« On est à quelques semaines de la présidentielle et tout le monde se fout de la culture »

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Un collectif occupe depuis un an et demi le cinéma La Clef dans le 5e arrondissement de Paris pour y promouvoir des films rares, oubliés mais précieux. Il est aujourd’hui menacé par une expulsion imminente. Deux de ses membres, Chloé et Clairemma, sont les invitées de #LaMidinale.

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Sur leur mobilisation au cinéma La Clef
« On occupe ce cinéma depuis le 20 septembre 2019. C’est la propriété d’une banque, le CSE (Comité social et économique) de la Caisse d’épargne d’Île-de-France. En avril 2018, ils ont décidé de vendre ce cinéma. »
« C’est un cinéma historique, qui date des années 70, qui a toujours défendu des œuvres qui ne trouvaient pas ailleurs le chemin des écrans. »
« Après la fermeture du cinéma, on a décidé d’y entrer illégalement pour le rendre à son public. »
« On organise tous les soirs des projections de film à prix libre. »
« On décide de la programmation collectivement. Ce sont des films rares, des films oubliés. »
« Il y a énormément de jeunes qui viennent dans nos salles, parce que le lieu leur parle. Ça prouve que les jeunes ont encore envie d’aller au cinéma, de partager des choses ensemble. »

Sur l’actualité de la mobilisation
« Depuis deux ans et demi, on a toujours été en procédure contre le CSE de la Caisse d’épargne. Il y a eu plein de rebondissements, deux procès, deux appels. On a toujours été expulsables. »
« Il y a dix jours, on a eu vent que l’expulsion était vraiment imminente, dans les deux semaines à venir. On a donc décidé d’ouvrir le cinéma toute la journée et de monter une sorte de festival. Dès le premier jour, on a eu plus de 500 spectateurs. Là, on en est à plus de 3000, on a projeté plus de cinquante films. »
« Le but, c’était de re-solliciter les gens qui nous ont soutenu, de remettre un coup de projecteur sur ce qu’on a fait. On voulait montrer qu’on a encore des forces vives, que beaucoup de gens nous soutiennent. »
« Les réalisateurs et réalisatrices nous écrivent pour proposer leur film. Comme s’il se passait quelque chose d’un peu historique à cet endroit. »

Sur les attentes des militants
« Le propriétaire refuse de traiter avec nous, alors même qu’on a des propositions concrètes pour reprendre le lieu. On a un projet qui, artistiquement, a fait ses preuves. La programmation qu’on a attire toujours du public. »
« Ce projet est viable économiquement. On a créé un fonds de dotation, on a lancé une collecte. »
« On espère que cette mobilisation va forcer les pouvoirs publics à faire pression sur le propriétaire, pour forcer un dialogue. »

Sur l’action des pouvoirs publics
« La mairie de Paris nous a écrit pour nous dire qu’elle ne pouvait plus rien faire pour retarder ou empêcher l’expulsion. Ils ont eu deux ans et demi pour essayer de discuter avec le CSE et ils nous ont toujours dit qu’ils n’avaient pas réussi. »
« À un moment, il y a eu une fenêtre pour que la mairie préempte, elle ne l’a pas fait. »
« Maintenant, on essaye de mobiliser le ministère de la Culture. Pour l’instant, on n’a pas eu de réponse. »

Sur la place de la culture dans la politique
« C’est complètement secondaire. »
« Beaucoup de personnes ont manqué la singularité de ce lieu. Ça fonctionne parce que c’est des films différents, à un prix libre, parce qu’on accompagne les films, on n’est pas simplement là pour les livrer au public. »
« C’est un lieu de vie. Il y a un café associatif attenant. Il a permis à de jeunes auteurs de faire une résidence. »
« Il y a un manque de débats sur ces sujets-là. On est à quelques semaines de la présidentielle et tout le monde s’en fout de la culture. »

Sur les soutiens à la mobilisation
« On a toujours eu la sympathie de plein de gens, mais cette semaine, ça va au-delà du monde du cinéma. »

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