Hausse des prix : du « quoi qu’il en coûte » au « y’a qu’à faut qu’on »
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La guerre de Poutine en Ukraine génère une flambée des prix sans précédent de l’énergie et de l’alimentation. La crise inflationniste touche le monde entier. La hausse des prix à la consommation bat des records. Et en Europe, un nouveau record vient d’être battu. Le taux d’inflation grimpe à 8,1% et touche diversement les Etats membres de l’Union européenne. L’inflation monte jusqu’à 20,1% dans les pays Baltes quand l’Allemagne affiche une hausse de 8,7%. La France s’en sort mieux que ses voisins avec une progression de 5,8% et s’affiche en deuxième place du podium des pays qui s’en sortent le mieux après Malte avec ses 5,6%.
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Ces bons résultats sont-ils à mettre au crédit de la politique d’Emmanuel Macron ? D’abord, il convient de rappeler que la France est moins dépendante du gaz russe que certains autres pays européens. Ensuite, si le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement a sans doute permis de contenir les factures d’électricité jusque-là, la pérennité du dispositif pourrait engendrer des surcoûts pour les ménages d’ici la fin de l’année. Certaines associations des consommateurs estiment même que les coûts de l’électricité pourraient bondir de 8% alors que dans le même temps, Bruno Le Maire assure que tous les scénarios sont sur la table sur la possibilité, ou non, de maintenir le bouclier tarifaire. Une prouesse inflationniste en trompe l’œil pour la France donc.
En attendant, l’Observatoire de l’inflation du magazine 60 millions de consommateurs estime que le surcoût moyen des ménages est estimé à 90 euros par mois. Un tiers en raison de la hausse des prix de l’énergie, un tiers lié aux transports et un tiers de la hausse des prix de l’alimentation dans la grande distribution. Même phénomène partout en Europe. Et que font nos voisins ? En Allemagne, c’est concret : les allemands ont baissé les taxes jusqu’à réduire de 30 centimes le litre d’essence. Et mis en place le ticket transports à 9€/mois pour inciter les allemands à se déplacer en transports. En Allemagne toujours, les familles avec enfants recevront 100 euros via l’allocation familiale et les chômeurs une allocation exceptionnelle allant jusqu’à 200 euros. En Espagne et au Portugal, les prix du gaz et de l’électricité sont bloqués. Et l’Espagne y ajoute un plan de 6 milliards d’aides directes aux ménages. J’ai bien dit, aux ménages, pas aux entreprises. En Belgique, on a fait le choix de baisser la TVA sur l’énergie et mis en place une tarification sociale pour les foyers les plus modestes. Du concret.
En France, on vante le bouclier tarifaire qui a été mis en place au début du printemps mais on peine à voir des mesures concrètes s’installer pour les ménages qui prennent de plein fouet les surcoût des transports, du logement et de l’alimentation. On est passé du « quoi qu’il en coûte » au « y’a qu’à faut qu’on ». À défaut d’agir pour le pouvoir vivre des Français, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, supplie le patronat d’augmenter les salaires mais sans l’y contraindre. Les salariés attendront. De même qu’ils devront attendre l’après législatives pour connaître les nouvelles mesures du gouvernement pour contenir la hausse des prix. « On réfléchit encore », assure Elisabeth Borne. Nous aussi, on va réfléchir. Réfléchir à payer les factures.