La censure reste pour après

François Bayrou a échappé à la censure, comme prévu. Il ne perd rien pour attendre. Mais la gauche a trébuché sur ce coup. Il ne faut pourtant pas se résigner au pire.
Le PS a fini par décider de ne pas voter la censure du gouvernement Bayrou. Il a tort. La politique annoncée par François Bayrou reste ouvertement dans la lignée de son prédécesseur qui, lui, avait été sanctionné par la représentation parlementaire. Il a écarté toutes les demandes de fond venues de la gauche, sociales, institutionnelles ou écologiques. Il s’est contenté de lâcher des miettes et de faire des promesses… de gascon. En ne se joignant pas à la censure proposée par leurs partenaires, les socialistes ne gagneront aucune sympathie sur leur droite, mécontenteront du côté gauche et ajouteront une nouvelle pelletée de sable dans la machine déjà grippée du Nouveau front populaire.
Faut-il pour autant hurler à la trahison à la brisure irrémédiable de l’alliance à gauche ? Ce n’est pas raisonnable. Tout d’abord parce qu’il y a, dans une décision de censure ou de non-censure, une part inextricable de choix de fond et de tactique. C’est l’avenir qui dira si la décision finale de la direction socialiste annonce un changement de cap, voire un retour à la case François Hollande, ou si elle est simplement un geste pour ne pas apparaître comme des facteurs de blocage et d’aggravation de la crise politique. Le PS doit simplement savoir que si son choix d’un jour ne signe pas inéluctablement la mort du NFP, il aggrave un peu plus le doute populaire sur la solidité de l’alliance et sur sa capacité à contenir la menace persistante du Rassemblement national.
On peut donc regretter la décision socialiste et ne pas acter pour autant la fin de l’espoir qu’avaient suscités les alliances bienvenues de 2022 et de 2024. Nul ne doit oublier que la gauche ne peut espérer atteindre la majorité que si elle écarte les conceptions funestes des « deux gauches » irréconciliables et si elle se persuade qu’elle a l’obligation de cultiver en même temps sa diversité et son unité.
Le PS doit donc au plus vite montrer, par des actes significatifs, qu’il reste dans l’esprit d’un abandon des errements du social-libéralisme à la mode hollandaise. Quant aux autres forces de gauche, à commencer par la France insoumise, elles se doivent d’écarter tout espoir de tirer profit du dérapage socialiste. Au jeu du chat et de la souris, c’est la gauche tout entière qui risque d’en payer un peu plus le prix.
Au fond, ce que dit avant tout le nouvel épisode parlementaire, c’est que le faiseur et le tombeur de rois est toujours le Rassemblement national. La gauche est une force qui compte dans l’arène parlementaire. Elle n’en est pas moins très minoritaire parmi celles et ceux qui votent et elle n’a pas contredit pour l’instant le fait que les catégories populaires ont perdu pour l’essentiel la confiance en elle qui faisait sa force.
Convainquons-nous plutôt de ce que la reconquête ne passera ni par la radicalité de la posture, au risque de l’enfermement minoritaire, ni par la modération affectée, au risque de la compromission. Ou bien la gauche rassemblée fait la démonstration patiente qu’elle a un projet fidèle à ses valeurs et novateur dans son approche, une perspective indissociablement combative et rassurante, ou bien elle laisse à la pire des solutions la capacité à imprimer sa marque sur le cours des choses.
Nous sommes rassurés : il faut faire confiance à un gouvernement dont les poids lourds son Borne, Retailleau, Valls, Darmanin.
Les salariés, les retraités, les chômeurs, les bénéficiaires du RSA , les migrants, les sans papiers, les victimes de la polices sont rassurés.
Tout va bien.
On a du mal à trouver les mots : pitoyable, consternant, devant cette volonté du PS de prévoir de futures défaites de la gauche en la faisant exploser , notre monarque républicain doit jubiler.
faure veut-il sauver sa place à la tête du PS en flattant son aile droite ?
« Ou bien la gauche rassemblée fait la démonstration patiente qu’elle a un projet fidèle à ses valeurs et novateur dans son approche, une perspective indissociablement combative et rassurante, ou bien elle laisse à la pire des solutions la capacité à imprimer sa marque sur le cours des choses. »
Ce point de bifurcation est déjà passé depuis belle lurette. Maintenant c’est « tout droit » ! Arrivée à destination prévue en 2027 (mais un raccourci n’est pas exclu).
« un retour à la case François Hollande » Dans mon esprit et je ne peux pas l’enlever, il conviendrait de dire au PS de Mitterrand, Jospin et Hollande. En fait : Le PS. Pour l’avoir vécu et subi, la nature reprend ses droits. Bien entendu, l’union est un combat, sans union aucune perspective et rien n’est joué, encore faut-il que ce soit un combat pour tous les partenaires, ce qui n’est pas démontré.
Le PS et les organisations réformistes ont toujours eu une faculté incommensurable à se faire rouler dans la farine, il a suffi d’une lettre de François Bayrou pour les convaincre. Car sur le fond, la politique de François Bayrou est sur la même ligne que celle de son prédécesseur, c’est à dire une ligne libérale sous contrôle de la finance, du patronat et…du RN. Les quelques miettes annoncées ne pèseront aucunement en faveur d’un changement politique face à l’accumulation de méfaits soigneusement préparés par Macron, Bayrou, Retailleau, Valls, Darmanin , Dati et Cie ! Il est regrettable qu’une partie des socialistes ( 8 députés sur 66 ont voté la censure) , fassent le choix d’affaiblir les forces progressistes réunies au sein du NFP plutôt que de le consolider pour endiguer les prochaines vagues antisociales, antidémocratiques et anti écologiques.
Ni extrême, ni modéré… lol: pour M. Martelli il faut donc voter Bayrou!!! lol
Cette plaisanterie pour dire que je crois qu’on touche le fond.
le PS, on le savait déjà, est un parti centriste…
il n’a toujours pas fait sa mû pour l’assumer ou a défaut, s’en détacher définitivement.
Voici ma conclusion de cette épisode pathétique des « négociations » avec celui du vote de censure d’un énième gouvernement Macroniste anti-democratique puisque c’est le NFP qui avait remporté les élections législatives:
– le NFP, tant qu’il y aura le PS, n’aura plus ma voix… aujourd’hui, je suis écoeuré de l’avoir donné a Aurélien Rousseau. Ca ne se reproduira plus.
– le NFP ne partage en réalité pas un programme « commun »… il semble clair qu’à la première occasion, et le parti écologiste et le parti communiste soient prêts à s’assoir dessus et donc sur la parole donné aux électeurs : car enfin, pourquoi imaginer qu’en position de faiblesse, nous puissions tirer un quelconque avantage de notre position d’outsider en allant faire des salamaleks dans le bureau de Bayrou ???? Qu’esperaient ils tirer de cela si ce n’est arriver à affaiblir le NFP dont la force residait dans l’idée de RUPTURE avec la politique menée jusqu’ici ?!
Vivement la fin du NFP… il semble que l’avènement d’une gauche qui soit en mesure de convaincre les gens qu’elle œuvre dans l’intérêt général passe par son enterrement.
l’union des droites elle est en bonne voie… elle n’attend finalement que les Macronistes (du PS et d’ailleurs) pour faire bloc derrière les idées du Rassemblement National. Qui croit encore que la droite est respectable? Leurs électeurs dont j’imagine, qu’il ne faudrait au demeurant pas essentialisés au motif qu’on ne peut les réduire a leur vote, fut il manifestement contre leurs propres intérêts pour une majorité d’entre eux… Mais quand bien même je vais me soulager un peu en les traitants affectueusement de « cons ». Ne l’ai je pas été moi même « con », en croyant qu’il y aurait possiblement une autre issue au NFP que celle qui pointe avec la trahison du PS…
Mieux vaut se préparer à la disparition de la gauche du paysage politique comme en Italie et probablement à l’installation « pérenne » d’un pouvoir d’extrême droite, avec l’issue fatale qu’elle suppose pour toutes les minorités, dont je fais partie…
« Le PS doit donc au plus vite montrer, par des actes significatifs, qu’il reste dans l’esprit d’un abandon des errements du social-libéralisme à la mode hollandaise ».
Vous y croyez vraiment ? On pourrait y croire si le parti pe-rétenduyment socialiste avait fait le bilan des années Hollande. Ce n’est pas le cas. Ceux qui ont engendré Macron n’ont ni regrets ni remords. Ils n’ont tiré aucune leçon. Ils n’ont aucun programme. On peut dont s’attendre à ce qu’ils fassent ce qu’ils finissent toujours par faire : trahir. A croire que c’est dans leurs gênes.
Il me semble que la question stratégique est celle du Tout ou Rien. En clair, en quoi la négociation est-elle à bannir de l’action dite révolutionnaire?
Peut-on négocier sans perdre son âme? Je le pense si l’on sait jauger ce qui a été obtenu et ne rien renier de son engagement alternatif.
Il me semble que les petits pas (renoncement à la suppression des 4000 postes, annulation du déremboursement partiel de certains médicaments, rallonge
des dépenses de santé, renonciation des coupes prévues pour l’Outre-mer, non amputation de 500 postes pour France-Travail, réduction des jours de carences…
Certes le gouvernement Bayrou n’est pas passé à gauche et ce qui est accordé n’est pas le changement prévu après la victoire électorale bafouée du NFP
(SMIC 1600€, retraite 60 ans…). Mais parler de miettes c’est faire insulte à la souffrance populaire et déclarer »tout le programme, rien que le programme »,
c’est faire preuve d’une exaltation coupable qui ne tient pas compte des rapports des forces. Les petits pas peuvent mener au but, l’essentiel restant le changement
systémique, la remise en cause du système capitaliste. Le PS est social-démocrate et l’on sait historiquement ses limites alternatives (cf le Bad-Godesberg de 1959 du
Parti-démocrate, attachement à la libre-concurrence etc…) Mais une stratégie majoritaire impliques toutes les gauches, l’important étant le bon compromis générateur
de changements réels vers une société communiste. Cela ne se fera pas par incantations ni anathèmes de gourou mais par un travail au jour le jour en évitant ce qui peut
être un abandon, une reculade, et surtout par la construction d’un projet qui ramène vers les gauches les couches populaires en faisant en sorte qu’elles dépassent leur
ressentiment pour une adhésion à un projet bien ancré dans les réalités de notre temps et assez cohérent pour montrer qu’une voie d’émancipation et de justice sociale
est encore possible. Attention au travail de destruction médiatique…Pour cela il faut un travail militant décuplé tant nos forces sont amoindries surtout pour le PC auquel
j’appartient. Mais la confiance est un des éléments constitutif de la réussite disons révolutionnaire pour ne pas dire alternative (terme un peu trop neutre).
Merci aux contribution fr R. Martelli, lire »le PCF une énigme française. Remarquable contribution sur les erreurs à ne pas renouveler.