment tout le monde déteste. Il FAUT aussi des mécanismes une fois au gouvernement qui facilite le contrôle du gouvernement par la rue, par le peuple.

    Sinon on va juste répéter les mêmes erreurs, encore…

    On sait que Regards est porté par la nostalgie romantique et faussée du passé (Mitterand, Jospin, …), donc pas grand chose à espérer ce côté-là.

    Mais peut-on vraiment espérer grand chose de mieux par cette constellation douteuse qui va peut-être se mettre en place ? Ça m’étonnerait.

    Déjà, s’il s’agit d’imposer un premier ministre d’avance, on est déjà certain qu’il n’y aura pas de majorité.

    Donc dans ce cas je vote uniquement si je peux voter pour LFI, ou alors pour le NPA. Ou faudrait peut-être que je vote pour la lutte ouvrière si LFI et le NPA tous les deux se compromettent trop prochainement.

    Mais en lisant Regards je me dis : on va vers la fin de quelque chose. L’histoire montre que ça passe souvent par le pire dans nos société. Ben, tant pis. La façon à l’ancienne de Regards est au mieux divertissant dans sa farce.

  2. Copernic le 13 juin 2024 à 17:00

    Est-ce qu’on pourrait, pour une fois à Regards, lire autre chose que ce qu’on voit ou l’on entend sur les plateaux de Télé. La question principale est-elle en ce moment vraiment de savoir quel sera le Premier ministre dans le cas où le « Nouveau Front populaire » l’emporte ?
    Les négociations n’ont pas encore abouti. Les discussions sont encore en cours sur la répartition des candidats dans les circonscriptions. Il faudra ensuite définir les mesures les plus urgentes pour un programme de gouvernement et se positionner sur les sujets les plus clivants. Tout cela dans le peu de temps imparti (merci Macron !) avant de déposer les dossiers de candidature.
    Il faudrait plutôt saluer les équipes de LFI, du PS, des Écologistes et du Parti Communiste qui font un travail remarquable en ce moment pour parvenir à un accord de programme, avec un sens des responsabilités qui sont à la hauteur des enjeux.
    La campagne peut très bien se faire sans avoir un leader unique. Laissez les autres médias à leur travail mesquin de sape de la gauche (on a tous compris qu’ils veulent savoir si ce sera Mélenchon ou pas), et on attend de la part des rédacteurs de Regards, des analyses et des positions un peu plus sérieuses et approfondies à la mesure du danger qui est devant nous.

    • Magnus le 13 juin 2024 à 17:07

      C’est simple : Regards ne souhaite pas une majorité « nouveau front populaire » dans ces élections, car pour cela nommer un premier d’avance est clivant et contreproductif.

      Regards est déjà en train de penser à 2027.

      C’est à dire : Regards est tout aussi cynique que Delga, les autres personnes comme elle au PS, les macronistes…

      Dans ces conditions je sais déjà qu’une majorité « nouveau front populaire » dans ces élections est illusoire.

      Ils ne sont simplement pas contre l’extrême(-droite) : en pratique, ils oeuvrent pour le retour d’une pseudo-gauche qui ne fait que favoriser l’extrême(-droite).

      Ils ne se rendent peut-être pas compte, mais quand on a des personnes comme Delga avec soi, c’est que c’est mal parti, dans la région de Delga l’extrême(-droite) s’est trouvé plusieurs bastions.

      C’est pathétique, mais c’est comme ça, une farce.

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