On est allé aux obsèques d’Alain Krivine

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Et c’était beau.

Il faisait beau, très beau, ce lundi 21 mars, sur Paris. Comme un air de printemps, enfin. Place de la Nation, ils se rassemblent en ce début d’après-midi. Les drapeaux rouge flottent.

 

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Depuis le 12 mars, les trotskistes sont en deuil. Alain Krivine, « figure historique de la gauche radicale », comme l’écrit Le Monde, est mort. Mais ce lundi, l’ambiance est étrange. On oserait presque l’écrire : tout le monde est de bonne humeur. Comme si chacun était venu participer à un anniversaire surprise. Sauf que le principal intéressé, lui, n’est déjà plus. Ce petit bonhomme, ce grand monsieur, que les Dyonisiens connaissent bien, surtout ceux qui vont au marché le dimanche matin.

Les obsèques d’Alain Krivine, ça ressemble, en vérité, à toutes celles que chacun connaît. À quelques différences. Ce lundi, une marche – une manif’ ! – est organisée en son nom. De Nation jusqu’au Père-Lachaise. Ce lundi, des milliers de personnes sont présentes. Des proches, bien sûr, qu’ils soient de sa famille, de ses amitiés ou de la politique. Il y a également des « personnalités » de gauche, militants, journalistes, intellectuels, venus parfois de loin. Des élus et même des candidats à la présidentielle. Et puis tous ces « anonymes », ces gens de lutte, d’engagement politique, d’hier et d’aujourd’hui. Les obsèques d’Alain Krivine, en fait, sont un beau moment. C’est une page de l’histoire de la gauche qui se tourne. Ou, plutôt, qui s’écrit.

Le cortège déambule dans les rues de Paris, jusqu’à atteindre le cimetière du Père-Lachaise. Les gens discutent, se retrouvent pour certains, rient, parlent des élections à venir, de celles passées, de l’Ukraine – ce qui, pour le coup, est raccord avec les origines du personnage. Des chants, discrets, viennent résonner sur les murs de la ville. Quelques fumigènes mettent un peu de couleurs sur ce ciel si bleu.

Au Père-Lachaise, la foule se presse devant l’imposant crématorium. Soudain, elle applaudit. Le cercueil d’Alain Krivine est porté en haut des marches et entre dans l’édifice.

L’ambiance est joyeuse, écrivais-je, mais quelque chose pèse. Ce n’est pas de la tristesse car, des mots de ses proches, le temps était venu pour Alain Krivine de quitter ce monde, en paix. Non, pas de la tristesse mais une sorte de mélancolie. Presque de la nostalgie.

Michèle, sa compagne de toujours, prend la parole. Elle est drôle. Sa voix est précise. Viennent ensuite leurs deux filles et leurs petites filles, son frère jumeau Hubert, et quelques camarades. Chacun raconte son Alain Krivine. On a beaucoup ri de leurs anecdotes, de ces petits défauts, ces petites incohérences qui font l’homme derrière le militant. De ces rires qui vous font venir les larmes. Il pleut des applaudissements.

Alain Krivine est de ces hommes politiques dont on ne parle plus qu’au passé, dirait-on. D’ailleurs, les piques à l’encontre de ceux du présent se distillent à chaque prise de parole. À la fin de la cérémonie, la foule entonne L’Internationale. Les poings se lèvent. Le moment est très solennel. L’émotion, très forte.

Ainsi a-t-on dit adieu à Alain Krivine, lui promettant de perpétuer son engagement, ses engagements. « Ce n’est qu’un début, continuons le combat », toujours.

 

Loïc Le Clerc

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