Union de la gauche : cet accord qui en met beaucoup en PLS

La gauche va-t-elle se lancer d’un seul homme dans la bataille des élections législatives ? C’est en tout cas ce à quoi s’attellent les partis. Et c’est assez bien parti. Au grand dam des autres qui voient d’un mauvais œil cette affaire.

À lire ses tweets, Anne Hidalgo est redevenue pleinement maire de Paris. Comme si la présidentielle n’avait été qu’une promenade de santé. Seule tentative de s’immiscer dans les législatives : un pacte « tout sauf Mélenchon » proposé à ses alliés municipaux du PCF et d’EELV. Mais l’édile n’aura eu comme réponse qu’une « fin de non-recevoir ».

 

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Pas un tweet depuis trois jours, pas un mot à la presse depuis six jours… Mais où est donc passé Yannick Jadot ? La dernière fois qu’on l’a vu, c’était au micro de France Inter, pour expliquer qu’une coalition de la gauche, derrière Jean-Luc Mélenchon, « ça ne marchera pas ». Or, depuis, il y a du nouveau : « À plus de 82%, EELV a choisi de mener bataille avec la France insoumise pour proposer une nouvelle majorité et gouverner le pays. Nous appelons le PCF et le Parti socialiste à se joindre à nous pour gagner partout ensemble », tweete Sandra Regol, numéro 2 du parti écolo.

Les socialistes et les communistes ne devraient pas tarder à faire de même. L’union de la gauche – qui répond au doux nom de NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale) – avance bien, en vue des élections législatives des 12 et 19 juin prochains.

Et c’est bien ça qui en fait tiquer plus d’un. De l’extrême droite aux ex-socialistes, en passant par la « trop intelligente, trop subtile » macronie, ça tire à balles réelles contre cette gauche qui se rassemble.

L’union de la gauche… contre elle

Cette dernière citation est de ce bon vieux Gilles Le Gendre, député LREM et ancien président du groupe des marcheurs à l’Assemblée. Se disant « et de droite et de gauche », le bougre a donc la moitié d’un avis sur l’union de la gauche – ce qui a une valeur très certaine puisqu’il s’est engagé deux fois en politique : pour Giscard et pour Macron. Et le voilà désormais en héritier autoproclamé de Mitterrand, usant de la même rhétorique que Raphaël Enthoven (vous savez, celui qui préfère Le Pen à Mélenchon) :

« L’OPA de la France insoumise sur le Parti socialiste ? La seconde mort de François Mitterrand. Un blasphème pour ceux qui, à un moment ou un autre depuis cinquante ans, ont pu partager ses combats, ses valeurs. #Universalisme, #République, #Europe : nous défendrons cet héritage bafoué. »

Expert ès trahisons, Manuel Valls y va lui aussi de son commentaire – comme tous les jours depuis qu’il a été refusé par les électeurs en 2016 au profit de Benoît Hamon. Dans une tribune publiée par L’Express, l’ex-socialiste-ex-député-LREM-ex-conseiller-municipal-d’opposition-barcelonais évoque la « capitulation » du PS devant la France insoumise et appelle les « Républicains de gauche » à rallier Emmanuel Macron. On ne peut leur enlever leur cohérence : Chevènement vient de le faire, les zigotos du Printemps républicain ont de plus en plus de mal à cacher leur amour pour la gauche Blanquer-Darmanin, etc. Dès que les socialistes ont voté en faveur d’un rassemblement avec LFI, à l’entre-deux-tours de la présidentielle, l’ex-Premier ministre avait parlé de « déshonneur ». Encore un point commun avec l’extrême droite !

Toujours dans la famille de la gauche (ironie), on demande l’avis de…François Bayrou – qui drague lourdement Macron pour le poste de Premier ministre, alors même qu’il avait démissionné du ministère de la Justice en 2017 à cause de l’affaire des assistants parlementaires du Modem au Parlement européen, affaire pour laquelle il est toujours mis en examen. Voici ce qu’il dit de l’union de la gauche : « C’est quelque chose qui trahit l’histoire du Parti socialiste. »

Un François peut en cacher un autre

Peut-être plus légitime pour commenter les péripéties du PS (et encore !), François Hollande torpille « une remise en cause de l’histoire même du socialisme ». Le « géniteur adultérin »[[© Pablo Pillaud-Vivien]] d’Emmanuel Macron craint de voir son parti grand-remplacé par La France insoumise. Pour rappel, Jean-Luc Mélenchon a obtenu 21,95% des suffrages lors du premier tour de la présidentielle, quand Anne Hidalgo en a glané… 1,75.

Aujourd’hui, les sondages mettent l’union de la gauche largement en tête dans les intentions de vote au premier tour des législatives. Si l’on prend l’étude de Cluster 17, le bloc LFI-EELV-PS-PCF est à 34%, contre 24% pour LREM et 24% également pour l’extrême droite. Une configuration qui peut changer la donne, mais aussi les stratégies d’alliance à droite.

Reste que « 93% de l’ensemble des électeurs de gauche souhaitent une alliance FI-EELV-PCF-PS en vue des élections législatives, cette opinion étant massivement majoritaire au sein des électorats de chacun de ces partis », rappelle Mathieu Gallard de l’institut Ipsos. Ça en fait des blasphèmes, des capitulations, des déshonneurs !

 

Loïc Le Clerc

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