Macron, chef de guerre sans peuple

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« Pour être libre dans ce monde, il faut être craint. Pour être craint, il faut être puissant. » Dans cette formule tranchante, le président de la République rend compte de sa vision du monde : il est devenu brutal et cynique. A-t-il entièrement raison ? Faut-il le devenir ? Là sont les graves questions que posent cette intervention.

Ce 13 juillet, à la veille de la fête nationale, Emmanuel Macron n’a pas seulement parlé aux militaires rassemblés dans la cour de l’hôtel de Brienne : il a parlé au pays entier. Et ce qu’il nous a dit est glaçant. Depuis son élection en 2017 – et surtout depuis 2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie –, Macron se veut chef de guerre. Il en a fait un costume pour surplomber les débats démocratiques, contourner la conflictualité sociale et éviter la confrontation politique. Il n’a pas fait campagne en 2022, il a gouverné par ordonnances et par 49.3 et, maintenant, il veut tenter le canon. Le temps n’est plus à la retenue : ce n’est plus celui de la diplomatie qu’il a démantelé, ni celui du droit comme boussole, mais la peur que notre puissance militaire doit inspirer.


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Alors que François Bayrou s’apprête à annoncer une réduction pénible de 40 milliards d’euros sur les dépenses publiques, Emmanuel Macron annonce, lui, un effort de 7 milliards d’euros supplémentaires pour les armées d’ici 2027. Tout est dit. L’argent public est là, mais il est réservé à l’industrie de l’armement et à la projection militaire. La France, a-t-il insisté, doit devenir un « pilier européen de l’Otan ». S’il reconnaît l’incertitude aggravée par l’administration américaine, il ne remet pas en cause l’organisation centrée sur son leadership. Il accepte l’injonction de Donald Trump d’un réarmement des pays européens et passe sous silence que ce réarmement sera sous contrôle et dans les usines américaines. Chacun sait désormais que, par leur technologie, les armes achetées outre-atlantique restent soumises à l’accord des États-Unis pour leur emploi. Y compris l’arme nucléaire anglaise. La souveraineté européenne n’est qu’un mot vide.

« Nous sommes à l’heure des périls. » Ce péril serait en vrac : Russie, cyberattaques, menaces terroristes, instabilités africaines, conflits asymétriques, espaces et fonds marins… Dans le discours présidentiel, tout se vaut, tout se confond, tout appelle la même réponse : la force et l’armement. Le chef de l’État militarise le discours politique lui-même. La guerre devient l’horizon politique, une condition de la liberté, une méthode de gouvernement.

Car derrière le ton martial, c’est une vision du monde qu’il impose, celle d’un monde d’affrontement perpétuel, où la paix serait un luxe naïf, une utopie irresponsable. Où seuls comptent les rapports de force, les rapports de peur. Ce n’est pas un cap diplomatique, c’est une stratégie de domination. Ce discours prépare les esprits au pire comme horizon, qui devrait désormais nous déterminer. À ce rythme, le prochain décret présidentiel sera une nouvelle réforme des retraites et de l’assurance chômage sous couvert de mobilisation générale.

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