Gauche et présidentielle : plus on est de fous, plus on perd ?

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La désunion pousserait la gauche droit dans le mur. Avec pas moins de huit candidats de gauche sur la ligne de départ, certains y voient un motif d’inquiétude. Mais qu’en fut-il lors des précédentes présidentielles ? Gagne-t-on mieux lorsqu’on est seul, ou presque ?

Christiane Taubira, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Nathalie Arthaud, Anasse Kazib. Voilà, pour l’heure, les bulletins que vous pourriez trouver en avril prochain, lors du premier tour de la présidentielle. Et on ne parle-là que des candidats positionnés à gauche de l’échiquier – et encore, Arnaud Montebourg a jeté l’éponge ! Huit candidats. Un record. Mais un record qui avait déjà été atteint en 2002.

 

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Mais la division induit-elle nécessairement l’absence de la gauche au deuxième tour – et donc, de fait, la défaite ? infog_gauche.png [cliquez sur l’infographie pour l’agrandir]

 

En regardant les éditions précédentes de la présidentielle, on peut tirer quelques enseignements.

Trop de candidats éparpillent les voix

Sur les dix élections passées, la gauche a manqué trois fois le deuxième tour : en 1969, en 2002 et en 2017. En 1969, il y a cinq candidats de gauche, huit en 2002 et quatre en 2017. Cependant, François Mitterrand a atteint trois fois le second tour avec une gauche divisée en cinq. Pareil pour François Hollande en 2012. Difficile donc d’affirmer qu’une gauche divisée est une gauche perdante d’avance. 2002 pourrait passer pour une année à part : le record de division entraîne l’électrochoc du deuxième tour Chirac-Le Pen. L’ensemble de la gauche gagne plus de deux points par rapport à 1995, mais le poids de Lionel Jospin en son sein diminue. Cependant, Ségolène Royal passe bien le premier tour avec sept candidats de gauche… Mais la candidate y est bien plus forte.

La gauche gagne quand un candidat est fort

Si la dispersion des voix n’est pas LE critère de la lose de la gauche, peut-être s’agit-il alors d’une question de casting. Mais là encore, tout n’est pas si facile, tout ne tient qu’à un fil. François Mitterrand réalise son meilleur score en… 1974. Avec ses 43%, il est LE patron de la gauche. Et il perd au deuxième tour face à Valéry Giscard-d’Estaing. En 81 et 88, son score au premier tour dégringole à 25,9 et 34,1%, il ne pèse plus autant dans la gauche, mais sera élu puis réélu. En 2007, Ségolène Royal est bien plus hégémonique à gauche que François Hollande en 2012. Avec les résultats qu’on connaît. On ne peut donc pas affirmer qu’il suffit que la gauche soit dominée par un candidat pour que la victoire soit plus proche.

Qu’en conclure ?

Pour gagner une présidentielle, encore faut-il atteindre le second tour. Et, pour cela, il ne suffit pas d’être tout seul à gauche (coucou Mitterrand 65), ni d’être hégémonique (coucou Mitterrand 74). Que faut-il alors ? S’appeler plutôt François que Lionel ? Statistiquement, oui, mais bon… Voici comment Mathieu Gallard, directeur d’étude chez Ipsos, comprend tout ça. Il tweete : « Le niveau global de la gauche ne dépend beaucoup moins de ses stratégies d’union ou de division que du contexte dans lequel se déroule l’élection (les enjeux de la campagne, l’image des candidats, les préoccupations des électeurs, etc.). » Une chose est sûre, le plus « mauvais » candidat de gauche à atteindre le second tour a été Jospin en 95. Il avait obtenu 23% des suffrages et avait par la suite perdu face à Chirac. Vous voilà bien avancés !

 

Loïc Le Clerc

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