Macron dit oui à Ménard, non à Binet et vive Darmanin !

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On l’attendait tous et, évidemment, il n’y aura pas de référendum. Le président n’en a pas les moyens, mais ce n’est pas la seule leçon de l’émission de trois heures, hier, sur TF1.

Sous un format inédit et intéressant, Emmanuel Macron a été confronté à des acteurs de la société, tous performants sur leur sujet, poussant le chef de l’État dans ses retranchements. On dépassait le mode « témoignage » du Français moyen, le caractère souvent verbeux des confrontations politiques convenues et le genre souvent trop complaisant des interviews journalistiques. Trois femmes de gauche ont crevé l’écran. La secrétaire de la CGT, Sophie Binet, s’est montrée bien au fait des dossiers, argumentant pied à pied autant sur la défense de l’emploi, la politique industrielle que la contestation de la réforme des retraites. Sans déférence, elle lui assenait ce que beaucoup pensent du président : « Vous avez raison seul contre tous ». L’arrogance ressentie depuis huit ans lui était renvoyée sans ménagement.


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Brièvement, en visio, la directrice d’Oxfam, Cécile Duflot lui rappelait aussi sa promesse : « Vous prétendiez être le président du travail, vous êtes celui des rentiers ».  Elle pointait la forte poussée des inégalités de salaire et de patrimoine. Enfin, en fin d’émission, Salomé Saqué, la journaliste de Blast, évoquait la très inquiétante progression des malaises et maladies mentales chez les jeunes, révélant des chiffres incroyables sur la progression de près de 50% des tentatives de suicide. Elle aussi revenait sur ces huit ans qui promettait de placer la santé mentale et la jeunesse au cœur de l’action publique. 

Emmanuel Macron voulait parler d’avenir, toute l’émission a tourné autour de son bilan. L’ultra-libérale Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, lui mettait sous le nez l’explosion de la dette publique ; le maire de Béziers, Robert Ménard, insistait lui sur la montée de l’insécurité en lien avec le trafic de drogue et la place des immigrés, proposant l’élargissement de la peine de prison de façon systématique. Le président a validé les constats voire les propositions de ces deux-là, arguant seulement qu’il avait essayé de faire.

Emmanuel Macron était tel qu’en lui-même : brillant et arrogant, convaincu de sa politique de l’offre quoi qu’il nous en coûte, autoritaire et militariste.

Sur les questions internationales, un médecin urgentiste revenant de Gaza a su faire passer l’urgence et l’angoisse qui étreint. Emmanuel Macron s’est refusé à reprendre le mot de génocide mais il n’a pas contesté l’ampleur de la tragédie et la nécessité d’agir contre le pouvoir de Netanyahou et en faveur d’une solution politique. Sur l’Ukraine, il n’y avait pas même ce niveau de perspective politique. Seule l’armement a été mis en avant.

Cette émission voulait relancer l’action du président. Il n’y a aucune raison qu’il en soit ainsi tant Emmanuel Macron était tel qu’en lui-même : brillant et arrogant, convaincu de sa politique de l’offre quoi qu’il nous en coûte, autoritaire et militariste. Il est apparu impuissant et solitaire.

Seul Gérald Darmanin a été cité et loué à plusieurs reprises. Il est assurément la carte politique que le président veut promouvoir : le ministre de l’intérieur (pardon, de la justice) est l’héritier fidèle et celui qui fait le pont avec la droite LR radicalisée – un possible candidat de rassemblement pour toutes les droites ? De fait, le projet d’Emmanuel Macron est de poursuivre ce qui n’a pas convaincu en le raffinant : TVA sociale en perspective, taille dans les dépenses sociales, regroupement de toutes les prestations en un seul versement (75% du smic maximum, Bruno Retailleau a déjà eu cette belle idée). On note aussi le raidissement sécuritaire : des constructions de prisons dérogeant aux normes, voire des locations de place hors de France, armer les polices municipales, développer la vidéo surveillance dans l’espace public, limiter les réseaux sociaux. 

Emmanuel Macron avait commencé disruptif et audacieux ; il termine ultra conservateur et dépassé. Même à 47 ans, la vieillesse est un naufrage.

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