Le réchauffement climatique est en train de détruire des pays. Pendant que la COP30 se termine, l’Iran se prépare à devoir évacuer d’urgence sa capitale.
On l’a à peine entendu : en pleine COP30, le président iranien, Massoud Pezeshkian a averti ses concitoyens : « Si les pluies ne reprennent pas d’ici le début du mois d’Azar [22 novembre], nous devrons rationner l’eau. Et si la situation persiste, il faudra peut-être évacuer Téhéran », la capitale économique, politique, administrative du pays, qui compte 14 millions d’habitants.
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Téhéran ne serait pas la première capitale à devoir déménager pour cause de pollution, de réchauffement climatique et de montée des eaux. En 2022, le gouvernement indonésien a décidé de déplacer sa capitale, Jakarta ayant épuisé sa nappe phréatique et s’enfonçant de 3cm par an. Le désastre culturel s’ajoute aux désastres économiques et écologiques: Jakarta est l’une des plus anciennes métropoles de cette partie du monde.
En Iran, c’est le sauve-qui-peut. Selon Le Monde, il a plu moins d’un millimètre cette année quand la moyenne est de 220 mm. L’Iran connait sa sixième année de sécheresse. Les principaux barrages du pays sont au plus bas, voire à sec : leur taux de remplissage n’excède pas 11%.
Selon les autorités, pour pouvoir tenir deux mois, il faudrait que les habitants baissent de 20% leur consommation. D’ores et déjà l’eau est coupée entre 23 heures et 9 heures à l’ouest de la capitale. Dans ce cataclysme, ceux qui le peuvent installent des réservoirs sur les toits en espérant le retour de la pluie. Le développement d’une agriculture qui absorbe 90% des ressources en eau du pays est mis en cause. Les tentatives de crever les nuages par projection de poussière d’iodure d’argent sont des actions désespérées. On sait que ces produits sont nocifs pour la faune aquatique. Le cycle infernal continue.
Ces situations de sécheresse se retrouvent dans tout le Moyen-Orient. Les pluies sont rares mais diluviennes, au Liban comme à Gaza. Dans l’enclave palestinienne, elles viennent inonder les tentes de fortunes et aggraver encore le désastre. Nulle part les infrastructures ne sont calibrées pour faire face à ce dérèglement climatique accéléré. Les égouts débordent et l’eau s’évacue sans alimenter les nappes phréatiques.
Les scientifiques le disent : 7 des 9 critères d’équilibre planétaire sont désormais dépassés. L’irréversibilité n’est pas encore là et on peut agir. À 3 jours de la fin de la COP30, l’optimisme parait déraisonnable. La mobilisation des gouvernements ne sera sans doute pas au rendez-vous. L' »aquoibonisme » progresse devant les nouvelles alarmantes et les déclarations climatoseptiques ont à nouveau une place à la tribune des Nations unis, Donald Trump en tête.
Le changement climatique va très vite et la transition doit s’accélérer, celle qui fait reculer les désastres et celle qui nous prépare aux temps nouveaux. Cela ne va pas assez vite mais elle est enclenchée. Les villes, les associations, les ONG et les citoyens agissent. Quelques États, quelques entreprises aussi. L’Europe hésite et est tentée par le recul. Est-ce bien raisonnable ?
Ce matin, notre cœur est avec les habitants de Téhéran, Gaza et Beyrouth. On a peur avec eux.