Il y a du Guizot chez François Bayrou

François Bayrou a présenté ce mardi ses arbitrages pour le budget 2026. Cet homme est décidément sans imagination aucune : il est platement libéral, mesquin. Et méchant.
Il y a du Guizot chez François Bayrou. Cet homme politique du 19ème siècle, à la longévité comparable à celle du maire de Pau, incarna le libéralisme conservateur. Il avait une vision étriquée du monde et pour seul horizon l’enrichissement par le travail et l’épargne. Nous y revoilà.
Que François Bayrou sait-il du monde d’aujourd’hui ? Sa vision de l’éducation nous a déjà laissé entrevoir la réponse : pas grand-chose. Son unique pensée est la gestion de l’État en bon père de famille, comme un bourgeois replet. Venons-en aux faits.
Hier, il a utilisé les formules ronflantes pour nous gronder. Nous serions indisciplinés, paresseux et improductifs. Si nous ne redressons pas les finances de l’État, il va mourir. Et la France va disparaître. Faire mine de se hisser à la hauteur de l’histoire pour accoucher d’une politique d’une médiocrité abyssale : une année blanche. Sophie Binet a raison de dire qu’elle sera une année noire pour les travailleurs. Une année qui va éroder tout, le pouvoir d’achat et les services publics, les investissements et notre confiance dans l’avenir. On est très loin de ses ambitions initiales : construire un budget qui ne soit pas la poursuite des précédents mais qui évalue des dépenses et des recettes. Pschitt ! On repart sur les mêmes bases avec un coup de rabot général. Sans aucun examen critique des 10 ans où Macron a piloté la politique économique du pays.
François Bayrou ne tiendra aucun compte de ce que ces dernières semaines nous ont appris. Pêle-mêle : que 211 milliards ont été distribués aux entreprises mais que la part de l’industrie est passée sous les 10% de la richesse produite. Que la richesse est de plus en plus inégalement répartie avec plus de 15% de Français pauvres mais que le patrimoine des 500 plus grosses fortunes a été multipliée par 14 en 30 ans. Que le dérèglement climatique nous impacte maintenant avec ses pluies diluviennes et ses incendies, ses canicules mortelles et ses écoles fermées… mais que nous allons acheter des avions Rafale.
Et pour cette première année de « redressement », comme un docteur du 17ème siècle, il prescrit la purge. Remettre une nouvelle fois sur l’établi la réforme de l’assurance chômage. La quatrième en dix ans – la précédente datant de six mois n’ayant même pas encore vu ses décrets publiés. À l’affut et créatif, il veut regrouper toutes les prestations sociales pour s’assurer que personne ne va devenir riche en cumulant RSA, allocation familiale et APL. Pathétique, il suggère pour remplir les caisses de l’État que l’on cesse de considérer qu’un malade est une personne en entier : ses soins non liés à sa maladie longue durée ne seront plus pris en charge à 100%. Vous voyez le niveau de méchanceté ? Et c’est tout à l’avenant. Médiocre, injuste et méchant.
Dans cette séquence, la gauche aura été au rendez-vous. D’abord en se battant pour que les plus gros patrimoines participent à l’effort national avec la taxe Zucman qui rapporterait 20 milliards par an si elle concernait les 1800 contribuables détenteurs d’un patrimoine supérieur à 100 millions. 2% leur est demandé. Merci aux députées Eva Sas et Clémentine Autain.
La gauche a été au rendez en révélant l’ampleur de la gabegie versée aux entreprises, sans aucun contrôle. Merci au sénateur Fabien Gay.
La gauche a été au rendez-vous en rappelant que 113% de dette n’a rien d’insurmontable et que la France emprunte toujours sans aucune difficulté sur les marchés financiers. Merci à Jean-Luc Mélenchon de l’expliquer avec clarté.
Dès que cette gauche qui a aussi des idées et mène parfois des combats, voudra bien nous proposer une perspective politique solide, on sera aux anges. Merci à tous.