Dissolution du média Nantes révoltée : « Le gouvernement teste les limites de la liberté de la presse »

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Le gouvernement, en la personne du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, va-t-il dissoudre un journal ? Qu’est-ce que cette nouvelle atteinte à la liberté de la presse dit de l’autoritarisme du pouvoir ? On en a causé avec un membre de Nantes révoltée.

Regards. Tout d’abord, pour ceux qui ne connaîtraient pas, qu’est-ce que c’est Nantes révoltée ?

Nantes révoltée est un média qui existe depuis 2012. On y traite de l’actualité sociale et politique nantaise, mais aussi nationale et internationale, tout ce qui se passe autour des luttes, de tout ce dont on ne parle pas assez dans les médias dominants. Nous avons plus de 300.000 abonnés sur les réseaux sociaux, nous sommes lus par plusieurs centaines de milliers de personnes chaque semaine.

 

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Fin janvier, Gérald Darmanin dit avoir lancé une procédure de dissolution à l’encontre de votre média, des suites d’une manifestation et à la demande d’élus LREM et LR. Comment avez-vous réagi en apprenant la nouvelle ?

Ça nous a fait rire, c’est grotesque. Darmanin ne sait visiblement pas qui nous sommes, ni même de quoi il parle. Il nous accuse de nous en prendre à la police, mais si dénoncer les violences policières, c’est s’en prendre à la police, ça veut dire qu’il va falloir dissoudre beaucoup de médias. Voilà, donc nous étions surpris, mais aussi inquiets.

Quelle est votre ligne de défense ? Et les suites à venir de cette affaire ?

Pour l’instant, il n’y a pas de procédure, aucun document attestant qu’une dissolution est en cours. Ce qui embête bien nos avocats car sans accusation, ils ne peuvent pas préparer notre défense. Donc on attend l’acte d’accusation – et on ose espérer que Darmanin n’ira pas jusqu’au bout.

« Si dénoncer les violences policières, c’est s’en prendre à la police, ça veut dire qu’il va falloir dissoudre beaucoup de médias. »

Le ministère de l’Intérieur considère Nantes révoltée comme un « groupement de fait d’ultra-gauche » – et non pas un média. Qu’est-ce que cela pose comme questions, notamment en termes de liberté de la presse ?

On ne commente pas les mots de ces individus – comment les qualifier, des malfaiteurs en bande organisée ? Nos ennemis parlent de « black block » pour parler de manifestants, d’« ultra-jaunes » pour évoquer les gilets jaunes. De toute façon, tout ce qui contredit le récit officiel, tous les médias qui ne relaient pas la parole préfectorale, ils ne sont pas dans leur camp. C’est tout. Ils sont en guerre. Si on contextualise, sous Macron, il y a eu de nombreuses attaques répétées contre la presse. Combien de journalistes blessés par les forces de l’ordre alors qu’ils couvraient une manifestation ? Combien de reporters en garde à vue ? Que dire de la loi Sécurité globale contre la liberté de la presse ? Avec Nantes révoltée, le gouvernement teste les limites en s’attaquant à un petit média. La France de 2022, c’est ça, un État autoritaire qui s’en prend à la liberté de la presse.

 

Propos recueillis par Loïc Le Clerc

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