Faudra-t-il évacuer Téhéran ?

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La newsletter du 19 novembre 📨

par Catherine Tricot

Le réchauffement climatique est en train de détruire des pays. Pendant que la Cop30 se termine, l’Iran se prépare à devoir évacuer d’urgence sa capitale.

On l’a à peine entendu : en pleine COP 30, le président iranien, Massoud Pezeshkian a averti ses concitoyens : « Si les pluies ne reprennent pas d’ici le début du mois d’Azar [22 novembre], nous devrons rationner l’eau. Et si la situation persiste, il faudra peut-être évacuer Téhéran », la capitale économique, politique, administrative du pays, qui compte 14 millions d’habitants.

Téhéran ne serait pas la première capitale à devoir déménager pour cause de pollution, de réchauffement climatique et de montée des eaux. En 2022, le gouvernement indonésien a décidé de déplacer sa capitale, Jakarta ayant épuisé sa nappe phréatique et s’enfonçant de 3 cm par an. Le désastre culturel s’ajoute aux désastres économiques et écologiques: Jakarta est l’une des plus anciennes métropoles de cette partie du monde.

En Iran, c’est le sauve-qui-peut. Selon Le Monde, il a plu moins d’un millimètre cette année quand la moyenne est de 220 mm. L’Iran connait sa sixième année de sécheresse. Les principaux barrages du pays sont au plus bas, voire à sec : leur taux de remplissage n’excède pas 11 %.

Selon les autorités, pour pouvoir tenir 2 mois, il faudrait que les habitants baissent de 20 % leur consommation. D’ores et déjà l’eau est coupée entre 23 heures et 9 heures à l’ouest de la capitale. Dans ce cataclysme, ceux qui le peuvent installent des réservoirs sur les toits en espérant le retour de la pluie. Le développement d’une agriculture qui absorbe 90 % des ressources en eau du pays est mis en cause. Les tentatives de crever les nuages par projection de poussière d’iodure d’argent sont des actions désespérées. On sait que ces produits sont nocifs pour la faune aquatique. Le cycle infernal continue.

Ces situations de sécheresse se retrouvent dans tout le Moyen-Orient. Les pluies sont rares mais diluviennes, au Liban comme à Gaza. À Gaza, elles viennent inonder les tentes de fortunes et aggraver encore le désastre. Nulle part les infrastructures ne sont calibrées pour faire face à ce dérèglement climatique accéléré. Les égouts débordent et l’eau s’évacue sans alimenter les nappes phréatiques.

Les scientifiques le disent : 7 des 9 critères d’équilibre planétaire sont désormais dépassés. L’irréversibilité n’est pas encore là et on peut agir. À 3 jours de la fin de la Cop 30, l’optimisme parait déraisonnable. La mobilisation des gouvernements ne sera sans doute pas au rendez-vous. Le « aquoibonisme » progresse devant les nouvelles alarmantes et les déclarations climatoseptiques ont à nouveau une place à la tribune des Nations Unis, Trump en tête. 

Le changement climatique va très vite et la transition doit s’accélérer, celle qui fait reculer les désastres et celle qui nous prépare aux temps nouveaux. Cela ne va pas assez vite mais elle est enclenchée. Les villes, les associations, les ONG et les citoyens agissent. Quelques États, quelques entreprises aussi. L’Europe hésite et est tentée par le recul. Est-ce bien raisonnable ?

Ce matin, notre cœur est avec les habitants de Téhéran, Gaza et Beyrouth. On a peur avec eux.

Catherine Tricot

🔴 DÉBAT DU JOUR

Raphaël Glucksmann : toujours à la recherche d’un projet

Après des semaines de silence médiatique, Raphaël Glucksmann était invité sur LCI pour un exercice aussi étrange que périlleux, débattre à la fois avec un public soigneusement casté par la chaîne puis avec Éric Zemmour. Le candidat à la présidentielle s’est risqué à un numéro d’équilibriste dont il n’est pas certain qu’il sorte grandi. D’autant que son propre camp, Place publique, reconnaît que son programme est encore en construction. Pas idéal pour affronter un dispositif pensé pour pousser dans les retranchements. Des retraites à la Palestine, Glucksmann s’est appliqué à donner le sentiment d’une franchise tranquille, presque pédagogique. Mais difficile de savoir « sur quel pied il danse » : l’universalité de la retraite à 60 ans ? Il n’y croit pas. Le mot « génocide » ? Il refuse de le prononcer. Sur des sujets structurants comme le Mercosur, les néonicotinoïdes ou encore la justice des mineurs, le candidat argumente mais à savoir s’il convainc… et surtout s’il convainc à gauche, où ces prudences successives ressemblent davantage à des renoncements qu’à de la nuance. Rien n’est moins sûr.

P.P.-V.

ON VOUS RECOMMANDE…

Dans ces temps de quête d’identité, l’enquête radiophonique conduite par l’ancienne rédactrice en chef de La Croix, Isabelle de Gaulmyn, apporte quelques lumières sur ces catholiques pratiquants, de plus en plus soumis à la tentation radicale. 40% d’entre eux ont voté extrême droite en 2022. Plongée au cœur des pratiques et des convictions des catholiques traditionnalistes, toujours marqués par les effets de la Manif pour Tous.

C’EST CADEAU 🎁🎁🎁

En cette journée internationale des toilettes…

ÇA SE PASSE SUR REGARDS.FR

Le vote du budget continue — par tOad


TRIBUNE

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