LA LETTRE DU 23 AVRIL

La France de Macron, meilleure amie assumée des grands patrons
par Bernard Marx
Le ministre de l’économie fait la Une du dernier numéro de La Tribune Dimanche. Éric Lombard évoque notamment la « discussion de vieux couple » que le gouvernement entretient avec les chefs d’entreprises. Lunaire.
Ce dimanche 20 avril, La Tribune a interrogé le ministre de l’économie Éric Lombard sur les attaques de « grands patrons » comme Bernard Arnault (LVMH) ou Patrick Pouyanné (TotalEnergies) contre les prétendus excès de la fiscalité française et des réglementations européennes. S’agit-il d’un divorce entre les chefs d’entreprises et le gouvernement ? ont interrogé les journalistes de l’hebdomadaire, propriété de Rodolphe Saadé (autre chef d’entreprise milliardaire français dans le secteur très sensible du transport maritime). « Plutôt une discussion de vieux couple », a répondu Éric Lombard.
On préfère ne pas en savoir plus sur sa conception du couple en général et des vieux couples en particulier. Mais quelle parabole… improbable mais vraie !
Éric Lombard dit juste que cela fait des années que les gouvernements d’Emmanuel Macron (pour ne pas parler des précédents) travaillent à faire le ménage, à tenir la maison France et tous ses enfants pour répondre aux besoins de leurs conjoints chefs d’entreprises. Et dans une situation bouleversée et lourde de menaces, le gouvernement d’aujourd’hui fait et fera tout ce qui est possible pour répondre à leurs besoins et maintenir le couple.
Et le ministre d’aligner…
- Pour hier : « Le bilan du président de la République et des gouvernements successifs est incontestable : baisse de l’impôt sur les sociétés, flat taxe, maîtrise des charges… Au final, les prélèvements obligatoires étaient de 42,8% en 2024, soit un niveau inférieur à celui en vigueur au début du mandat de François Hollande. »
- Pour aujourd’hui : « Nous venons de décider de ne pas reconduire l’an prochain la surtaxe sur les grandes entreprises pourtant prévue pour deux ans. Si nous pouvons continuer à baisser les impôts de production, nous le ferons » ;
« J’entends ce que disent les patrons français qui aimeraient que ce soit plus rapide ».
- Pour l’UE : « L’objectif pour l’Europe, c’est de travailler à bâtir une zone de libre échange avec les États-Unis » (une demande prioritaire du conjoint Bernard Arnault … et de l’ami américain Elon Musk, ndlr) ;
« L’Union européenne accélère son agenda de simplification » (autre nom de la chasse aux réglementations, ndlr).
- Et, pour faire bonne mesure, le ministre « en appelle au patriotisme des chefs d’entreprises. Ils doivent travailler avec les États pour que cette bataille soit gagnée. »
Alors même que, par tropisme et par intérêt, force est de constater que ces vieux conjoints sont de plus en plus sensibles aux sirènes des « bâtards » du néolibéralisme. Mais le ministre laisse la chose soigneusement sous le tapis.
TRIBUNE DU JOUR
Lucie Castets veut une primaire des gauches

Dans Libération, l’ancienne candidate du NFP à Matignon appelle au rassemblement de la gauche et des écologistes le 2 juillet prochain. Pourquoi cette date ? Ce sera après le congrès du PS. Tous les partis seront en ordre de marche pour 2027. Elle avance 3 conditions : le programme sur lequel, dans l’urgence, toute la gauche s’était mise d’accord en juillet dernier ; l’ouverture de la gauche des partis au reste de la gauche, associative, syndicale, intellectuelle et militante ; et une procédure démocratique, par exemple une primaire dès après les municipales de 2026, pour aboutir à une candidature commune mais aussi un programme représentant l’ensemble des sensibilités (on notera une légère contradiction avec le premier point). Ce sont là les conditions qu’elle a identifiées pour faire renaître l’espoir. Un vœu pieu ? Sûrement. Mais Lucie Castets est dans son rôle, hors appartenance partisane, pour tenter de faire vivre ce collectif qu’est la gauche, aujourd’hui désuni, et dont elle a été, à l’été dernier, l’un des derniers points de convergence.
P.P.-V.
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Pertinent Patrick Cohen qui, dans son billet du jour sur France Inter, compare Bruno Retailleau à François Fillon… Avec une différence notable : le second chérissait l’Etat de droit quand le premier assume n’en avoir rien à faire. Une belle démonstration par l’éditorialiste politique de la dérive de la droite en quelques années seulement.
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