TRIBUNE. Pour perpétuer la NUPES, il faut la faire vivre !

befunky-collage-496.jpg

Comment faire pour que la NUPES soit plus qu’un accord électoral circonstancier, plus qu’une union de groupes parlementaires ? Comme lors de notre entretien avec Manuel Bompard, comme dans la note de blog de Clémentine Autain sur l’avenir de LFI, la question de la nécessité que la NUPES se structure continue d’alimenter le débat.

La naissance de la NUPES a soulevé un immense espoir. Elle a permis de tripler le nombre de député·es de gauche et de l’écologie à l’Assemblée nationale et représente aujourd’hui la principale alternative à la Macronie. La NUPES était, au lendemain des élections législatives et selon les études d’opinions, un référent politique peu connu des Français·es. Cette alliance électorale a permis pendant la campagne une dynamique positive en affirmant l’unité de ceux et celles qui portent des valeurs claires de dignité, de solidarité, d’écologie. Les premières semaines de la mandature à l’Assemblée nationale ont permis d’affirmer la possibilité que celle-ci perdure de façon dynamique, en acceptant sa pluralité interne, se révélant être une force et non une cacophonie comme certain·es l’espéraient. Les effets s’en sont fait ressentir sur les plateaux télé pendant et après la campagne électorale ainsi qu’en terme de rapport de forces dans les urnes. L’action fédère : les militant·es des différents partis de gauche qui ont uni leurs forces autour des candidat·es NUPES ont commencé à construire une culture commune sur le terrain. Ici et là, certain·es ont commencé à se structurer en parlements locaux ou assemblées de circonscriptions et certaines personnalités politiques ou de la société civile ont commencé à mettre en débat publiquement des propositions stratégiques, de structuration, de débats, de formations, pour faire vivre notre union.

 

LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
>>
Nouvelle élection, nouvelle donne politique

 

Nous devons nécessairement établir un bilan lucide et identifier les défis qui sont devant nous. Le bloc NUPES n’a pas permis de renverser électoralement la tendance : nous commençons à interrompre la longue chute de la gauche lors de la dernière décennie mais ne parvenons à progresser nettement que dans quelques circonscriptions et ne remobilisons pas massivement les abstentionnistes, les jeunes, les ruralités et les classes populaires. On constate donc l’absence d’un effet multiplicateur mécanique par rapport à la présidentielle ; nos progressions dépendent des stratégies de terrain adoptées et des ancrages locaux, que l’Union favorise puisqu’elle annihile nombre d’effets négatifs de la division dans notre camp, mal perçue par une large partie de notre électorat commun. De plus, certains débats de l’été (Taïwan, élections européennes) ont rendu visible quelques désaccords que la logique de concurrence partisane ne permet pas à cette heure de dépasser. Enfin, l’extrême droite se renforce en consolidant un camp réactionnaire au prix de très peu d’efforts de campagne, indiquant la stabilisation et la fidélisation d’un bloc électoral très important, appuyée par des coups de main coupables d’une Macronie qui lui a offert des positions institutionnelles importantes. En prenant à bras le corps la question du « pouvoir d’achat » et en déclinant notre programme partagé, nos député·es ont toutefois ouvert des perspectives pour une rentrée qui, selon l’étude récente Libération-ViaVoice, mettra ces questions au premier plan. À nous désormais de nous organiser pour faire vivre une dynamique commune dans un contexte incertain sur l’avenir de cette mandature et un possible retour aux élections.

Le Parlement de la NUPES doit exister

Dans ce contexte, faire vivre un intergroupe NUPES à l’Assemblée est d’ores et déjà une victoire mais pourrait être insuffisant. En rester là nous confronterait rapidement aux fragilités d’une union électorale qui à moyen terme (voire à court terme suivant l’agenda de la Macronie et la possibilité d’une dissolution) devra faire face à la difficulté à obtenir des victoires et ouvrir des perspectives de dépassement des divergences qui peuvent naturellement exister entre nous. Il faut donc faire vivre la NUPES sur le terrain, partout en France, et pas seulement dans l’hémicycle. Il faut construire une culture commune, comme l’a souhaité Aurélie Trouvé dans son discours introductif de la première séance du parlement NUPES.

Pour y contribuer, nous considérons qu’une réunion plénière de ce parlement doit se tenir dès la rentrée, en prenant le temps de découvrir à cette occasion nos forces et notre diversité, de faire remonter expériences, attentes et propositions des bases militantes. Construit dans le sillage et sous l’impulsion de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, celui-ci peut devenir peu à peu un objet commun aux forces politiques et citoyennes qui l’ont rejoint. Il faut désormais rapidement travailler à donner au parlement de la NUPES une existence propre à travers des statuts et des objectifs communs. Pour cela, nous avons fait part au début de l’été à sa présidente, aux vice-présidentes et au comité d’animation de propositions qui font accord entre nous, malgré les trajectoires variées dont nous sommes issu·es (et qui font notre force). Celles-ci (et/ou d’autres) pourraient être soumises à une session plénière du parlement de la NUPES, aux forces politiques et aux initiatives NUPES qui se multiplient sur le terrain. Nous les soumettons aujourd’hui au débat public auprès de toutes celles et ceux qui souhaitent faire vivre cette expérience.

Le Parlement de la NUPES doit agir

Nous pourrions lui donner pour objectif principal de conduire des campagnes hors élections :

  • Un nombre limité de campagnes nationales annuelles, selon l’agenda parlementaire (« pouvoir d’achat », retraites, budget…) et notre propre agenda (en mobilisant par exemple le Référendum d’Initiative Partagée…), décidées en conventions internes ;
  • Il doit être un espace relationnel entre mouvements sociaux et partis permettant des campagnes hors agenda, sur initiative de ses membres et à condition d’un consensus de fond, associé à des expertises variées ;
  • Une réflexion doit être menée sur la meilleure façon de coordonner les agendas des mouvements sociaux et de la NUPES, en respectant l’autonomie de chacun et en construisant des objectifs communs ;
  • Sous des formes à réfléchir, les citoyen·nes et/ou les initiatives locales de la NUPES doivent pouvoir y être associé·es, par exemple lors de conventions annuelles, avec des personnes tirées au sort, pour établir un bilan des campagnes de terrain et définir des objectifs communs pour l’année suivante, contribuer aux stratégies et orientations du parlement de la NUPES (par exemple, développer une stratégie commune contre l’abstention, se saisir de nouvelles pistes de travail programmatiques communes…) ;
  • Le doter d’une stratégie d’éducation populaire pour mettre en débat les désaccords internes et/ou pour faire de la formation (médias propres, débats locaux, suites de l’initiative Ce Sera NUPES…).

Le Parlement de la NUPES doit fonctionner

Pour mener à bien ces objectifs, le parlement de la NUPES doit avoir les moyens d’agir, humains, financiers et réglementaires :

  • Constitution d’une association propre destinée à créer un attelage administratif et financier commun (sans aller plus loin à ce stade), composée des membres du parlement (individuels ou collectifs) et d’un règlement intérieur propre (modalité de délibération respectueuses de la souveraineté et de la participation de chacun·e et de chaque parti, sélection transparente et nombre des membres notamment). Celle-ci permettra d’une part la possibilité d’une cotisation des partis à cette association pour lui assurer un fond de fonctionnement permettant réunions et campagnes communes, et d’autre part de lancer des campagnes citoyennes de financement participatives participant à une dynamique propre et inclusive des personnes hors-partis ;
  • Un cadre national devrait être posé, qui permette l’ancrage social et local :
    – Priorité à l’intervention auprès de la jeunesse, des quartiers et territoires ruraux populaires, objectif de nouvelles cooptations à moyen terme de personnes issues de campagnes de terrain dans ces territoires ;
    – Créer des cadres d’animation locaux pour préserver la dynamique commune des législatives, par exemple : parlements locaux, assemblées de circonscription/de territoire, mandat donné aux membres du parlement national pour animer la NUPES sur leurs territoires avec possibilité de rééquilibrages politiques par exemple… ;
  • Un comité d’animation renouvelé à double parité (partis/société civile, F/H), qui peut être garant des cooptations (ne pas passer seulement par les partis, pour ce qui concerne les membres société civile).

Nous espérons que ces propositions contribueront à une discussion de fond sur l’avenir de notre union commune, laquelle nous semble d’une importance capitale dans la période qui arrive. Nous nous tenons prêt·es à approfondir les échanges dans ce cadre.

L’urgence sociale et climatique nous oblige désormais à modifier les rythmes de la vie politique et les combiner avec ceux des mouvements sociaux fulgurants que la France et le monde ont connu ces dernières années. Elle nous invite à enrichir une pensée commune du meilleure des traditions intellectuelles et militantes actuelle. La férocité probable des offensives futures de la Macronie (retraites, dissolution…) ou du RN nous pousse enfin à nous organiser comme jamais pour mener une contre-offensive d’ampleur et coordonnée sur les tous les plans (électoral, culturel, social, intellectuel…).

Partager cet article

Actus récentes

Abonnez-vous
à notre NEWSLETTER
quotidienne et gratuite

Laissez un commentaire